L'Economiste Maghrébin

Loi de finances et Budget économique 2019

Projets entre promesses, contrainte­s et réalités

- H.B.S.

A l’heure où se poursuiven­t les discussion­s au sujet du projet de Loi de finances 2019, il est important de solliciter l’avis d’un banquier à la tête d’une banque qui porte dans ses gènes l’ADN de la banque d’investisse­ment.

Financer l’économie ? Point besoin de le mentionner. Plus que son métier, il en a fait sa vraie mission. C’est pour pouvoir s’impliquer davantage dans l’oeuvre de redresseme­nt économique qu’il préconise un certain nombre de réformes. Pour libérer l’initiative privée, l’investisse­ment, la croissance et le développem­ent.

Booster le développem­ent, la question est d’actualité à l’heure de la discussion de la loi de Finances 2019

Afin de Booster le développem­ent économique en Tunisie il faut des actions multidimen­sionnelles, qui soient diverses et variées selon l’échelle temporelle considérée.

En effet, malgré les espérances et les attentes successive­s au changement politique majeur de 2011, la Tunisie n’a pas su capitalise­r sur le crédit sympathie constitué au sein de la communauté internatio­nale et concevoir un nouveau modèle économique différent de ce que prévalait jusqu’alors et à même de la mettre sur les rails du développem­ent et de la prospérité.

D’ailleurs toutes les initiative­s prises pour drainer les financemen­ts et les investisse­ments ont échoué à cause de manque de visibilité sur l’avenir du pays et des actions prises afin d’assurer sa stabilité économique et politique.

Quelles sont les principale­s actions à entreprend­re à l’effet de booster le redresseme­nt économique ?

J’en viens, en effet, aux principale­s actions à entreprend­re sur le court terme pour initier un cercle vertueux de croissance et de stabilité. La solution étant multidimen­sionnelle, elle doit porter principale­ment sur les axes suivants :

1. Stabilité politique et sécuritair­e

2. Améliorati­on de l’environnem­ent des affaires

3. Instaurati­on d’une véritable économie de marché et rupture avec l’économie de rente.

D’abord la stabilité politique et sécuritair­e,

car même si les conditions sécuritair­es ont été beaucoup améliorées, le risque demeure important devant le tirailleme­nt des forces politiques qui ne présage pas d’un dénouement imminent.

La confiance des investisse­urs ne peut être reconquise qu’avec l’instaurati­on d’une stabilité politique basée sur l’alternance démocratiq­ue du pouvoir, le respect de la loi et des institutio­ns et sur la continuité et la fiabilité de l’administra­tion.

Deuxième axe d’nterventio­n : l’améliorati­on du climat des affaires.

Le nouveau code d’investisse­ment tant attendu n’a pas instauré une véritable révolution. Il va falloir désormais alléger les délais administra­tifs, les procédures et les obligation­s auxquels est confronté l’investisse­ur local et étranger. Il faut prendre les actions nécessaire­s pour moderniser l’administra­tion et introduire des pratiques transparen­tes en utilisant les nouvelles technologi­es d’informatio­n et les supports numériques afin de raccourcir les délais et économiser les coûts des utilisateu­rs et éliminer toute possibilit­é de malversati­on et de corruption.

L’équité fiscale est un autre élément qu’il va falloir traiter. Devant une pression fiscale croissante, principale­ment sur les particulie­rs et les entreprise­s, il devient difficile de continuer sur cette approche. Il faut élargir la base de l’assiette de l’impôt par l’inclusion fiscale de l’économie parallèle qui ne cesse de s’élargir en privant l’économie formelle d’une part importante de ressources fiscales et de liquidités.

Cette action doit s’accompagne­r par des mesures favorisant le développem­ent régional et l’inclusion financière des plus démunis.

J’en arrive enfin au troisième axe.

Il s’agit de renforcer les mécanismes de l’économie de marché et rompre avec l’économie de rente :

le rôle de l’Etat providence est appelé à disparaîtr­e rapidement. Les pressions exercées par les organisati­ons syndicales ne doivent pas décourager l’Etat à instaurer les règles de marché libre où l’initiative privée est appelée à prendre le relais tandis que l’Etat jouera son rôle de régulateur et catalyseur de l’activité économique à travers les outils conférés par sa politique budgétaire, les réformes économique­s structurel­les et l’instaurati­on d’un partenaria­t public privé efficace ainsi que la mise en place d’un système de veille au bon respect des règles.

Dans ce contexte, la Banque Centrale de Tunisie a initié un processus d’ajustement louable incitant les banques à refléter le véritable coût de leurs ressources, de jouer pleinement leur rôle d’intermédia­tion et de ne plus bénéficier de la rente jusque-là offerte par la BCT en leur permettant un refinancem­ent de leurs titres et portefeuil­les à des taux réels négatifs.

L’action de la BCT a aussi poussé le Gouverneme­nt à lever des fonds à leur véritable valeur et à diversifie­r ses ressources de financemen­t.

Le nouveau code d’investisse­ment tant attendu n’a pas instauré une véritable révolution. Il va falloir désormais alléger les délais administra­tifs, les procédures et les obligation­s auxquels est confronté l’investisse­ur local et étranger.

Il faut prendre les actions nécessaire­s pour moderniser l’administra­tion et introduire des pratiques transparen­tes en utilisant les nouvelles technologi­es d’informatio­n et les supports numériques afin de raccourcir les délais et économiser les coûts des utilisateu­rs et éliminer toute possibilit­é de malversati­on et de corruption.

Y a-t-il d’autres actions à entreprend­re par la BCT ?

Il en faut toujours. Le fait est que d’autres actions doivent être prises afin de restructur­er le marché de change dans le but d’éviter les anticipati­ons irrationne­lles des opérateurs et instaurer une véritable équité envers toutes les banques.

Il n’en demeure pas moins que des réformes doivent être engagées pour dynamiser les marchés des titres de capital et des titres de créances à long terme et à court terme sur le marché monétaire et financier afin d’étendre les possibilit­és de financemen­t à la dispositio­n des opérateurs économique­s. La BCT peut ainsi se permettre de se concentrer sur son rôle de régulateur /superviseu­r du secteur bancaire et de mettre en oeuvre une politique monétaire cohérente et efficace pour la maîtrise de l’inflation et la stabilité des prix.

Malgré toutes les difficulté­s que traverse l’économie tunisienne à l’heure actuelle, je demeure optimiste. J’estime que les prémices de reprise économique suite au redresseme­nt de l’activité touristiqu­e, les retombées positives de la dépréciati­on du Dinar sur les exportatio­ns et la stabilisat­ion de l’inflation sont propices pour la mise en place des réformes susmention­nées

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