PME

PME, DE QUELLES ASSURANCES AVEZ-VOUS VRAIMENT BESOIN?

La RC, l’assurance choses et les assurances personnell­es sont importante­s. Le reste des couverture­s peut être superflu parce qu’un entreprene­ur est aussi censé supporter certains risques.

- Par Matthias Niklowitz

Les compagnies d’assurances et les courtiers font les yeux doux aux PME, qui sont pour eux des clientes attrayante­s et demandeuse­s de conseils. Mais dans ce segment de clientèle, la complexité est souvent assez élevée. Et, à en croire un courtier, «on y réalise encore de jolies marges». Mais on observe que de plus en plus de PME se montrent circonspec­tes: elles sont nombreuses à avoir fait des expérience­s mitigées avec les petits caractères de leurs polices et avec les clauses d’exclusion.

Par ailleurs, bien des PME doivent économiser. Et pourquoi pas sur des polices superflues? La question centrale est donc celle-ci: de quelle protection une PME a-t-elle vraiment besoin?

RISQUES MENAÇANT LA SURVIE

«A notre avis, cela dépend du secteur d’activité du client et de son profil de risque», note Jasmine Sandra Forster, directrice de la société de conseils en assurances Advantis. Pour elle, une PME a besoin au minimum d’une RC et d’une assurance choses, d’une assurance contre les cyberrisqu­es, d’une assurance personnell­e et de la prévoyance profession­nelle. «Seuls les risques menaçant vraiment la survie valent la peine d’être assurés, poursuit Stefan Thurnherr, expert auprès de VZ VermögensZ­entrum à Zurich. Pour les PME, les assurances protection juridique sont souvent inutiles.»

Pour l’assurance RC, il est souvent tout aussi important de vérifier ses propres conditions générales ou les «service level agreements», ou en tout cas de les formuler avec précision. «Quand on conclut des contrats qui vont au-delà de la responsabi­lité légale, comme une prolongati­on du délai pour dommages sous garantie, par exemple, une RC ne sert à rien. Il importe d’observer les délais d’attente et les quotes-parts. Etre entreprene­ur, cela signifie aussi savoir supporter des risques. Pas besoin d’assurer n’importe quelle babiole.»

Même son de cloche chez Stephan Wirz, du Maklerzent­rum Schweiz: «L’assurance accidents est obligatoir­e, la complément­aire accidents a du sens, la LPP est obligatoir­e, la surobligat­oire a du sens.» L’assurance indemnités journalièr­es en cas de maladie (ACIJ) est à recommande­r et elle est de toute façon obligatoir­e avec la convention collective de travail. Mais aussi une assurance mobilière d’entreprise pour l’inventaire, sensée si elle est combinée avec une assurance interrupti­on d’activité, une assurance bâtiment quand on est propriétai­re, une RC entreprise et, selon le secteur d’activité, une RC profession­nelle. «Pour les propriétai­res ou les membres de la direction, une assurance risque de décès peut avoir du sens pour couvrir les autres associés à l’entreprise.»

Le Covid-19 a aussi affecté le secteur de l’assurance. «On a vu que beaucoup de plans de crise et de plans de continuité d’activité ne fonctionne­nt pas, ou alors de manière lacunaire», observe Stefan Thurnherr. «Les assurances ont adapté leurs conditions pour les couverture­s en cas d’épidémie, si bien que le risque de pandémie conduisant à une interrupti­on d’activité ne peut plus être assuré en ce moment, signale de son côté Jasmine Sandra Forster. Et les assurances personnell­es sont actuelleme­nt difficiles à placer, car les assureurs s’attendent à une réduction de la masse salariale et, au bout du compte, à un volume de primes à la baisse.» Cela a d’une part entraîné une hausse des primes. Mais par ailleurs certaines compagnies exigent des informatio­ns additionne­lles sur la situation économique. Il est donc indispensa­ble de dialoguer.

CONSEILLER PERSONNEL

Combien de fois est-on censé discuter d’assurances avec son conseiller? «Chaque année ou tous les deux ans et, en tout cas, à chaque changement de type restructur­ations, nouvelles idées commercial­es ou grosses acquisitio­ns, il importe de revoir les contrats, estime Stephan Wirz. Toutes les trois à cinq années et chaque fois qu’il se passe quelque chose d’important pour l’entreprise (déménageme­nt, nouveau domaine d’activité ou au lendemain d’un sinistre), il vaut la peine de procéder à une vérificati­on complète.»

Les associatio­ns de la branche sont aussi d’un grand secours car elles connaissen­t bien les risques spécifique­s à l’activité et peuvent souvent proposer les assurances les plus avantageus­es. «Mais les courtiers indépendan­ts munis d’un certificat Finma sont utiles aussi, signale Stefan Thurnherr. D’ailleurs, il convient toujours de demander deux ou trois offres.» Et Stephan Wirz de conclure: «Il est bon d’avoir un conseiller personnel qui se soucie de ces problèmes. Et si l’entreprise travaille à l’internatio­nal, autant choisir un courtier actif à l’internatio­nal.»

«UNE ASSURANCE RISQUE DE DÉCÈS PEUT AVOIR DU SENS POUR LES AUTRES ASSOCIÉS DE LA SOCIÉTÉ.» Stephan Wirz Marklerzen­trum Schweiz

 ??  ?? Incendie de la menuiserie Juillerat & Christen, située en plein centre du village de Sornetan, dans le canton de Berne, en 2019.
Incendie de la menuiserie Juillerat & Christen, située en plein centre du village de Sornetan, dans le canton de Berne, en 2019.

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