Le Temps

L’OCL célèbre la musique, la gloire et la beauté

L’Orchestre de Chambre de Lausanne dévoile sa nouvelle saison, 2024-2025, pleine d’élan et de générosité. Coup de projecteur sur les réjouissan­ces à venir

- JULIETTE DE BANES GARDONNE @JuliettedB­g

XLa beauté est une aptitude à nous donner du plaisir, écrivait en substance Stendhal dans son essai De l’amour. L’Orchestre de Chambre de Lausanne (OCL), frappé du syndrome qui l’accompagne, offrait hier dans la salle Paderewski un aperçu enthousias­mant de cette programmat­ion à venir intitulée «Place à la beauté».

Renaud Capuçon directeur artistique de l’OCL depuis quatre ans, poursuit ainsi la mission quasi messianiqu­e qu’il s’est fixée: décloisonn­er le classique, l’ouvrir à des publics empêchés, partager toujours plus la musique et faire rayonner la phalange lausannois­e sur le plan internatio­nal.

L’organisati­on de la saison reste pratiqueme­nt inchangée (dix grands concerts, une belle série des Dominicale­s, les concerts découverte­s pour la jeunesse et les entractes, six concerts de musique de chambre donnés par les solistes de l’orchestre.) Deux concerts exceptionn­els viennent augmenter la propositio­n notamment la Big Nightmare Music une propositio­n du duo comique Igudesman & Joo, se jouant des codes parfois poussiéreu­x du récital.

Compositri­ce iranienne à découvrir

Dans cette foisonnant­e programmat­ion, voici d’ores et déjà quelques événements qui retiennent toute notre attention. En novembre Simone Young, la précédente cheffe invitée de l’OCL reviendra au pupitre pour diriger la Symphonie de chambre no 1 de Schönberg, le Concerto pour clarinette d’Aaron Copland et la Symphonie no 41 de Mozart dite «Jupiter». Assez rarement donnée en concert, cette symphonie d’Arnold Schönberg est une oeuvre charnière dans la production du compositeu­r autrichien. Faisant voler en éclats la forme symphoniqu­e traditionn­elle, elle fut perçue à sa création comme le reflet d’une société décadente.

La cheffe d’orchestre et soprano Barbara Hannigan, principale cheffe invitée de la saison 2024-2025, proposera en mars un programme dont elle seule a le secret avec notamment le Concerto en mi bémol Dumbarton Oaks de Stravinsky, un Divertimen­to de Béla Bartok et la création Suisse de la compositri­ce iranienne Golfam Khayam Je ne suis pas une fable à conter. Composée à partir d’un poème d’Ahmad Chamdou, l’oeuvre avait été créée en avril 2023 à Paris par le Philharmon­ique de Radio France et la cheffe soprano. Le texte en français et en farsi a été traduit par Mathieu Amalric et Marjane Satrapi. Au mois de juin, l’OCL fera résonner l’un des plus grands chefs-d’oeuvre de l’histoire de la musique: la Symphonie no 5 de Beethoven. «C’est ainsi que le Destin frappe à la porte», dira Beethoven en commentant les quatre mesures introducti­ves de cette partition.

Martha Argerich de retour pour la troisième fois

Parmi les prestigieu­x invités de la saison, on retrouvera pour la troisième année consécutiv­e la grande dame du piano Martha Argerich, scellant ainsi son rapport privilégié avec l’OCL. Yo-Yo Ma, star du violoncell­e qui s’illustre depuis 2018 en interpréta­nt les Suites de Bach dans la rue à travers le monde, sera présent en janvier 2025 pour interpréte­r le Concerto pour violoncell­e de Robert Schumann. L’immense pianiste Sir Andras Schiff dirigera depuis le clavier deux concerts en octobre avec au programme Bach, Schubert et Mozart.

Forte de son succès, la série «découverte­s» pour les enfants augmente la cadence de ses bébés concerts, pris d’assaut dès l’ouverture de la billetteri­e. Seize représenta­tions pour découvrir Casse-Noisette seront donnés au mois de décembre. Une création Hip-hop orchestra avec le beatboxeur Tom Thum enflammera la salle Métropole en janvier 2025. L’OCL maintient également son système de concerts suspendus, à la manière des cafés en Italie, qui permet d’offrir une place de concert à 15 francs, redistribu­ée par la suite aux associatio­ns partenaire­s de l’orchestre. ■

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