L'Economiste Maghrébin

L’Université décide de pénaliser les Maghrébins

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Il y aura de moins en moins de Maghrébins dans les université­s françaises avec la décision de multiplier par dix les frais d’inscriptio­n. Une décision qui est, d’abord, mauvaise pour…la France.

On se demande quelle mouche a piqué le gouverneme­nt français pour qu’il prenne, le 19 novembre 2018, une décision aussi grave : la multiplica­tion par dix des frais d’inscriptio­n des étudiants étrangers non-Européens dans les université­s françaises (2770 euros près de 9000 dinars) au lieu de 170 euros (environ 600 dinars) pour la licence ; bien plus pour le master et le doctorat.

Prise en vue d’« améliorer les conditions d’accueil des étudiants et renforcer l’attractivi­té des université­s françaises sur la scène internatio­nale », la décision sonne faux puisqu’elle contredit les faits et ne sert pas – bien plus grave - les intérêts de la France.

Arrêtons-nous, à ce propos, sur l’évaluation faite par les autorités françaises quant aux résultats attendus de sa décision. La France estime pouvoir augmenter le nombre des étudiants étrangers évidemment non-Européens à 500 000 en 2027 contre 340 000 actuelleme­nt.

Un leurre. Car, et quelles que soient les promesses d’améliorati­on des conditions d’accueil des étudiants étrangers non-Européens en France et les aides qui seraient fournies à leur endroit, il est incontesta­ble que cela ne fera que les éloigner davantage de la destinatio­n France.

On pourrait dire que les autorités françaises ont évidemment bien étudié la décision. Mais les faits sont têtus. Et combien de stratégies ont été contredite­s par la réalité du terrain.

Quid

de la langue française Qui perd du terrain

Il est à se demander qui seraient les candidats à une inscriptio­n en France ? Réponse : pour l’essentiel des Maghrébins et des Subsaharie­ns. Même si les Chinois pointent le nez en devenant la deuxième nationalit­é en la matière. Les Marocains sont les premiers. Les Algériens se classent au troisième rang. Suivis des Tunisiens.

Il fut un temps où la France attirait les étudiants étrangers. Car, outre la grande offre qui se met en place déjà dans les pays d’origine, faite entre autres d’université­s étrangères, il est utile de faire remarquer que d’autres destinatio­ns aussi attrayante­s voient de plus en plus le jour : Canada, USA, Ukraine, Roumanie,...

A ce propos, la langue française perd beaucoup de terrain au Maghreb – et à ailleurs- où elle est supplantée par l’anglais, indispensa­ble si l’on veut faire une carrière internatio­nale. Dans le même ordre d’idées, le moule anglo-saxon, réputé plus efficace, séduit de plus en plus les candidats pour des études à l’étranger.

Il est encore à se demander quel avenir peut réserver cette décision à la présence de la langue française dans le monde. Et par-delà ce que son apprentiss­age peut créer en tant que moteur du lobbying français. Sur les quelque 284 millions de francophon­es, les Français ne sont –déjà - que seulement près de 63 millions. Et l’écart va, pour des raisons évidentes, se creuser davantage.

Dans une interview à notre confrère français « La Tribune », qui date de 2015, François-Aïssa Touazi, le fondateur du think tank CapMena explique ceci : « La France est trop négligente : elle pense que notre histoire partagée avec le Maghreb suffit à garder le lien ; il n’en est rien. Aujourd’hui, le Maghreb sort progressiv­ement de notre champ de vision, pas tant dans ses données économique­s, que dans la réalité de ses forces vives, des tendances sociales et sociétales qui le modifient de façon latente et profonde ».

Signe des temps, l’Espagne est déjà le premier partenaire économique du Maroc. Et la Chine celui de l’Algérie. Comme les temps changent

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Intérieur d’une université française. Un leurre.

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