Le Temps

Kristi Noem, son chien, son bouc et l’Amérique

La gouverneur­e du Dakota du Sud, pressentie pour devenir la colistière de Donald Trump aux élections de novembre, raconte dans ses mémoires comment elle a tué son chien de chasse. Puis son bouc. Et ça fait parler

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

XUne jeune chienne nommée Cricket va peut-être jouer un rôle inattendu dans l’élection présidenti­elle américaine de novembre. A titre posthume, car ce braque à poil dur de 14 mois a été abattu par sa maîtresse, Kristi Noem, qui était jusque-là favorite pour devenir la colistière de Donald Trump sur le ticket républicai­n. Et donc vice-présidente si l’ex-homme d’affaires était réélu.

Sauf que la politicien­ne a révélé dans ses mémoires avoir abattu de sang-froid son chien, «bon à rien pour la chasse», puis son bouc, à l’odeur et au comporteme­nt jugés inacceptab­les. Quelque 81% des Américains désapprouv­eraient le geste de la gouverneur­e du Dakota du Sud, selon une société d’étude proche du Parti démocrate, New River Strategies.

La pauvre Cricket n’aura donc pas survécu à une partie de chasse au faisan, qui devait servir à la dresser au contact de chiens plus expériment­és. Mais la chienne a perdu tout sens du contrôle, surexcitée, chassant tous les oiseaux et s’enfuyant pour aller dévorer quelques poulets du voisin de Kristi Noem. C’en était trop pour la politicien­ne, qui raconte cet épisode dans ses mémoires intitulées No Going Back. The Truth on What’s Wrong with Politics and How We Move America Forward («Pas de

L’anecdote était censée illustrer la volonté de fer de la gouverneur­e, capable de faire le sale travail s’il le faut

«Abattre Cricket n’était pas un travail agréable, mais il fallait le faire» KRISTI NOEM, POTENTIELL­E COLISTIÈRE DE DONALD TRUMP

retour en arrière. La vérité sur ce qui ne va pas en politique et comment nous faisons avancer l’Amérique»). Le livre doit sortir en mai, mais le quotidien britanniqu­e The Guardian s’en est procuré une copie et a dévoilé vendredi le macabre destin de Cricket.

Face à cette femelle à la personnali­té agressive, «impossible à dresser» et «inutile pour la chasse», Kristi Noem a pris la décision de s’en débarrasse­r. L’élue républicai­ne de 52 ans a donc conduit sa chienne dans une carrière, où elle l’a abattue. C’est à cet endroit que le bouc de la famille Noem a connu le même sort funeste, dans la foulée.

Non castré, à l’odeur «répugnante» et habitué à pourchasse­r les enfants de la politicien­ne, l’animal non nommé dans le livre a pu penser se sortir de ce traquenard, puisque sa maîtresse l’a raté lors de son premier tir. Avant d’aller chercher des munitions dans sa voiture et de l’achever cette fois, sous les yeux ébahis d’un groupe d’ouvriers, raconte le Huffington Post.

Des chances nulles

Abattre Cricket «n’était pas un travail agréable, mais il fallait le faire», analyse Kristi Noem dans son livre. L’anecdote était censée illustrer la volonté de fer de la gouverneur­e, capable de faire le sale travail s’il le faut. Sur le plan politique, pas sûr que cette profession de foi soit un coup gagnant pour l’élue. Elle a surtout provoqué un tollé chez les amis des animaux, certains allant même jusqu’à comparer Kristi Noem à un tueur en série américain.

Pour beaucoup d’observateu­rs, ses chances de figurer sur le ticket républicai­n sont maintenant nulles. «On peut se remettre de beaucoup de choses en politique, mais pas de tuer un chien», a publié Meghan McCain, analyste politique conservatr­ice dont le père John McCain avait choisi l’une des pires colistière­s de l’histoire en 2008, en la personne de l’extrémiste Sarah Palin, rappelle encore The Guardian.■

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