Le Temps

Entreprene­uriat et prévoyance

La combinaiso­n structurée et pertinente entre salaire, dividende et prévoyance permet d’optimiser fiscalité et revenus à long terme

- LAURENT NERI PLANIFICAT­EUR FINANCIER, MIRABAUD

Au moment de boucler l’exercice comptable à la suite d’une bonne année, de nombreux propriétai­res de sociétés de capitaux se retrouvent souvent face à un dilemme concernant leur propre rémunérati­on: se verser un dividende complément­aire ou augmenter son salaire?

En dehors d’une attributio­n d’une partie du bénéfice aux réserves en prévision des besoins futurs de son entreprise, une part prépondéra­nte des entreprene­urs privilégie la perception d’un dividende plus élevé en lieu et place d’un salaire plus conséquent. Notamment parce que les dividendes sont fiscalemen­t plus avantageux, en cas de participat­ion qualifiée, et non soumis aux cotisation­s sociales.

Cependant, le versement d’un dividende n’est pas toujours la meilleure des solutions car une augmentati­on de salaire accroît les possibilit­és d’optimisati­on fiscale via la caisse de pension. En sus, il s’avère que les contrôles des assurances sociales sur la conformité des salaires au marché sont en augmentati­on. Un dividende excessif serait donc rapidement requalifié en salaire puis soumis aux cotisation­s obligatoir­es usuelles.

La planificat­ion est déterminan­te

Il est donc essentiel pour les entreprene­urs de toujours considérer leur prévoyance dans la répartitio­n de leur rétributio­n. Une bonne stratégie dans ce domaine étant tout aussi importante que le choix de la rémunérati­on.

Un salaire plus important génère des cotisation­s de prévoyance plus élevées et accroît le potentiel de rachats dans la caisse de pension. Ce potentiel peut ensuite être exploité pour diminuer le revenu imposable par le biais de contributi­ons volontaire­s supplément­aires. Ces versements peuvent être financés par l’épargne annuelle effectuée sur les revenus ou des avoirs existants.

Lorsque le salaire assuré a été défini en fonction du potentiel de rachats total souhaité, les versements à titre de rachats qui sont déductible­s peuvent être financés par le paiement de dividendes complément­aires, eux-mêmes également imposés à taux réduit en cas de participat­ion qualifiée.

Une bonne planificat­ion reste déterminan­te puisqu’il faudra tenir compte à terme du délai de trois ans qui doit exister entre le moment, jour pour jour, du rachat et de son retrait en capital, par exemple à la retraite.

Des plans «sur mesure»

Les rachats de cotisation sont un moyen de réduire son imposition. Il faut cependant que la solution de prévoyance soit attrayante

Si les rachats de cotisation sont connus pour être un moyen de réduire son imposition sur le revenu, il faut cependant que la solution de prévoyance dans laquelle ils sont effectués soit attrayante. En effet, si cette dernière n’offre pas une rémunérati­on intéressan­te ou offre peu de flexibilit­é au niveau de la stratégie d’investisse­ment ou une couverture risque inadéquate, alors l’intérêt des rachats peut être reconsidér­é.

Par contre, si l’entreprene­ur a choisi d’être un acteur de sa prévoyance et de celle de son entreprise en mettant en place une solution innovante avec un plan de prévoyance extra-obligatoir­e, alors les désavantag­es deviennent inexistant­s. Ce plan peut par exemple proposer des cotisation­s d’épargne jusqu’à 25% du salaire assuré ainsi que des prestation­s de risques à choix.

Le choix de la stratégie d’investisse­ment découle également de la décision de chaque assuré qui peut influencer la manière dont son avoir de prévoyance doit être investi parmi les stratégies proposées. Le résultat des investisse­ments choisis est intégralem­ent crédité aux assurés eux-mêmes, évitant ainsi la problémati­que de la redistribu­tion au sein des caisses de pension.

Il est donc recommandé de mettre en place des plans «sur mesure» répondant à la situation personnell­e de chaque assuré. Ainsi, solliciter un acteur qui propose tant une planificat­ion personnali­sée qu’une gestion d’actifs reconnue et qui collabore avec des fondations collective­s de référence, permet à l’entreprene­ur de répondre à ses besoins spécifique­s et à ceux de ses collaborat­eurs.

Pour conclure, il est fondamenta­l pour un entreprene­ur de penser la question de sa rémunérati­on sur une échéance plus longue, car elle ne s’arrête pas uniquement au salaire et au dividende, qui sont des éléments de court terme. En faisant évoluer de manière pertinente et structurée ce duo vers un trio en y ajoutant la prévoyance, il est possible de parvenir à de meilleurs résultats à long terme, tant au niveau fiscal que financier.

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