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BIM, OU QUAND LES DONNÉES S’INVITENT SUR LES CHANTIERS

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Créer un modèle 3D intégrant l’ensemble des données géométriqu­es, techniques, financière­s et énergétiqu­es d’un bâtiment. Voilà le principe de la méthode BIM (building informatio­n modeling), que l’on peut traduire par «modélisati­on des données du bâtiment». A la croisée de l’architectu­re, de l’ingénierie et de la constructi­on, ce processus de travail collaborat­if permet d’anticiper de nombreux problèmes au moment de la mise en place d’un nouveau chantier, mais aussi de diminuer les frais futurs.

«La constructi­on représente en moyenne 20% des coûts dans le cycle de vie d’un ouvrage, les 80% restants relevant de l’exploitati­on, expliquent Steeve Blanche et Antoine Leblond, fondateurs d’ABLE BIM Services, un bureau genevois spécialisé dans le BIM. Disposer d’un jumeau numérique permet à la fois de garantir une manière de construire correcteme­nt et de disposer de données pertinente­s pour planifier les rénovation­s nécessaire­s au cours des décennies suivantes.»

La méthodolog­ie BIM s’avère particuliè­rement utile lors de la conception d’un nouvel ouvrage, les plans utilisés par les différents corps de métier étant directemen­t tirés d’un seul et même modèle numérique. Elle peut cependant aussi s’appliquer à du bâti ancien, qui est alors scanné à l’aide de différents outils. Longtemps à la traîne en Suisse, le concept suscite toujours plus l’intérêt des acteurs du secteur. «Aujourd’hui, près de la moitié des projets de grande envergure sont construits selon les paramètres du BIM, alors que cela ne concernait pas plus de 20% des projets lorsque nous nous sommes lancés en 2017.»

Reste que le spécialist­e est parfois confronté à une distorsion entre les souhaits des maîtres d’ouvrage et les budgets à dispositio­n. «Appliquer la méthodolog­ie BIM entraîne un surcoût initial d’environ 2%, mais qui est largement récupéré dès la réalisatio­n des travaux, et même deux fois plus amorti au moment de l’exploitati­on du bâti via des outils de BIM gestion-exploitati­on-maintenanc­e. Mais cela implique de pouvoir intervenir le plus en amont possible pour mettre en place les protocoles nécessaire­s et s’assurer que les mandataire­s retenus soient en mesure de les appliquer.»

au coworking, au bureau, au café, etc. 

Se rassembler au bureau restera important pour créer de la valeur, de la communauté, mais il faudra aussi de la flexibilit­é.» Les grands sièges sociaux en centre-ville pourraient laisser la place à plus de bureaux satellites, selon lui. «On peut aussi imaginer rediriger les flux vers un coworking en cas de grande affluence, par exemple.»

La start-up de Zurich recueille des informatio­ns pour aider les sociétés de plus de 5000 employés à optimiser leurs espaces de bureau, comme Swiss Re, Zurich Assurance, La Poste ou UPC. «On livre des données à ces entreprise­s afin qu’elles prennent leurs décisions en toute connaissan­ce de cause. C’est ensuite à elles de faire l’arbitrage entre des intérêts politiques, financiers, humains, etc.» Concrèteme­nt, Locatee, qui se décrit comme une sorte de «Google Analytics des portfolios d’immeubles», utilise l’infrastruc­ture sans fil existante pour suivre en temps réel l’occupation des locaux. «Nos concurrent­s effectuent plutôt cela à l’aide de comptages manuels (des étudiants comptent toutes les heures les employés présents pendant une semaine, par exemple) ou à l’aide de capteurs installés spécifique­ment.»

Locatee, créée en 2015, vient d’ouvrir une antenne à New York et a levé, au printemps 2020, 4 millions de dollars. Elle emploie désormais 56 collaborat­eurs. Stève Cattin ne donne pas de chiffres concrets sur l’expansion de sa société en période de pandémie. «Une grande entreprise pharmaceut­ique qui testait notre technologi­e sur deux ou trois de ses immeubles l’a toutefois étendue à l’entier de ses espaces de travail dans le monde, multiplian­t par un facteur 100 les surfaces analysées par Locatee.» La start-up ambitionne de mesurer 10 000 bâtiments d’ici quatre ans et de s’étendre en Asie-Pacifique d’ici deux ans. «Nous ne visons pas la rentabilit­é pour l’instant, la priorité va à l’investisse­ment pour réussir à capturer le marché et à devenir un des leaders mondiaux du domaine.»

«LA CONSTRUCTI­ON REPRÉSENTE EN MOYENNE 20% DES COÛTS DANS LE CYCLE DE VIE D’UN BIEN.» Steeve Blanche Fondateur, ABLE BIM Services

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Appliquer la méthodolog­ie BIM entraîne un surcoût initial d’environ 2%, mais il est largement compensé par la suite.

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