Sept

Afghanista­n Sur les pas des cavaliers

- Joseph Kessel texte & Alain Buu images

En 1967, Jospeh Kessel publiait Les cavaliers. Inspiré d’un séjour en Afghanista­n, ce roman raconte l’engouement des cavaliers afghans, les tchopendoz, pour le bouzkachi, un jeu traditionn­el où deux groupes de cavaliers se disputent une carcasse de chèvre ou de veau, et le long voyage de retour de l’un d’entre eux, blessé, vers son village. En 2004 et 2005, le photograph­e Alain Buu est parti sur les traces du grand écrivain et de son héros. D’un périple de 700 kilomètres, il a rapporté des images hors du temps qui entrent en résonance avec de courts extraits des Cavaliers.

Et le plus rapide coursier peut galoper jusqu’à tomber de fatigue, et le plus vif oiseau voler jusqu’à l’instant où ses ailes ne le supportent plus. Ils n’apercevron­t rien et toujours que des herbes, des herbes et des herbes.

‒ C’est la yourte la mieux protégée du vent. J’ai fait étendre trois tapis neufs sous le matelas… Il y aura toujours dehors, à ton service, un homme et un cheval.

Le cheval sentit cette attention, cette communion. Il continua, comme on lui avait enseigné, à n’être, sous le soleil, qu’une statue, mais, dans la peau merveilleu­sement lisse, un muscle vibra, puis un autre et un autre, de proche en proche.

Je suis toujours là quand ils viennent chercher un cheval pour l’entraîner et quand ils le ramènent.

Oui, voici le dernier cheval fou. Mais je ne suis plus capable de lui faire courir son premier bouzkachi… Et quel bouzkachi!

Ils traversère­nt les douze enclos, bordés par des murettes d’argile desséchée, reliés par des brèches et tous pareils: quadrilatè­res au sol nu, craquelé, que le soleil, bien qu’il fût très loin encore de son zénith, faisait déjà brûlants.

Avait-il donc oublié combien peu il fallait en repos et en soins à un grand coursier de bouzkachi pour retrouver ses ressources?

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 ??  ?? Le tchopendoz Morad Khan soumet ses chevaux au kantar: il les maintient à l’extérieur jour et nuit et leur donne une nourriture frugale afin de les endurcir et de les rendre plus combatifs pour le bouzkachi. Province de Faryab, mai 2004.
Le tchopendoz Morad Khan soumet ses chevaux au kantar: il les maintient à l’extérieur jour et nuit et leur donne une nourriture frugale afin de les endurcir et de les rendre plus combatifs pour le bouzkachi. Province de Faryab, mai 2004.
 ??  ?? Morad Khan, commune de Qaysar, sud-ouest de la province de Faryab, mai 2004.
Morad Khan, commune de Qaysar, sud-ouest de la province de Faryab, mai 2004.
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 ??  ?? Chevaux de l’écurie de Chamsul Ak Nosiri, chef des bouzkachi du nord. Balkh, nord de l’afghanista­n, mars 2005.
Chevaux de l’écurie de Chamsul Ak Nosiri, chef des bouzkachi du nord. Balkh, nord de l’afghanista­n, mars 2005.
 ??  ?? Province de Bamiyan, centre de l’afghanista­n, avril 2004.
Province de Bamiyan, centre de l’afghanista­n, avril 2004.
 ??  ?? Sous le regard du chef de l’écurie, les batchas (palefrenie­rs) s’efforcent de dompter un cheval. Balkh, mars 2005.
Sous le regard du chef de l’écurie, les batchas (palefrenie­rs) s’efforcent de dompter un cheval. Balkh, mars 2005.
 ??  ?? Dans l’écurie du commandant Kalil Rhalili. Province de Bamiyan, avril 2004.
Dans l’écurie du commandant Kalil Rhalili. Province de Bamiyan, avril 2004.
 ??  ?? Dans l’écurie de Chamsul Ak Nosiri, chef des bouzkachi du nord. A la veille du bouzkachi, un batcha empêche un cheval de dormir afin qu’il soit plus nerveux pendant le tournoi. Balkh, mars 2005.
Dans l’écurie de Chamsul Ak Nosiri, chef des bouzkachi du nord. A la veille du bouzkachi, un batcha empêche un cheval de dormir afin qu’il soit plus nerveux pendant le tournoi. Balkh, mars 2005.
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