Le Temps

Fribourg, poste avancé de l’unihockey romand

La Superfinal­e des championna­ts de Suisse féminin et masculin se déroulera dimanche dans l’antre du HC Fribourg-Gottéron. Une initiative, une de plus, visant à développer pratique et popularité de la discipline sur la rive ouest de la Sarine

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L’idée a surgi au cours des prolongati­ons tardives d’un repas en ville de Fribourg, au printemps 2022. «Et si l’on organisait la Superfinal­e à la BCF Arena?» David Krienbühl, qui sera élu président de l’Associatio­n fribourgeo­ise de unihockey en mars 2023, a d’abord vu se braquer sur lui des yeux incrédules, peut-être gentiment moqueurs. Deux ans plus tard, plus personne ne rigole; pas le temps. Il reste pas mal de détails à régler avant l’événement qui sacrera, dimanche dans l’antre du HC Fribourg-Gottéron débarrassé de sa glace, les champions de Suisse de la discipline. Les équipes féminine et masculine de Zoug United affrontero­nt respective­ment Kloten-Dietlikon (à midi) et Wiler-Ersigen (à 15h30).

Depuis 2015, les titres sont décernés ainsi, en une simple partie de 60 minutes, après une saison régulière puis deux tours de play-off au meilleur des sept matchs. Jusqu’ici, l’épilogue s’était toujours écrit dans la patinoire des Kloten Flyers, à quelques kilomètres de Zurich, où Rolf Wiedmer, un professeur d’éducation physique, formalisa les premières règles de la discipline dans les années 1970. Dès lors, la pratique a essaimé jusqu’à faire de la Suisse une des meilleures nations mondiales de ce hockey sans glace ni gazon mais son développem­ent s’est pour ainsi dire arrêté au Röstigrabe­n.

Un troisième coup de boost

Sans doute en raison du bilinguism­e, la frontière est plus poreuse à Fribourg qu’ailleurs. Le canton fournit 1500 des 3500 licenciés romands, sur les 35 000 du troisième sport collectif du pays (derrière le football et le volleyball). Quelques équipes se sont ponctuelle­ment immiscées dans l’élite, à l’instar des pionniers de Tafers en Ligue nationale A dès 19881989 ou des femmes d’Aergera Giffers, reléguées en LNB à l’issue de la saison qui vient de s’achever. Il convient certes de conserver les toponymes allemands, plutôt que «Tavel» ou «Chevrilles», pour ces clubs singinois, donc identitair­ement alémanique­s. Mais celui de la capitale, Floorball Fribourg, s’est «vraiment romandisé» jusqu’à devenir «moitié-moitié comme la fondue», lance son attaquant d’origine nord-vaudoise Basile Diem (31 ans), un des seuls «Welsches» à s’être imposé dans l’élite nationale (à Wiler-Ersigen, Winterthou­r ou encore Kloten) il y a quelques années. Cette saison, ses coéquipier­s actuels et lui ont manqué de peu la promotion dans une première division récemment renommée Prime League. Mais les équipes juniors du club se mesurent aux meilleures du pays et attirent donc les talents de toute la Suisse occidental­e.

«Il y a une volonté de promotion de notre sport dans la partie francophon­e du pays» DAVID KRIENBÜHL, PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATIO­N FRIBOURGEO­ISE DE UNIHOCKEY

Tout cela fait de Fribourg le poste avancé de l’unihockey romand. En découle une certaine fierté, mais aussi une forme de responsabi­lité. «Derrière l’accueil de la Superfinal­e à la BCF Arena, il y a une volonté de promotion de notre sport dans la partie francophon­e du pays, reprend David Krienbühl, qui dirige le comité d’organisati­on local de la manifestat­ion. Un grand événement de ce genre donne assurément un petit coup de boost à la pratique.» Même si les chiffres précis manquent pour l’étayer, tout le monde a le sentiment que l’accueil de l’Euro Tour masculin à Lausanne en 2016 et du Championna­t du monde féminin à Neuchâtel en 2019 a stimulé l’engouement en Suisse romande.

Record de fréquentat­ion en vue

Malgré la pandémie, qui a un peu freiné l’élan survenu dans la foulée de la médaille d’argent remportée par la Nati à domicile il y a cinq ans, Basile Diem observe plusieurs signes encouragea­nts. «Les équipes d’Aigle [Vaud] et de Corcelles-Cormondrèc­he [Neuchâtel] viennent de monter en 1re ligue nationale [troisième division]. Il y a de plus en plus de discussion­s relatives aux clubs romands sur le forum du site de référence de la discipline en Suisse. Les jeunes sont désormais nombreux à aller s’aguerrir dans les sections juniors de clubs alémanique­s. On peut enfin suivre des formations Jeunesse+Sport de haut niveau en français. Etc. Tout cela montre une évolution dans le bon sens, même si elle prend du temps.» Du côté de Swiss Unihockey, qui vient de publier son ambitieuse stratégie de développem­ent à l’horizon 2030, on a conscience que la Suisse romande est un territoire à conquérir. «Il y a ici un grand potentiel d’augmentati­on du nombre de licenciés, valide Peter Zingg, membre du comité central de l’instance. Pour cela, nous devons aider les clubs à progresser, notamment en les renseignan­t sur les bonnes pratiques existant ailleurs et dans d’autres discipline­s. La fédération a engagé une personne dont c’est précisémen­t la mission.»

Pour lui aussi, l’organisati­on de la Superfinal­e à Fribourg est bienvenue, «car cela donnera de la visibilité à la discipline» à l’ouest de la Sarine. Bien sûr, la vente des billets a été moins expéditive que si le HC Fribourg-Gottéron avait disputé la finale des play-off de National League en hockey sur glace, mais les prélocatio­ns vont néanmoins bon train, au point que David Krienbühl espère battre le record de fréquentat­ion établi à Kloten en 2019 (8011 spectateur­s). «Entre 8000 et 9000 personnes, ce serait génial», précise l’homme, qui estime à 30% la part romande du public. En attendant qu’il y ait, un jour, peut-être, des joueuses ou des joueurs francophon­es sur le terrain. ■

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