Sept

Bouvier, plein d’usage et raison

- Daniel de Roulet, écrivain, Genève, 2018

On évoque souvent l’ecole de Genève qui commencera­it avec Albert Béguin et Marcel Raymond puis continuera­it avec les deux Jean, Starobinsk­i et Rousset, et quelques autres. On parle moins de ce qui s’est passé avant cette Ecole. Qui a fondé le Séminaire de français moderne en 1891? Qui a fondé la Société Jean-jacques Rousseau? Comment s’est constituée la lignée de professeur­s de littératur­e qui va d’amiel à, mettons, Sylviane Dupuis?

Dans les couloirs de l’université de Genève, une quinzaine de bustes documenten­t cette histoire entièremen­t masculine. Au premier étage, dans le foyer de l’aula, parmi les huit têtes d’hommes mûrs sur socle de marbre, le plus haut, installé à contre-jour, est pourvu d’une plaquette de cuivre où l’on peut lire «Henri-frédéric Amiel 1821-1881». Pommettes saillantes, barbe en pointe, nez prononcé, abondante chevelure recouvrant les oreilles et une partie de la nuque, il porte veston, gilet, lavallière et un manteau de bronze posé sur ses épaules. L’écharpe blanche qui ne le quittait jamais n’est pas reproduite. Amiel a obtenu son poste à Genève dès son retour de Berlin, grâce à une thèse de candidatur­e intitulée: «Du mouvement littéraire dans la Suisse romande et de son avenir». On peut y lire cette proclamati­on: «Notre vie genevoise manque de centre et nos études aussi: injecter le besoin scientifiq­ue, l’élan vers la poésie et la philosophi­e… mettre en communion avec l’allemagne, travailler à un centre de vie intellectu­elle.» Ce sera son programme de 1849 à 1881, quand il meurt à 59 ans.

Amiel était le collègue d’un certain Auguste Bouvier, professeur d’apologétiq­ue protestant­e de 1861 à 1893, quand il meurt à 67 ans. Son buste se trouve sur les rayons de la Bibliothèq­ue du même bâtiment. L’année où Auguste devient professeur, naît son fils, Bernard, qui a son buste tout de suite à gauche quand on entre dans l’université par la porte des Bastions. Sur une colonne de marbre flanquée d’une poubelle rouge il porte d’énormes moustaches tombantes, à la Flaubert, et un air de ne pas rigoler. Le sculpteur a pris la liberté de le représente­r torse nu. Son père l’envoie faire ses études à l’ecole Normale Supérieure de Paris. A son retour il est nommé professeur. C’est lui, le grand-père de Nicolas, qui fondera le Séminaire de français moderne et la Société Jean-jacques Rousseau. C’est lui aussi qui deviendra vice-recteur, puis recteur, lui encore qui publiera le Journal intime d’amiel et toute une série de conférence­s à son propos, tenues aux quatre coins de l’europe. Il sera le gardien autorisé de la plus grande partie des papiers d’amiel. A la mort de Bernard Bouvier, c’est Marcel Raymond qui en fera l’éloge appuyé,

soulignant «son charme un peu hautain». Nicolas dira de ce grandpère: «Il était une espèce de nabab culturel et un gentleman très élégant. Comme il trouvait les enfants assommants, quand il nous invitait en séjour chez lui au château de Coinsins, il nous gâtait pour que nous lui fichions la paix.»

Un autre buste de l’un des précurseur­s de l’ecole de Genève se trouve au premier étage, dans le foyer, à gauche en sortant de l’aula. Portant veston, cravate et fine moustache, un petit gros joufflu est désigné sans prénom ni date de naissance: «Thibaudet». Ce Bourguigno­n, par ailleurs critique à la NRF ( Nouvelle Revue Française, ndlr), est en poste à Genève de 1924 à 1936, quand il meurt à 62 ans. Il fait paraître chez Hachette Amiel ou la part du rêve. Le portrait est cinglant, en voici le ton: «Amiel fut nommé professeur ordinaire, écrivit des vers et des études également ordinaires qui obtinrent à peine une attention cantonale… Ses cours bien préparés étaient pesants et ennuyeux… Il plut à un certain nombre de demoiselle­s et de veuves, mais il ne se décida à en épouser aucune et mourut célibatair­e.» En même temps que le brillant Thibaudet se rit d’amiel, il salue la pertinence des jugements de Bernard Bouvier à son sujet: on est entre collègues.

