Ezzeddine Saidane répond à Afif Hendaoui
Je remercie Monsieur Afif Hendaoui de m’avoir fait l’honneur de me réserver ce long article.
Ceci prouve en effet que Monsieur Hendaoui suit mes interventions et mes écrits.
Je respecte évidemment les analyses et les idées avancées par l’auteur.
Monsieur Hendaoui est un professeur d’économie respecté, et un ancien ministre comme il tient à le rappeler. Cependant, et sauf si je ne me trompe, il n’a jamais géré une banque ou une institution financière.
Je me contenterais de faire deux remarques seulement : 1- Le chiffre de 80% du PIB concerne la dette extérieure (globale et pas seulement publique). Le niveau de cette dette extérieure pourrait d’ailleurs atteindre 93% du PIB (voir dernier rapport du FMI). Dans la même réponse à la même question dans l’interview à laquelle se réfère l’auteur il est clairement écrit que la dette publique (sans compter les garanties données aux entreprises publiques) représente 70% du PIB. L’auteur aurait pu, et aurait dû comprendre cela.
Ainsi tout le raisonnement fait par l’auteur sur les prix courants et les prix constants tombe à l’eau. La dette extérieure coûte effectivement plus de 2,5% du PIB en intérêts remboursés annuellement. À ce propos, j’invite Monsieur Hendaoui à revoir sa formule en bas de la page 1 ( i=……). En effet, cette formule n’a pas de sens, mathématiquement parlant.
2- Le terme de « planche à billets » ne veut nullement dire impression physique de billets de banque. Vous le savez bien Si Afif. Et vous savez bien que je le sais aussi. L’expression « planche à billets » est l’expression consacrée pour indiquer la création monétaire ex nihilo par la BCT. Jusqu’au mois de septembre 2018, la BCT exigeait en effet des banques 60% sous forme de bons du Trésor (BTA et BTC) pour garantir le refinancement qu’elle mettait à leur disposition. En outre, l’encours de ce refinancement est passé de quasiment moins 1 milliard de Dinars en 2010 à plus de 17 milliards de Dinars en 2018. Si vous savez aussi que les remboursements effectués par l’État sont faits par de nouveaux emprunts auprès des banques et que ces emprunts sont en majeure partie refinancés par la BCT, il s’agit là clairement de création monétaire inflationniste