« Le problème de la Tunisie n’est pas économique, il est éminemment politique »

Mourad Ben Chaabane, président de la Bourse de Tunis

Dans cet entretien accordé à l’Economiste Maghrébin, Mourad Ben Chaabane, président de la Bourse de Tunis, estime que le pays manque de nos jours de visibilité et que la crise délétère que connaît la Tunisie n’est pas due à des problèmes d’ordre économique mais plutôt à des problèmes éminemment politiques.

Il pense que le pays ne peut pas avancer tant que le pouvoir en place ne dispose pas de majorité qualifiée au parlement pour faire passer les lois. Il trouve également anormal que l’Etat souffre d’un déficit de devises alors que la devise circule en abondance dans le pays au point d’avoir la possibilité d’en trouver parfois à des taux inférieurs aux taux bancaires. Pour y remédier, il propose trois solutions. Les solutions pour y remédier La première consiste à adopter la loi sur l’amnistie des changes, un texte déposé au parlement depuis des années. En vertu de cette loi, tout Tunisien peut ouvrir un compte en monnaie étrangère et peut ramener les quelques devises qu’il a et les déposer en s’acquittant d’une taxe de 5%. C’est une solution qui, relève-t-il, réglerait le problème des réserves en devises.

La deuxième solution réside dans le courage d’oser privatiser quelques entreprises publiques à l’instar de la Régie des tabacs, Tunisair, la Banque de l’Habitat, la Société Tunisienne de Banque… La raison est simple. L’Etat n’a plus les moyens pour les soutenir. Avec le produit de vente (recettes), le gouvernement peut régler la situation difficile des sociétés régionales de transport lesquelles relèvent du service public que l’Etat doit absolument assumer.

A titre indicatif, il semblerait qu’un investisseur étranger, plus exactement une multinationale, ait proposé deux milliards de dollars au gouvernement tunisien pour le rachat de la Régie des Tabacs. Avec ces deux milliards, le gouvernement pourrait rembourser un milliard de dollars au FMI et en finir avec ses conditionnalités et l’autre