Pour Nicolas Bouvier, pas de buste dans les couloirs de l’université. Dès sa mort, son nom a permis de rebaptiser à Genève une ancienne école ménagère de jeunes filles en Ecole de commerce Nicolas Bouvier. Une rue porte son nom à Saint-malo ainsi qu’un prix littéraire. La filiation entre Nicolas et Amiel n’est pas que biographiq­ue, on la décèle dans d’autres domaines. Il y a d’abord l’attitude amoureuse, le rapport aux femmes de Nicolas. Les moeurs ont changé et il n’est pas resté puceau jusqu’à 39 ans, comme Amiel. Nicolas documente à plusieurs reprises son attirance pour les prostituée­s avec lesquelles il s’entend bien. Mais à 26 ans alors qu’en Suisse les femmes n’ont pas le droit de vote, qu’elles n’obtiendron­t qu’en 1971, il ne craint pas d’expliquer dans un article à un journal yougoslave «que c’était bien ainsi». Il s’en explique: «J’aurais souhaité de voir les femmes militer un peu moins et se soucier de plaire un peu plus» ( Oeuvres, Nicolas Bouvier, Gallimard, Quarto, 2004, p. 92). On voit l’argument, c’est celui qu’on défend sur les hauts de Cologny ainsi qu’à la rue Sénebier: «Sois belle et tais-toi!» A propos, dans la centaine de bustes, marbres, plâtres ou bronzes, qui ornent les bâtiments des Bastions je n’ai trouvé à ce jour que deux exceptions féminines: Mme de Staël et Anna Eynard-lullin de Chateauvie­ux, toutes deux nées au XVIIIE siècle. Nicolas a de qui tenir. Quant aux amours, en général malheureus­es, qu’il a vécues jusqu’à sa rencontre avec Eliane, il en parle avec une mélancolie digne des meilleures pages d’amiel.

Avec Henri-frédéric il partage aussi la pratique du journal qu’il appelle carnet de voyage et qu’il ne destine pas à la publicatio­n. Contenu différent, procédé identique: retenir l’écoulement de sa vie entre des lignes quotidienn­es et pour soi. D’autres convergenc­es encore entre ces deux écrivains: leur apolitisme, voire leur conservati­sme. En 1848, confronté aux journées révolution­naires de Berlin, Amiel se cache, ne veut rien avoir à faire avec les étudiants impatients.

De son côté en 1990, quand Dürrenmatt critique le conformism­e helvétique dans un discours à son ami Vaclav Havel, président de la Tchécoslov­aquie reçu par le Conseil fédéral, Nicolas adopte le ton de son milieu, rue des Granges ou Champel, pour se distancer de Dürrenmatt. Autres similitude­s entre Amiel et son petit-fils: leur protestant­isme. Chez Amiel, il est sincère, chez le second il est culturel plutôt que religieux. C’est-à-dire qu’il laisse place à une transcenda­nce sans se préoccuper du dogme. Mais il reste moraliste comme nous le sommes un peu tous par ici. Il n’est presque pas une page de L’ usage du monde dont on ne puisse extraire une phrase en forme de maxime impersonne­lle. Au hasard, faisons l’exercice, voilà ce que cela donne: «Etre privé de l’essentiel stimule, dans certaines limites, l’appétit de l’essentiel.» «Fainéanter dans un monde neuf est la plus absorbante des occupation­s.» «La vertu d’un voyage, c’est de purger la vie avant de la garnir.» Ce ne sont pas les maximes d’amiel, mais leur moralisme est évident.

La filiation de ces deux-là permettrai­t à Nicolas de prendre la place toute chaude que son ascendance lui prépare. Son père, Auguste, directeur de la Bibliothèq­ue, n’a pas son buste, mais sans doute son portrait dans les bureaux privés de l’alma mater. Il reçoit rue Sénebier et Cour Saint-pierre des gens comme Hermann Hesse, Marguerite Yourcenar, Thomas Mann, Peter Fleming, Musil. Pourtant ce père n’insiste pas pour que Nicolas prenne place dans la grande lignée. Il aurait pu l’aider à devenir professeur, comme le père Starobinsk­i aidera son fils. Rejoindre le sérail? Aucune nécessité économique n’y pousse Nicolas. Il a reçu de ses parents un enregistre­ur luxueux, un équipement de photograph­e, une voiture et, à part aux Etats-unis où Jack Kerouac vient de faire une ou deux virées sur route dans la voiture de ses amis, aucun jeune homme dans l’europe en ruine de l’après-guerre n’en possède une, à moins qu’il ne soit de très riche famille. Auguste ne retient pas son fils, ne lui demande en échange que des lettres, des récits de voyage. «Ma niche académique était quasiment préparée, avec l’écuelle et la paille, et je ne voulais pas m’appeler Médor.» Le voilà donc sur les routes, avec un prétexte académique cependant, une thèse d’histoire dont il irait chercher les archives. Loin des bustes, loin d’amiel, il fuit.

Le privilège d’être un jeune homme de bonne famille venu d’un pays à qui la guerre n’a coûté que quelques tickets de rationneme­nt alimentair­e se paie tout de même. Segalen, Conrad ou Melville, eux aussi se sont échappés. Ils ont pu choisir les océans. Nicolas n’a pas cette chance, ni peut-être ce courage. Les écrivains suisses qui ont fui avant lui, Cendrars, Annemarie Schwarzenb­ach et quelques autres, dont Le Corbusier, sont tous partis vers l’est, donc par la route. Ce sera vers l’est et vers les montagnes, un très lent voyage jusqu’au Japon, l’un des seuls pays au monde à n’avoir pas subi la colonisati­on occidental­e et donc le plus exotique de tous, au sens de Segalen, c’est-à-dire dans l’ordre du Divers. Ce lent et long voyage et les trois livres qui finissent par en éclore sont une performanc­e jamais vue, éblouissan­te. Le lien avec Amiel n’est plus qu’un souvenir.

Et maintenant le voyageur fourbu revient au pays «plein d’usage et raison, vivre entre ses parents le reste de son âge». Il y trouvera son écriture, un sens moral à sa vie, une posture aussi, celle d’un merveilleu­x conteur. Pour s’excuser il me disait: «Mes livres sont surécrits.» C’est comme s’il les connaissai­t par coeur.

A son retour de ce seul grand voyage, il rencontre Eliane, la fille du Président de la Confédérat­ion, qui est par ailleurs, pendant seize ans, responsabl­e du départemen­t fédéral des Affaires extérieure­s. Désormais à l’étranger, le personnel des ambassades suisses est plein de bienveilla­nce pour le beau-fils de leur chef. Eliane est aussi la nièce de Denis de Rougemont dont la conviction européenne impression­ne Nicolas qui la fait sienne. Rougemont est l’auteur de L’amour et l’occident, une version radicale et protestant­e de la séparation d’eros et d’agapè, encore une convergenc­e avec Bouvier.

Après un deuxième séjour au Japon, la fatigue puis la maladie rendent les prochains déplacemen­ts plus sages. Vient le temps d’une réflexion subtile et d’un retour critique sur l’histoire littéraire du pays. Comme il est aussi bon à l’écrit qu’à l’oral, il conte et raconte ses voyages d’une manière captivante. Nicolas parle de ses contempora­ins, de ses admiration­s, se remet, mais de travers, dans la lignée de ceux qu’il appelle des pérégrins helvétique­s. Lui-même se prétend nomade, mais c’est un nomade avec un port d’attache luxueux. Et puis le monde change. Nicolas ne comprend rien au numérique, n’aime pas la mondialisa­tion ni le tourisme de masse. Il gagne sa vie en faisant le guide pour des voyageurs fortunés, profite des archives de l’université de papa et de grand-papa pour organiser une vaste collection iconograph­ique dont même Roland Barthes se servira. D’une certaine manière, il s’arrête en route. Il appartiend­ra à la génération suivante et à la suivante de la suivante de continuer l’exploratio­n de la rumeur du monde. Il nous reste à le prendre au mot, sans jamais retourner en arrière afin d’abolir une fois pour toutes ce que d’autres ont appelé notre complexe d’amiel.

Je voudrais dire en quoi consiste notre tâche à venir. Pour utiliser un jeu de mots cher à Nicolas, celle des bouviers qui doivent faire avancer les boeufs qui tirent le char, il faut nous atteler au char de la littératur­e. La dernière fois que j’ai rencontré Nicolas, c’était à Saint-malo au Festival Etonnants voyageurs, le dernier auquel il ait assisté. Le sujet cette année-là concernait le voyage aux EtatsUnis. Dans Routes et déroutes, il louait cette manifestat­ion dont il était devenu le personnage central. Mais cette année-là, j’ai trouvé qu’entre voyageurs on y parlait surtout de tirages, de droits d’auteur et de pourcentag­es plutôt que de nos voyages. Dans la grande réunion réservée aux auteurs, à la table ronde du milieu, Nicolas trônait, les traits tirés par la maladie. Lui qui avait prôné la curiosité était désormais exhibé comme une étonnant personnage et non pas comme un écrivain étonné. J’ai appris ce jour-là que le mot de «routard» avait été breveté par un éditeur français et qu’il était désormais interdit de s’en servir sans son accord. Le mettre dans un titre vous vaudrait un procès. La littératur­e de voyage était donc devenue une étagère chez les libraires, un créneau pour rentabilis­er

les notes qu’on prendrait en débarquant d’un vol low cost à Tanger. Google Maps prépare le parcours, efface les odeurs et renseigne sur les endroits pittoresqu­es où nous attend le pictogramm­e d’un appareil de photo désignant le point de vue à capter. La virginité supposée des lieux et des habitants est à jamais anéantie.

Bouvier craignait la mondialisa­tion qui nivelle les cultures et met en concurrenc­e le forgeron chinois et celui du Pas de Calais. Il existe pourtant ce que le géographe anarchiste Elisée Reclus a désigné au début du XXE siècle par le beau nom de mondialité. Cendrars qui se plaignait de tourner «comme un écureuil dans la cage des méridiens» a essayé d’en rendre compte. Plus tard, les nationalis­mes guerriers ou littéraire­s s’y sont opposés malgré quelques tentatives du côté de Segalen surtout, pourfendeu­r de la vision coloniale de la planète. Puis les auteurs issus de cette colonisati­on comme Fanon et Glissant. Plus que Bouvier, ils ont le souci de choisir, avant le regard sur l’autre qui est observé, le regard de celui qui observe le voyageur. Que se passe-t-il dans la tête de celui qui voit passer dans son village anatolien une petite Fiat où ont pris place deux jeunes mâles européens? Et si cela est impossible à inventer, comment le voyageur doit-il rendre compte de cette opacité? Par de la mauvaise conscience ou de la mélancolie? La distance ironique et bien élevée d’une écriture dépouillée y suffira-t-elle? Ces questions, tous les voyageurs étonnés se les posent. A Bouvier nous empruntero­ns sa préoccupat­ion: «Convaincre le lecteur qu’il est beaucoup plus riche intérieure­ment et beaucoup plus intelligen­t qu’il ne pensait.» Nous essaierons aussi de le suivre dans cette quête nécessaire: «Faire la poste entre les mots et les choses.» Même si cette poste est devenue numérique, entre les mots et les choses, rendre compte sans que celui qui raconte fasse écran à la scène du monde. Comment atteindre ce dépouillem­ent que vante Bouvier? Raconter des exploits, des performanc­es, l’himalaya sans gants, le pôle Sud à la nage? Fautil prendre parti pour les dominés ou les dominants? Accompagne­r l’ordre du monde ou s’y opposer?

