Le mot du rédacteur en chef
En Suisse, il a fallu attendre 2002 et une étude du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) pour se faire une première idée de l’ampleur du harcèlement psychologique au travail, et du mobbing en particulier. Cette étude révélait que 7,6% de la population suisse était victime de harcèlement psychologique dans le cadre professionnel (contre 2,7% en Allemagne à la même époque). Les secteurs de la santé et de l’hôtellerie étant les plus touchés.
Six ans plus tard, une autre étude nationale commandée par le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes et le Seco se concentrait cette fois-ci sur le harcèlement sexuel. Et démontrait que 28,3% des femmes et 10% des hommes se sont sentis harcelés sexuellement sur leur lieu de travail, prouvant ainsi que cet abus de pouvoir était largement plus répandu que communément admis dans notre pays.
Le mobbing, les discriminations et le harcèlement sexuel ont évidemment des effets délétères graves sur les personnes victimes de ces agissements. Mais également des effets collectifs non négligeables sur les entreprises concernées et sur la collectivité en général. Pour rappel, les maladies professionnelles coûtent 10 milliards de francs par année en Suisse, soit 3% du PIB. Certes, les problèmes de dos et le stress y sont pour beaucoup, mais les maladies psychosociales pèsent également très lourdement sur cette facture.
Une nouvelle étude sur le harcèlement sexuel, mandatée par le Conseil fédéral, sortira cette année. A l’aune de ces nouvelles données, espérons que les victimes d’abus seront mieux reconnues. Selon la jurisprudence du Tribunal fédéral, 71% des décisions concernant des cas de harcèlement sexuel au travail sont défavorables à la personne employée.