Au détriment de l’intérêt général
Seymour Hersh était l’invité, il y a quelques années à Genève, d’une grand-messe sur le journalisme d’investigation. Né en 1937, multi-primé, Hersh est une star dans le métier. Le reporter américain a révélé, entre autres, le scandale de la torture pratiquée par les Américains dans la prison d’abou Ghraib en Irak et le massacre des habitants de My Lai par des soldats américains durant la guerre du Viêtnam. Au moment des questions, la salle lui a demandé ce qu’il fallait à tout prix garder en tête pour devenir un bon journaliste d’investigation. Sa réponse a fusé: «Never trust your governement». Et bien, c’est exactement ce qu’on se dit, quand on lit Gouverner par les fake news, le dernier livre de Jacques Baud, expert suisse du monde du renseignement. Les plus gros fabricants de fausses informations ont été et restent les gouvernements de nos Etats, démocratiques ou non. Parce qu’ils manipulent les opinions publiques pour cacher leurs erreurs. Parce qu’ils préfèrent dénoncer le terrorisme des autres que d’admettre les injustices qu’ils ont causées par leurs interventions hasardeuses. Le constat de Baud est sévère. Mais la démocratie mérite mieux que ce que nous lui offrons ces jours-ci.