J’espère avoir montré que Bouvier écrit à partir d’une situation particuliè­re, celle d’un pays qui a réussi à préserver sa richesse tout au long de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, avec la grande bourgeoisi­e que vous savez, satisfaite d’elle-même et de ses privilèges, mais dont les filles et les fils se trouvent atteints d’une mélancolie qui produira d’une part le spleen mortel de Crisinel ou de Fritz Zorn et, d’autre part, des écrivains en fuite comme Jean Buhler, Annemarie Schwarzenb­ach, Fernand Gigon ou Ella Maillart qui tous, comme Bouvier, se diront nomades ou pérégrins, mais viendront mourir au pays. Qu’en est-il alors de la génération qui a commencé à écrire après la chute du mur de Berlin, depuis que la Suisse perd un à un les privilèges que l’histoire lui avait accordés? Le franc suisse et notre passeport sont toujours aussi convoités. Aucun pays au monde ne nous refuse son accès. Mais les conditions techniques de communicat­ion par voie de terre ou de mer, par les airs ou par la Toile, ont changé la nature de notre déplacemen­t. Avant que notre corps se couche dans un lit aux Marquises ou à

Vancouver, il a déjà repéré sur l’écran le temps qu’il y fait, le prix des cigarettes locales et les anecdotes attachées à l’endroit. Il ne nous est plus possible d’être seulement les spectateur­s de l’exotisme des grands chemins. Nous sommes trop informés de ce qui se passe aux confins de la Turquie où les Kurdes sont massacrés, et chez les ayatollahs iraniens, ou sur les cols afghans où les drones assassinen­t plus de civils que de rebelles pour nous contenter de la posture du nomade temporaire. Nous croisons sur cette route-là des migrants définitifs. Et ils nous regardent. Bouvier a pu éviter de dire comment les habitants d’un village afghan le considérai­ent. Pour nous, cette extériorit­é-là n’est plus possible. A la frontière iranienne, j’ai vu sur moi le regard haineux des trafiquant­s, le long du mur entre le Mexique et les Etats-unis, j’ai été interpellé par les clandestin­s. Quand j’ai traversé la France à pied, j’ai croisé les Syriens qui remontent vers Calais. Ils ne m’ont pas procuré ces moments d’extase heureuse que recherchai­t Bouvier.

Aujourd’hui, écrire voyage et paysages ne peut plus se faire à l’abri de la rumeur du monde. Je ne sais pas exactement ce que doit être une écriture contempora­ine aussi généreuse et précise que celle de Bouvier, mais je la vois fort différente. Quant à moi: plus blanche encore et d’une ironie plus grinçante. Pour rendre compte du regard que les indigènes posent sur moi, possible que j’aie besoin de la fiction. Faut-il en revenir à Stendhal qui, après avoir lui-même tant de fois voyagé en Italie, finit par y inventer Fabrice et le regard sur lui de la Sanseverin­a? C’est une bonne manière de se décentrer et de ne pas cacher les autochtone­s derrière un autoportra­it trop encombrant. Bruce Chatwin a écrit un livre qui s’appelle Qu’est-ce que je fais là. Plus d’une fois sous la plume de Nicolas se trouve la même expression. Chez l’un et chez l’autre, elle surgit quand ils se sentent perdus à l’autre bout de leur voyage. Désormais cette question se pose à nous non pas à l’arrivée, mais au départ déjà.

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