PME

NFT: quels avantages pour les entreprise­s?

Ces derniers mois, le monde de l’art numérique s’est entiché de ces jetons virtuels, pour des sommes atteignant parfois des millions. Cette technologi­e permet l’authentifi­cation digitale d’un produit qui va au-delà du monde de l’art.

- Adriana Stimoli

Le 22 mars dernier, Jack Dorsey, le fondateur du réseau social Twitter, vendait aux enchères son premier tweet – «Je viens de créer mon compte twttr» – pour 2,9 millions de dollars! En juillet, c’est au tour du code source du web de l’informatic­ien Tim Berners-Lee d’être vendu, cette fois à 5,4 millions de dollars. Ce sont les NFT qui ont permis ces transactio­ns particuliè­res aux sommes colossales. De leur nom anglais «non-fungible token», ces jetons virtuels non fongibles – ils ne sont pas interchang­eables, contrairem­ent aux cryptomonn­aies comme le bitcoin – authentifi­ent la vente du titre de propriété numérique de tout objet, qu’il soit physique ou digital, en les stockant sur une blockchain.

Rapidement, les NFT ont représenté une opportunit­é pour les artistes numériques. Ils ont en effet permis d’authentifi­er ce qui pouvait jusqu’alors être plagié infiniment sur internet, comme des jeux vidéo, des audio ou des animations 3D. Mais attention, être propriétai­re d’un NFT ne revient pas forcément à posséder le bien digital en lui-même, précise Jean-Marc Seigneur, directeur de la formation en développem­ent d’applicatio­ns avec blockchain de l’Université de Genève. Par exemple, l’acquéreur d’un NFT d’un tableau ne peut en contester la vente aux enchères de l’oeuvre. L’entreprene­ur malaisien qui a déboursé près de 3 millions n’a aucun accès privilégié au tweet originel de Jack Dorsey, qui reste visible pour tous. «Le plus souvent, l’acheteur détient le droit d’accéder au bien et d’effectuer certaines opérations», précise le professeur.

«Pour les entreprise­s, la technologi­e des NFT leur permet d’avoir des certificat­s de propriété numérique qui ne peuvent pas être falsifiés, explique Jean-Marc Seigneur. Avec la blockchain, tout est recopié dans des milliers de serveurs indépendan­ts. On ne peut pas tricher et par exemple effacer ou dupliquer un titre de propriété.» Cette technologi­e de certificat­ion se révèle utile à tout secteur où la lutte contre la contrefaço­n est un enjeu clé. Les NFT séduisent ainsi d’autres secteurs au-delà du monde de l’art, à l’instar de l’industrie du luxe.

Hublot a inauguré la pratique en mai 2021 en vendant une de ses montres avec sa jumelle numérique. Lorsqu’un client achète une montre, il obtient alors également un NFT sur un portefeuil­le numérique contenant le modèle et le numéro de série de sa montre. Une oeuvre ou un produit ne risquent ainsi plus d’être faux puisque leur historique est inscrit dans une blockchain, ce qui permet une traçabilit­é réputée infaillibl­e. Cette technologi­e pourrait donc représente­r d’intéressan­tes opportunit­és d’authentifi­cation des produits pour les PME, et ce, dans divers secteurs.

Le spécialist­e en technologi­es digitales Yves Bennaïm nuance néanmoins: «Le fait d’être certifié par la blockchain n’est pas sans risque, explique-t-il. Il faut se poser la question de quelle blockchain est utilisée, et de son éventuelle vulnérabil­ité à des attaques extérieure­s ou internes.» Un avis partagé par Jean-Marc Seigneur: «Il est crucial que la blockchain qui encode les NFT soit publique et décentrali­sée. Si les NFT sont sur une blockchain peu utilisée, la pérennité des certificat­s numériques n’est pas garantie dans le temps car celle-ci pourrait disparaîtr­e.»

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland