Vers une nouvelle finance africaine ?
1. Les banques africaines : moteur de la croissance ?
Il était une fois une Afrique, toujours en retard ! Aujourd’hui, elle est émergente. Pourtant le continent du siècle tarde à justifier son titre. En effet, le regain d’optimisme des deux dernières décennies semble laisser place à un ralentissement et à une morosité dépressive de la croissance économique.
Un rapport du Service de Recherche du Parlement Européen revient sur les dernières décennies glorieuses de l’Afrique. A l’origine du boom de croissance se trouvent deux éléments clés : les prix élevés des matières primaires et la disponibilité de capitaux internationaux en quête de nouvelles opportunités d’investissement. Pourtant, ces atouts semblent n’avoir pas été suffisants puisque l’Afrique, et principalement l’Afrique Subsaharienne, reste incapable de rejoindre les rangs des pays développés.
La déception suite à la chute des cours du pétrole est alors grande.
Mais où sont alors les banques africaines face à cette conjoncture ? Le retail banking (banque de détail) a le vent en poupe. En plein essor, le marché bancaire africain est le second marché au monde en termes de croissance et de profitabilité. D’ailleurs, les données de la McKinsey Global Banking Pools prévoient une croissance des revenus de l’activité bancaire sur le continent d’environ 8,5% par an entre 2017 et 2022. Une croissance énergique qui générera un chiffre d’affaires de près de 129 Milliards de dollars. De ce montant, près de 53 Milliards proviendront de la banque de détail.
De plus, le Retail banking se met au service de l’inclusion financière. Mais, que met-on dans ‘’inclusion financière’’ ? L’inclusion financière peut être définie comme la disponibilité des principaux services bancaires à un coût abordable, un délai raisonnable et en quantité suffisante à toute personne en situation de besoin de financement. Une définition qui souligne d’ailleurs des caractéristiques proches de celles du Retail banking.
Disponibilité ! Parlons-en de cette disponibilité. En effet, les chiffres à eux seuls sont frappants. Très frappant même ! Le taux de bancarisation de l’Union Européenne, des États-Unis est supérieur à 90%. Cependant, il reste en moyenne inférieur à 15% pour les pays en développement d’Afrique Subsaharienne.
2. Les entreprises africaines sont aussi responsables
Pourquoi un si grand gap entre la banque africaine et la croissance du continent ? Quelles peuvent en être les conséquences ? En réalité, difficile d’apporter une réponse complète. Néanmoins, un fait intéressant mérite d’être soulevé. En s’évadant du fardeau fiscal, les entreprises mettent à mal leur accès aux ressources financières.
En effet, les études expliquent que dans la majorité des pays d’Afrique Subsaharienne, les entrepreneurs maquillent leurs états financiers. Ce faisant, ils créent un climat d’asymétrie d’information qui diminue la confiance des banques à leur égard, et qui augmente leurs difficultés d’accès au crédit.
Cette situation longtemps négligée devient de plus en plus préoccupante, surtout pour les investisseurs. Notamment en matière de coût d’opportunité et de la perte substantielle des montants investis.
3.Des solutions et des institutions non adaptées au contexte
La préoccupation centrale de tout prêteur est de savoir si un potentiel ou actuel emprunteur est susceptible de rembourser ou pas sa dette.
Mais donc, comment savoir si le débiteur va rembourser ? Comment savoir si l’on n’est pas en train de financer les mauvais projets ? Comment faire pour obtenir la bonne information qui