REVUE BANCAIRE CONTRASTE
La croissance mondiale arrive à maturité, mettant en péril le système capitaliste qui en dépend fortement pour subsister.
Le retour au protectionnisme, la forte disparité et concentration des revenus mondiaux, la croissance financée de plus en plus par l’endettement, les bulles spéculatives (actions, immobilier, crypto-monnaie) ne sont autres que les prémices d’une prochaine crise financière mondiale plus prononcée que celle des subprimes.
La croissance économique a stagné à la suite des bouleversements économiques et géopolitiques qui ont affecté le pays depuis 2011. En 2017, l’économie tunisienne a augmenté de 2,3%, un rythme plus soutenu qu’en 2016 mais qui demeure inférieur aux estimations initiales du FMI (autour de 3%). Elle devrait, selon la même source, être plus élevée en 2018 et 2019, dépassant les 3%.
En dépit des programmes de restructuration visant à consolider leurs fondamentaux et à mettre à niveau leur solidité financière, les banques de la place demeurent en phase de mutation, devant montrer une meilleure agilité à affronter le risque. Dans ce cadre, on a procédé au classement des banques selon le score Z et Camel Model, deux modèles qui tiennent compte de la stabilité et la robustesse des banques cotées. On tiendra ainsi le rating des titres tels qu’ils ressortent dans ces deux modèles.
… Mais selon ce même scoring, les banques semblent défier ce contexte grisâtre, dégageant de plus en plus de bénéfices records. La prépondérance des BTA dans leurs portefeuilles tend à croître au-delà du raisonnable, faisant ainsi réduire la volatilité de leurs actifs et hisser leur ratio de solvabilité. Or, avec la dégradation de la note souveraine du pays, ces actifs (BTA), considérés jusque-là très sûrs, sont dès lors jugés risqués, ce qui ne donne désormais plus de sens à ce ratio en l’absence des hypothèses fondamentales sur lesquelles il repose (la pondération des actifs par leur niveau de risque).
En retenant le ratio du levier (FP/Actifs) comme mesure de solvabilité (cet indicateur étant plus approprié à la conjoncture actuelle du pays et les risques souverains inhérents), un besoin supplémentaire de 3 Milliards de dinars en fonds propres a été constaté pour l’ensemble des banques cotées.
D’où, le dilemme de l’industrie bancaire en Tunisie.