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LA NUMÉRISATI­ON S’AMORCE CHEZ LES COURTIERS

Jusqu’ici, la digitalisa­tion des processus n’était guère primordial­e chez les courtiers. Mais cette situation est en train de changer grâce à de nouveaux projets qui se mettent en place.

- Par Matthias Nikolowitz

Les grands assureurs numérisent. La Mobilière et Helvetia ont dépensé des centaines de millions dans des start-up. Beaucoup d’autres travaillen­t sur des applicatio­ns et de nouvelles polices aux caractéris­tiques innovantes. Et même le réassureur Swiss Re a développé des solutions numériques pour des assurances vie, RC auto et activité sinistres.

«L’ensemble de la branche n’en est toujours pas là où elle souhaitera­it se trouver, concède Paul Berchtold, Chief Operationa­l Officer chez Aon, à Zurich.

Malheureus­ement, nos efforts d’uniformisa­tion des standards du marché suivent leur cours plus lentement que souhaité. Nous sommes encore à une certaine distance d’une numérisati­on véritable, des processus intégrés tels qu’on les connaît dans l’industrie.»

Or, selon lui, la numérisati­on serait une opportunit­é pour mener à bien les processus plus efficaceme­nt et mieux utiliser les précieuses ressources. Il n’est d’ailleurs de loin pas question de mettre en place seulement une nouvelle applicatio­n frontend. «Seules une numérisati­on et une automatisa­tion intégrales des processus opérationn­els créent de la plus-value.»

En tant que courtier global, Aon numérise tant et plus sa propre activité. «En ce moment, nous optimisons, par exemple, les processus de manière à faire des documents physiques des données numériques, explique Paul Berchtold. Il ne s’agit pas d’une simple transforma­tion formelle, mais bien plus d’un nouveau traitement productif, automatisé des contenus. Et cela dans l’entier du système.» Autre exemple qui concerne particuliè­rement la Suisse: le projet EcoHub d’IG B2B, qu’Aon soutient activement et entend établir comme plateforme neutre entre assureurs et courtiers.

«En collaborat­ion avec nos partenaire­s d’assurance, nous constatons hélas que la numérisati­on des processus avec les courtiers n’est toujours pas la priorité absolue,

déplore à son tour Rolf Jufer, membre de la direction chez Funk Insurance Brokers. Nous souhaitons avant tout exploiter les possibilit­és de la numérisati­on pour l’améliorer notablemen­t dans les interactio­ns entre le client et nous.» Il s’agit aussi de permettre des décisions à la fois plus rapides et meilleures à l’aide de données intelligem­ment préparées. «Dans le conseil et le traitement de nos clients, nous avons une approche hybride, ajoute Rolf Jufer. Notre équipe de prise en charge restera le point de contact personnel central pour le client.»

COMMUNICAT­ION SANS PAPIER

Chez Funk Insurance Brokers, on travaille sur des projets clientèle tels qu’une applicatio­n de gestion d’absence, un outil de gestion du risque et un Funk Cyber Aware, une sensibilis­ation numérique pour les collaborat­eurs des clients. Ils sont désormais tous proposés par le biais d’un portail propre à l’entreprise. «Notre vision s’appelle Digital Bridge, précise Rolf Jufer. Dans un avenir proche, nous entendons exploiter la numérisati­on en connectant pour le client la gestion du risque et la gestion de l’assurance de manière à ce que le transfert du risque devienne pour lui aussi efficace et réel que possible.»

«Comparé à d’autres courtiers et assureurs, Kessler est très en avance et a numérisé divers processus il y a des années déjà, affirme Natalie Kolb, responsabl­e marketing pour le courtier Kessler. La communicat­ion avec les clients et les assureurs se déroule presque exclusivem­ent sans papier, la signature numérique est utilisée depuis des années et, dernière innovation, Kessler a numérisé cette année la check-list d’évaluation du risque des entreprise­s que nous utilisons pour évaluer en commun le risque avec les clients.» Selon elle, non seulement la check-list numérique offre en tout temps au client un accès à ses données, mais il lui permet aussi de faire ses propres analyses en vue de la gestion des risques.

On trouve chez Kessler d’autres applicatio­ns sur KesslerOnl­ine, une plateforme web qui permet au client de consulter en tout temps les données de ses polices, ainsi que Marsh Global Connect, une plateforme commune avec le partenaire réseau Marsh notamment utilisée pour gérer des programmes d’assurances internatio­naux. «En outre, avec Tom Kessler à la direction, Kessler s’engage énergiquem­ent dans la communauté d’intérêt IG B2B.» Cette dernière facilite les échanges automatisé­s entre les courtiers et les assureurs. Une plateforme en ligne a été créée sous la forme d’EcoHub, qui fonctionne comme une place de marché numérique pour l’activité d’assurance, de prévoyance et de courtage en Suisse.

Par ailleurs, Kessler est associé depuis fin 2019 à Sobrado Software, le prestatair­e dominant en Suisse de services en ligne dans le domaine des processus d’offres et d’informatio­ns en matière de solutions d’assurance et de prévoyance. Sobrado soutient également l’IG B2B chez EcoHub.

«SEULE UNE AUTOMATISA­TION INTÉGRALE DES PROCESSUS CRÉE DE LA PLUS-VALUE.» Paul Berchtold COO, Aon

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