Ces PME romandes qui travaillent avec les GAFAM.
C «ollaborer avec un des cinq GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) est aussi fantastique que dangereux», prévient d’emblée Andrea Tassistro, fondateur et CEO de la start-up genevoise Foodetective. Le jeune homme en sait quelque chose. A la suite du succès de sa plateforme de gestion pour restaurateurs (une cinquantaine d’établissements s’inscrivent en moyenne chaque jour en raison du boom actuel des livraisons), trois géants du numérique américains négocient avec lui pour nouer des partenariats. A l’image de cette PME de 20 employés, d’autres entreprises suisses s’allient avec un ou plusieurs des «Big Five» pour faire fructifier leur business.
«Sans parler d’explosion du nombre de cas, plusieurs sociétés intéressent les GAFAM parce qu’elles disposent de technologies de pointe, d’équipes d’ingénieurs spécialisés ou encore d’un fort potentiel de croissance, confirme Jordi Montserrat, cofondateur de Venturelab. Ces géants suivent ce qui se fait dans les hautes écoles, écoles polytechniques fédérales et instituts de recherche helvétiques. Il faut rappeler que l’un des inventeurs de l’assistant personnel Siri d’Apple, Didier Guzzoni, est
Le groupe Kudelski fait partie des laboratoires qui certifient Alexa, l’assistant vocal d’Amazon.
Suisse et formé à l’EPFL.» Comment ces contacts se nouent-ils concrètement? Quelles formes prennent les collaborations et qui conseille les entreprises suisses?
UNE SITUATION GAGNANT-GAGNANT
Pour le groupe vaudois Kudelski, le contact avec les «Big Five» ne date pas d’hier. La société, qui dispose d’un second siège à Phoenix, aux Etats-Unis, depuis 2016, entretient de longue date des liens avec eux, notamment en matière de propriété intellectuelle. «Nous détenons plusieurs brevets fondamentaux dans le domaine de la vidéo en ligne, comme les curseurs servant à avancer et à reculer», explique le directeur, André Kudelski. Des discussions à haut niveau des deux côtés de l’Atlantique ont couramment lieu. Depuis septembre dernier, l’entreprise, qui emploie environ 3700 collaborateurs, figure ainsi parmi la petite dizaine de laboratoires dans le monde pouvant certifier les appareils équipés d’Alexa, l’assistant vocal d’Amazon.
«C’est une situation gagnant-gagnant. Cela nous amène des clients, les entreprises actives dans le domaine de l’internet des objets (IoT) font appel à nous pour valider des architectures résistantes aux cyberattaques tout au long du cycle de vie du produit et obtenir ainsi une certification. Amazon, de son côté, a l’assurance que des produits connectés sûrs accèdent à son écosystème.» Kudelski a l’avantage, contrairement à la plupart des autres sociétés pouvant délivrer ces certifications, d’être implanté sur le continent européen. «Nous pouvons bien travailler avec les acteurs de l’IoT ici, car nous partageons une culture d’affaires commune et nous connaissons bien les lois européennes en vigueur, en particulier le Règlement général sur la protection des données (RGPD) européen.»
En 2019, le groupe vaudois avait annoncé que sa plateforme de sécurité IoT permettait de sécuriser les appareils se connectant au système Azure de Microsoft, dans le cadre d’un partenariat avec le géant de Redmond. Selon le directeur, ce type de collaboration n’implique pas de revenus directs, contrairement à d’autres cas de figure, comme l’utilisation de la propriété intellectuelle de Kudelski ou des services cloud des GAFAM. Tisser des liens étroits avec des géants comme Amazon (280,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2019) et Microsoft (125,8 milliards) ne fait-il pas craindre au «petit» Kudelski (827,3 millions) d’être dépassé, voire racheté? «Si les GAFAM choisissent de travailler
Directeur, groupe Kudelski
«À NOUS DE NOUS ASSURER QUE NOTRE VALEUR PERDURE AVEC LE TEMPS.»
André Kudelski