3 questions à Habib Chehata, DG de la QNB
« Malgré les difficultés que traverse l’économie, je demeure optimiste»
pays. Même s’il peut espérer en retirer des gains en termes de relocalisation d’éléments des chaînes de valeur , Hanoi ne se réjouit pas de la guerre commerciale entre Pékin et Washington car il craint un affaiblissement des échanges mondiaux et la Chine représente plus de 16% de ses exportations.
La modernisation est en marche
A l’instar de la Chine qui est touchée par la raréfaction à terme de sa main-d’oeuvre et doit remplir les objectifs d’enrichissement de ses citoyens, le Vietnam se lance résolument dans l’innovation et l’amélioration de sa productivité.
Cela passe par un effort de scolarisation (le Vietnam est très bien placé dans le classement PISA), de recherche / développement mais aussi d’une mise à niveau de ses institutions, de ses modes de décision.
L’automatisation et la robotisation qui se répandent peuvent surprendre quand l’abondance de la main-d’oeuvre devrait conférer au Vietnam son principal avantage comparatif. Illustration de ce phénomène, la société Vinfast achèvera l’an prochain une des usines automobiles les plus robotisées au monde, n’hésitant pas à y investir des centaines de millions de dollars et à employer des centaines de cadres et techniciens étrangers pour sa construction et son lancement.
Dans un pays qui a appliqué longtemps la règle du centralisme démocratique, donc avec une prévention contre la prise de responsabilité individuelle qui expose à la suspicion et à la sanction en cas d’échec, le pragmatisme l’emporte et un changement en profondeur s’opère maintenant avec des décideurs qui n’hésitent plus à prendre leurs responsabilités et à se comporter en managers et non plus en gestionnaires .
Nous sommes loin des schémas traditionnels d’un pays communiste, à faibles salaires, tourné sur lui-même. Comme en Chine avec Deng Xiaoping, la réforme et l’ouverture ont fait l’objet d’une décision stratégique, appliquée de manière pragmatique et tenace par un pouvoir fort qui garde la légitimité de la guerre d’indépendance et de succès économiques. A la différence d’autres pays à croissance rapide, les écarts de revenus et les inégalités sociales ont pu être contenus.
Tout n’est pas acquis pour autant. Des freins au développement et à la modernité persistent. Des obstacles psychologiques demeurent.La société reste rurale dans sa composition et sa mentalité, le pouvoir politique continue à contrôler de près l’opinion publique . La gestion des entreprises publiques demeure défectueuse et la dépendance extérieure forte .
Mais, la vision et la volonté de franchir une nouvelle étape de développement sont là . Le Vietnam entend faire partie de cette nouvelle vague de pays dans la région qui décollent et qui aspirent à rejoindre les dragons asiatiques qui les ont précédés, tant pour des considérations de niveau de vie que d’autonomie vis-à-vis de la Chine. Pour le Vietnam , rejoindre le niveau de la Corée de 2010 en 2035 est l’objectif affiché .Objectif ambitieux mais atteignable tant cette ambition est partagée et les risques de toute nature assumés