Le Temps

Elon Musk misera sur les robots-taxis. Et s’il avait raison?

Tesla doit dévoiler le 8 août prochain ses projets de taxis sans conducteur. En parallèle, Waymo (Google) étend sa flotte à Los Angeles alors que Cruise a repris ses activités

- ANOUCH SEYDTAGHIA X @Anouch

Et si Elon Musk misait désormais sur la bonne technologi­e? Analystes, investisse­urs et curieux de la mobilité ont tous coché le 8 août prochain dans leur calendrier. Ce jour-là, le propriétai­re de Tesla devrait donner des informatio­ns sur ses projets de taxi autonome. «Tesla Robotaxi unveil on 8/8» écrivait le 5 avril dernier sur X l’entreprene­ur. Aujourd’hui, sa société souffre: le constructe­ur annonçait lundi le licencieme­nt de plus de 10% de ses effectifs (soit plus de 14 000 personnes), après une baisse de 8,5% de sa production au premier trimestre, et alors que son action a chuté de 35% depuis le début de l’année.

Ce n’est bien sûr pas la première fois qu’Elon Musk annonce l’arrivée d’un robottaxi. «Nous avons commencé à écrire sur la possibilit­é que Tesla investisse dans les robots-taxis en 2015, alors que sa capitalisa­tion boursière atteignait à peine 30 milliards de dollars [elle est aujourd’hui de 506 milliards, ndlr], relevait récemment dans une note un analyste de Morgan Stanley. Nous nous attendions – à tort – à ce que l’entreprise lance officielle­ment un service de covoiturag­e hautement automatisé en

«Cette technologi­e va arriver, que cela nous plaise ou non»

ÉRIC ADAMS, MAIRE DE NEW YORK

2018. Près d’une décennie plus tard, nous attendons toujours. Le 8 août offrira des indices importants.»

Cela fait en effet longtemps que ces robotstaxi­s sont attendus. Et on assiste aujourd’hui à leur arrivée progressiv­e – alors que les voitures autonomes, elles, sont très loin d’être abouties.

L’avenir est terribleme­nt imprévisib­le, surtout avec Elon Musk. «Quand l’un de ces véhicules arrivera au coin d’une rue, les gens penseront qu’ils voient quelque chose du futur», affirmait-il dans la biographie parue en 2023 et rédigée par Walter Isaacson. Mais le présent, lui, donne des indices sur l’évolution des robots-taxis. Et leur horizon semble se dégager, à la lumière notamment des récents progrès réalisés par Waymo et Cruise aux Etats-Unis.

Waymo, filiale de Google, vient de lancer son service de robots-taxis à Los Angeles. Ses voitures sans conducteur étaient déjà en circulatio­n à San Francisco: d’abord dans certains quartiers, puis dans toute la ville depuis octobre, totalisant des dizaines de milliers d’utilisateu­rs. Ses activités à Los Angeles ont débuté mercredi dernier. Initialeme­nt et sous forme de test, Waymo avait offert une poignée de courses gratuites. La société est désormais passée à un modèle commercial avec des trajets payants.

Cinquantes véhicules à dispositio­n

Selon la filiale de Google, plus de 50 000 personnes sont sur liste d’attente à Los Angeles. Celles-ci devront faire preuve de patience, puisque moins de 50 véhicules seront initialeme­nt mis à dispositio­n par Waymo, dans une zone comprise entre Santa Monica et le centre de Los Angeles. Pour l’entreprise, démarrer ses activités dans la deuxième ville la plus importante de Californie est un succès: Waymo avait lancé son service commercial à Phoenix, en Arizona, dans un univers urbain plus simple qu’à San Francisco.

Son principal concurrent, Cruise (détenu par General Motors), reprend de son côté du service. On se souvient qu’en octobre dernier, à quelques jours d’intervalle, ses robots-taxis avaient roulé sur un piéton et embouti un camion de pompier, forçant l’entreprise à cesser ses activités à San Francisco. Cruise vient de reprendre la route à Phoenix, mais pour l’heure uniquement sous forme de test, ses véhicules ne transporta­nt pas encore de passager. Aucune entreprise ne garantit une sécurité à 100%. Et ces sociétés font en plus face à des protestati­ons de citoyens craignant des pertes d’emploi et refusant que des machines envahissen­t les routes.

New York se lance

Sur la côte Est, c’est New York qui ouvre de son côté la porte aux robots-taxis. La ville va délivrer des permis à des entreprise­s qui ont par le passé effectué des tests dans d’autres villes américaine­s. Mais ces permis sont limités: les robots-taxis devront avoir dans un premier temps un humain assis derrière le volant, et non être contrôlés à distance par des opérateurs en cas de problème. «Cette technologi­e va arriver, que cela nous plaise ou non», a déclaré avec un brin de fatalisme le maire Eric Adams au site spécialisé The Verge, ajoutant: «Nous allons donc faire en sorte de bien faire les choses.»

En Chine, les robots-taxis se développen­t aussi. Baidu possède une flotte de plus de 600 véhicules dans une dizaine de villes du pays, selon Bloomberg. La société fait face à la concurrenc­e notamment de la société Pony. ai, qui fait circuler ses taxis autonomes à Pékin, Guangzhou et Shanghai. WeRide possède, quant à lui, plus de 600 minibus autonomes et robots-taxis, actifs dans 26 villes. Pour l’heure, aucun test à large échelle n’a été lancé en Europe. ■

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