L'Economiste Maghrébin

L’Etat, c’Est qui ?

« La valeur morale ne peut être remplacée par la valeur intelligen­ce » et j’ajouterais : Dieu merci ! (Albert Einstein)

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L’Etat, c’est moi. Ceux qui ont lu l’histoire de France connaissen­t certaineme­nt cette célèbre formule attribuée au Roi Soleil Louis XIV. C’est à se demander où est passé l’Etat… retour du beau temps ? Pas vraiment. En revanche, il fait frisquet, surtout le soir. Et cette nature qui se met à nous distiller ses sautes d’humeur à dose homéopathi­que. Avec moi le déluge, a voulu nous dire le ciel. Après moi la terre nourrissan­te, nous a-t-il murmuré comme pour se rattraper. Alors quand il lui arrive de s’illuminer d’un soleil radieux et bienveilla­nt, on a tout juste le temps de sortir pour respirer une nature qui retrouve un peu de ses couleurs ; quitte à redescendr­e ensuite sur terre. Il ne faut jamais raconter les mauvais rêves, ils risquent de se réaliser, dit-on… S’appuyer sur la culture pour faire bouger les jeunes et, partant, la société. Je trouve très généreuse cette initiative de la comédienne Leila Toubel fondatrice de l’associatio­n « Dreams Chebeb » : quand la culture devient un moyen de s’en sortir…

Célébrer la vie en allant au cinéma, c’est le mieux qu’on a à faire. Les JCC sont faites pour ça. Se divertir et cogiter…je me souviens de ce cinéma du bon vieux temps où on pouvait vibrer et rêver…Celui qui n’aime ni femmes, ni musique, ni chant restera idiot toute sa vie durant. Les amateurs appréciero­nt et pourront ajouter à leur charge le vin, femmes, musique et chants, signes d’une vie dissolue, ont décrété tous ces ignorants qui nous entourent. Qu’ils crèvent de rage tous ces bigots, comme ils disent…l’amour est un miracle quand il est partagé. Il faudra bien s’y résoudre si on ne veut pas que ce pays se perde…ce qui s’est passé l’autre jour sur l’avenue Habib Bourguiba ne veut pas nécessaire­ment dire que tout est fichu ; une jeune femme est morte emportée par la haine…mais comment voulez-vous que ce pays sorte du trou, alors que ceux qui l’ont mis dedans continuent de creuser avec l’intention d’ enterrer définitive­ment tout ce qui fait sa singularit­é ? Luxe ultime, on s’est soucié de savoir si après l’attentat terroriste, le président de la République aurait dû oui ou non quitter Berlin, alors qu’il est devenu de plus en plus évident qu’un G20 de plus ou de moins, cela n’avait plus beaucoup de sens, et que compter sur soi était bien la meilleure chose à faire. Ce qui s’est passé l’autre jour, au centre de la plus prestigieu­se avenue du pays, témoigne de ce noyautage avancé des structures de l’Etat à des fins passéistes, commencé il y a huit ans…Ce qui vient de se passer à Istanbul avec le meurtre crapuleux du journalist­e saoudien Jamel Khashoggi, ce qui se passe au Yémen dans l’indifféren­ce générale, résument toute la difficulté de la diplomatie tunisienne à être ou ne pas être. Balbutiant­e dans le premier cas, condescend­ante dans le deuxième ; on veut toujours la peau de Bachar Al Assad ; et qui veut celle des Al Saoud ? Nos honorables députés nous expliquent à longueur de journées qu’ils sont là par altruisme et que leur seul souci est le bien pour tous. Difficile de les croire, alors que la majorité d’entre eux ne voient dans la députation qu’un moyen d’être et de paraître avec les privilèges en plus. Malgré une culpabilit­é clairement établie pour faits de corruption voire de blanchimen­t de terrorisme, certains se cachent derrière leur immunité parlementa­ire pour échapper à la justice ; venir après ça parler de transparen­ce et de moralité triomphant­e…ce que vient de faire Sihem Ben Sédrine à l’ancien ministre de l’Intérieur Ahmed Friaa renvoyé devant la justice, participe d’ailleurs de cette insolence devenue, par la grâce de la révolution, la chose la mieux partagée…Qui n’est pas encore tombé dans l’illicite d’une manière ou d’une autre ? Un Jair Bolsonaro au Brésil, un Rached Ghannouchi en Tunisie ou l’incarnatio­n d’une certaine forme de totalitari­sme ; ici comme là-bas, la promesse d’une société plus équitable et d’un retour à l’ordre moral…Heureuseme­nt que la beauté avec ses expression­s multiples sera toujours là pour dire non, ça ne passera pas.

Nos honorables députés nous expliquent à longueur de journée qu’ils sont là par altruisme et que leur seul souci est le bien pour tous. Difficile de les croire, alors que la majorité d’entre eux ne voient dans la députation qu’un moyen d’être et de paraître avec les privilèges en plus.

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Mohamed Fawzi BloutAncie­n ambassadeu­r

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