Tribune de Geneve

Le charme élégant et gourmand de l’Auberge Les Platanes

Cette belle auberge de campagne, dirigée par Ivana et José Rodrigues, offre une gastronomi­e classique et un tartare génial

- Alain Giroud Twitter:

«Je sais que nous avons tort, mais nous ne mangeons toujours que le t artare » , explique ce couple d’Autrichien­s vivant sur La Côte et installé à la table voisine. Ils ne sont pas les seuls, car cette spécialité préparée au guéridon, devant le client, par Ivana Rodrigues est devenue un des mets incontourn­ables de l’Auberge Les Platanes, à Chéserex.

En compagnie de son mari, José, Ivana anime les lieux avec passion et une joie de vivre communicat­ive. Comment d’ailleurs ne pas être heureux dans cette maison somptueuse offrant deux visages? Un espace gastronomi­que aux salles à manger élégantes, décorées avec raffinemen­t, et un bistrot cosy où il doit faire bon se réfugier.

La longue terrasse est aussi une merveille, bien protégée, aux tables pas trop rapprochée­s et au service attentif et décontract­é. Bref, un petit paradis où, cerise sur le gâteau, la cuisine est délicieuse. En accord avec l’ambiance de l’auberge, bourgeoise sans emphase, goûteuse, aux produits soigneusem­ent sélectionn­és.

Cuisses de grenouille­s à l’ail rose

La carte d’été privilégie les mets froids et les cuissons courtes. On ne résiste pas aux cuisses de grenouille­s de la maison Favez, à Vallorbe. Fraîches, dodues, elles sautent avec entrain dans la poêle en compagnie d’ail rose frit et de persil – une persillade qui respecte une chair d’une grande finesse. Dorées, croustilla­ntes, elles se dégustent avec un petit buisson de riz blanc mêlé de grains sauvages.

Le sauté de champignon­s «selon la saison» est une tradition aux Platanes. Normal, donc, de retrouver à cette époque dans l’assiette des chanterell­es ou des bolets. Ou les deux, car ce soir-là, la cuisine a dû jongler, le plat étant souhaité «sans ail». Un résultat délicieux, au point de se demander pourquoi il faut masquer les saveurs de sous-bois avec ce bulbe trop puissant, aromatique­ment parlant.

Tartare à la texture souple

On vous l’a dit, il n’était pas question de ne pas faire honneur au tartare de boeuf. Ivana débarque donc avec son chariot pour le préparer devant vous. Son truc? Réaliser assez de sauce pour que la viande, coupée au couteau, cela va de soi, soit bien humidifiée. Une texture finale beaucoup plus souple que dans la grande majorité des établissem­ents proposant cette spécialité.

Voilà pourquoi Ivana réalise un des meilleurs (et pourquoi pas le meilleur?) tartare d’Europe occidental­e (façon de parler). D’autant plus qu’il est escorté d’un buisson de frites fraîches croustilla­ntes et sublimes.

Il n’était donc pas question que la sole commandée ne soit pas accompagné­e des mêmes pommes semi-allumettes. Un poisson venu de la mer du Nord, pêché au filet. Tony Novais, le chef, le prépare à la «Belle Meunière», selon la grande tradition.

La sole se pare d’un voile de farine et s’allonge dans le beurre moussant. Une fois dorée, elle est nappée de beurre noisette citronné. Elle est présentée à la table avant de rejoindre le guéridon pour la découpe.

C’est sans doute la meilleure façon de la déguster. Bien entendu, on pourrait la préférer légèrement rose à l’arête, mais la cuisson proposée est parfaite pour la grande majorité des clients. Alors le chef a raison. Et puis arrivent les frites! Le bonheur est total…

Inutile, donc, de s’attarder sur les profiterol­es qui ont couronné le repas. Elles jouaient dans la catégorie inférieure…

Post-scriptum Carte de vins à tous les prix. Note du pain 2/ 5. Service très présent.

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LDD Ivana Rodrigues présente, heureuse, son tartare.

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