Aménagement urbain-Jinene Medjerda
Les Béjaois mobilisés pour défendre leur pôle de compétitivité
Ce n’est pas avec ceux qui ont créé les problèmes qu’il faut espérer les résoudre ” (Albert Einstein, 1963). Dans ce cas, les acteurs, qui ne peuvent engager une alternative, vont occuper davantage l’espace médiatique pour noyer le poisson et chercher des artifices, responsables de la situation catastrophique que connaît le pays. Ce fait définit-il la donne actuelle, dans l’aire arabe ?
La redimension de l’interventionnisme des pays du Golfe :
Il est attesté et confirmé par leur absence à la conférence d’Istanbul, qui a réuni les dirigeants, français, russe, allemand et turc, samedi 27 octobre. Qatar, l’Arabie Saoudite et les Emirats, qui ont soutenu la rébellion et oeuvré pour le changement du régime du Baâth, n’ont pas été associés à la conférence. L’actuelle tournure des événements a remis de fait leurs statuts d’acteurs dans la région. L’assassinat de Jamal Khashoggi a attisé le conflit entre l’Arabie Saoudite et la Turquie et permis au Qatar de pratiquer une politique de surenchère. La géographie régionale a été, de ce fait, affectée. D’autre part, les USA sont en voie de redéfinition de leurs relations, avec leur allié saoudien. La politique de ménagement du Président Trump est sérieusement contrecarrée par des membres du Congrès américain.
Conséquence du changement de la donne, l’Administration américaine critique désormais l’intervention de l’Arabie et des Emirats, au Yémen, qui subit une guerre d’usure meurtrière. Annonce-t-elle l’ouverture de négociations entre les sécessionnistes houthis chiites et proches de l’Iran et la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite ? La question est bien plus complexe, vu le duel entre l’Iran et l’Arabie et leur principal allié, les USA. En attendant, la scène yéménite vit une grave escalade : les forces progouvernementales yéménites appuyées par l’aviation de l’allié saoudien ont réalisé, jeudi 8 novembre, une percée dans la ville de Hodeida, sous contrôle des rebelles, au prix de combats meurtriers qui menacent des milliers de civils. S’agit-il du dernier quart d’heure de la guerre ?
Le dernier rapprochement entre Qatar et l’Irak et l’accord signé cette semaine attestent une volonté de transgresser la politique des axes, responsable des affrontements. Mais les discours prononcés sont des voeux pieux, que l’actualité dément.
Libye, une sortie de la guerre civile ?
Alors que la guerre civile sévit, les puissances européennes tentent d’imposer la paix. La France et l’Italie mènent, en Libye, une “diplomatie d’influence”. Transgressant la rencontre de Paris, du 25 juillet 2018, qui n’a pas porté ses fruits, le ministre italien des Affaires étrangères annonce l’organisation d’une conférence sur la Libye. Elle se tiendra à Palerme (Sicile) les 12 et 13 novembre 2018. Avec, semble-t-il, le soutien de la France. Pourrait-elle faire valoir “une approche inclusive (qui) permettra d’identifier les étapes d’un processus de stabilisation” ? Pourrait-elle arrêter la guerre civile, dans la nouvelle donne de la géopolitique régionale qui a affaibli l’Arabie, les Emirats et dénoncé le jeu de la Turquie dans la région ?
Tunisie, la grande discorde
Le dernier remaniement, effectué par le chef du gouvernement Youssef Chahed, sans consultation avec le Président de la République, a mis le feu aux poudres. La prise de position de la majorité parlementaire, en faveur du chef de gouvernement, affaiblit l’autorité présidentielle. Elle justifie cette atteinte à la morale politique et cette transgression des normes et des procédures. Comment assurer la gestion de ce conflit ? Ce comportement dément le discours de stabilité des alliés du Premier ministre. Fait significatif, il défigure la scène politique et remet en cause les résultats des élections de 2014. Nida, le parti qui y a triomphé, est désormais dans l’opposition, alors que le mouvement Ennahdha domine la scène. Peut-on parler d’un “coup d’Etat, similaire à celui de 1987” ? Cette définition de l’actuel remaniement est exagérée. Mais elle traduit bien des velléités de changement de politique, aux dépens des choix originaux du gouvernement.
D’autre part, la scène politique tunisienne fait valoir “le jeu des comparses ”, “le tourisme politique”, des députés et des acteurs, concernés davantage par la répartition des charges et des avantages qu’elle accorde. “En politique, dit Ibn Khaldoun, le pouvoir ne se partage pas”. Cela était vrai dans les régimes autoritaires d’antan. Est-ce à dire que la “transition démocratique ” tunisienne restaure les traditions gouvernementales anti-démocratiques, remettant en cause les consultations, les débats et les compromis ?
Cette situation détourne le gouvernement de la gestion économique et des attentes sociales. Faut-il remettre en cause l’obligation de résultat, alors que le pays vit la précarité, le chômage et l’appauvrissement et que personne n’est à l’écoute du citoyen, inquiet par l’affaiblissement général du pouvoir d’achat ? Unique priorité de la classe politique : l’horizon électoral 2019