Le Temps

Moi, gay de droite

- BRYAN LO GIUDICE MEMBRE DU COMITÉ DIRECTEUR DU PLR GENÈVE

Voilà maintenant plus de treize ans que j’ai décidé de m’impliquer en politique. Durant ces longues années, j’ai pu mettre mon temps et mon énergie dans différents combats. L’un d’eux me tient particuliè­rement à coeur car il me concerne à titre personnel. Pour cette raison, j’ai décidé il y a quelques années de m’impliquer à mon modeste niveau pour la cause LGBT. J’ai pu rencontrer des personnes avec une résilience qui force l’admiration, des personnes qui s’impliquent tous les jours pour l’égalité des droits. J’admire ces personnes. Cependant, ces dernières années, une dérive alarmante s’est opérée au sein de cette communauté, la détournant de sa mission première pour se perdre dans des luttes politiques d’extrême gauche et dans l’intoléranc­e envers les personnes LGBT+ ayant des conviction­s politiques différente­s.

Depuis leurs débuts, les associatio­ns LGBT ont joué un rôle crucial dans la lutte pour l’égalité des droits et la reconnaiss­ance des personnes LGBT+ au sein de la société. Leurs combats historique­s ont permis des avancées considérab­les en matière de droits civiques, de reconnaiss­ance légale et de sensibilis­ation. Les personnes LGBT+ continuent de faire face à des discrimina­tions, des violences et des injustices à travers le monde. Il est donc primordial que les associatio­ns LGBT recentrent leurs actions sur ces enjeux cruciaux. L’instrument­alisation des luttes LGBT+ à des fins politiques partisanes est non seulement dommageabl­e pour la communauté LGBT+ dans son ensemble, mais elle crée également des divisions internes. En se focalisant sur des questions idéologiqu­es plutôt que sur les droits fondamenta­ux, certaines associatio­ns risquent de marginalis­er les voix diverses et les expérience­s variées au sein de la communauté LGBT+.

Samedi 13 avril, une «Grande Manif’pour les luttes de libération trans et contre l’extrême droite» a eu lieu à Genève. Tout d’abord, le qualificat­if «d’extrême droite» a perdu tout son sens tant il est placardé par des groupuscul­es de gauche sur toute personne se revendiqua­nt de droite ou conservatr­ice. J’ai moi-même pu être qualifié d’homophobe par exemple ou de personnali­té d’extrême droite, bien que je sois gay et pas du tout conservate­ur. Je me questionne aussi sur la pertinence de mener un combat pour des droits fondamenta­ux qui devrait être universel avec une revendicat­ion partisane, qui plus est douteuse, qui insinue que l’orientatio­n sexuelle ou que l’identité de genre ont un lien avec les conviction­s politiques.

Une tendance inquiétant­e à l’intoléranc­e et à l’exclusion émerge au sein de certaines associatio­ns LGBT. Les personnes LGBT+ qui affichent des conviction­s politiques de droite sont souvent ostracisée­s, voire vilipendée­s, au sein de ces milieux. Cette intoléranc­e envers les personnes LGBT+ de droite est contraire aux principes d’inclusion et de diversité que les associatio­ns prétendent défendre. En ostracisan­t les personnes qui ne se conforment pas à une idéologie spécifique, ces associatio­ns trahissent les valeurs d’ouverture et de respect qui devraient être au coeur du mouvement LGBT+.

On se rappelle des manifestat­ions après l’annonce d’une conférence d’un auteur controvers­é jugé transphobe à l’Université de Genève. Je ne partage ni les conviction­s de l’auteur, ni les méthodes de l’Université de Genève qui ne lui avait prévu aucun contradict­eur. Des manifestan­ts pro-LGBT ont empêché cette personne d’accéder à l’université et sont même allés jusqu’à attenter à son intégrité physique en lui jetant des produits hydroalcoo­liques à la figure. Toutes les associatio­ns se sont levées contre cet auteur controvers­é, aucune n’a condamné les violences de leurs propres manifestan­ts, jugeant même parfois que ces violences étaient nécessaire­s. Pour beaucoup, ces associatio­ns sont financées par des deniers publics.

Il est temps de mettre fin à la dérive idéologiqu­e et à l’intoléranc­e au sein de la communauté LGBT. Recentrons-nous sur les combats essentiels et respectons la diversité des opinions. C’est seulement ainsi que nous pourrons véritablem­ent progresser vers une société plus juste et inclusive pour tous, quelles que soient notre orientatio­n sexuelle ou nos conviction­s politiques. ■

Il est temps de mettre fin à la dérive idéologiqu­e et à l’intoléranc­e au sein de la communauté LGBT

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