LE Vietnam, NOUVEAU DRAGON ASIATIQUE
Le Vietnam a fêté l’an dernier ses 30 ans de libéralisation économique, tout comme la Chine fête maintenant les 40 ans de réforme et d’ouverture lancées par Deng Xiaoping.
Le Vietnam sur les traces de la Chine
Avec un décalage d’une dizaine d’années, le Vietnam suit la voie chinoise de la croissance. Le rythme vietnamien de croissance a été moins soutenu que celui du grand voisin du nord mais, avec près de 6% l’an en moyenne, le Vietnam a connu ses trente glorieuses années. Il détient aujourd’hui, après la Chine, le record d’une croissance aussi élevée sur une période aussi longue . L’allure ne faiblit pas malgré les menaces qui pèsent sur l’économie d’un pays très dépendant de l’extérieur.
Bien que les relations bilatérales soient marquées par la défiance, Hanoï s’efforce de suivre la voie tracée par Pékin et son « socialisme aux caractéristiques chinoises », rebaptisé « économie de marché à orientation socialiste » .
Même monopole politique du parti communiste , même contrôle sur les médias et l’opinion publique, même mélange de la puissance étatique et des intérêts privés dans la vie économique, même volonté de dépasser les schémas traditionnels de développement en mettant la priorité sur l’innovation, la qualité.
Mais sans sympathie particulière
La proximité idéologique rapproche les deux pays et les unit face aux ingérences extérieures , notamment sur les droits de l’homme , mais elle ne crée pas d’empathie ni d’alliances d’intérêts stratégiques .
Pour Hanoï, se développer ce n’est pas seulement tenir compte des changements du monde, répondre aux aspirations d’une population dont le niveau de vie va croissant mais aussi se donner les moyens de faire face au défi que constitue la Chine. Seul un Vietnam fort peut être en mesure de résister aux pressions – pas toujours amicales – de son (trop) puissant voisin.
Le souvenir de l’occupation pendant mille ans de la Chine est vivace et le rôle joué par les libérateurs du pays célébré .En 1979, les deux armées se sont affrontées les armes à la main à la frontière nord tandis que les archipels des Spratleys et des Paracels en mer de Chine méridionale sont des zones de tensions permanentes, avec des frictions régulières.
Un rapprochement avec les Etats –Unis, l’ennemi d’hier
Malgré les horreurs de la guerre du Vietnam, Hanoï s’est rapproché sensiblement de Washington.
Le Secrétaire d’Etat américain est venu pas moins de deux fois cette année au Vietnam et il est question d’une coopération militaire plus poussée entre les deux pays.
Les réfugiés vietnamiens aux Etats -Unis des années 70 n’hésitent plus à revenir au Vietnam et alimentent les flux de touristes américains au Vietnam, mais c’est dans le domaine économique où le rapprochement est le plus notable.
Avec un traité de commerce signé dès 2001, les Etats-Unis sont devenus le premier débouchée commercial du Vietnam (20% des exportations), précédant l’Union Européenne et la Chine.
Malgré les défis redoutables qu’il constitue pour son appareil économique et idéologique (notamment l’exercice des libertés syndicales), Hanoï avait rejoint les 11 Etats menés par Washington pour conclure le Traité de Partenariat Trans-Pacifique (TPP ). Ce traité de nouvelle génération avait l’avantage à ses yeux d’exclure Pékin et de conforter la politique de pivot sur l’Asie voulue par le président Obama. Il devait permettre de diversifier les partenaires commerciaux du Vietnam et consolider l’accès au marché américain . Le refus de Donald Trump de s’engager dans ce traité avait contrarié Hanoï mais ne l’avait pas pour autant conduit à se retirer. La ratification du CRTPP, qui a succédé au TPP sans les Etats -Unis, est en cours et doit entrer en vigueur le 1er janvier 2019.
A côté de l’isolement relatif de la Chine qu’il entraîne, ce traité constitue un aiguillon efficace pour la modernisation du Vietnam. Membre de l’OMC depuis 2007, le Vietnam a signé par ailleurs une douzaine d’accords de libre commerce et accepté le processus de libéralisation poussée enclenché par les membres de l’ASEAN, il y a 20 ans, en vue de créer une zone de libreéchange .
Cette politique d’ouverture a produit des effets attendus. Le commerce extérieur représente 180% de son PIB, le commerce de façonnage dégage un excédent de près de 32 Mds $ , soit 14 % du PIB , les flux d’investissements étrangers annuels sont supérieurs à 5% du PIB .
Le Vietnam a profité de la montée des coûts en Chine pour attirer des investissements chinois comme ceux d’autres