La réunion de Tunis marque un nouveau départ
Banques Centrales du Maghreb
Réunis les 16 et 17 novembre 2018, à Tunis, les cinq gouverneurs des instituts d’émission du Maghreb ont décidé de rattraper le temps perdu. Une accélération marquée par un plan d’action qui s’articule autour de quatre axes.
La Tunisie, à travers la Banque Centrale de Tunisie (BCT), va accueillir le secrétariat permanent de la réunion des gouverneurs des banques centrales maghrébines. Ainsi en a décidé la 8 ème session de cette structure qui s’est tenue à Tunis les 16 et 17 novembre 2018.
Une édition marquée par une volonté d’aller de l’avant et par une réelle franchise des débats, a assuré Taïeb Baccouche, secrétaire général de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), qui a participé à cette réunion aux côtés des cinq gouverneurs des instituts d’émission maghrébins.
Une réunion qui ne s’est pas tenue du reste depuis dix ans, en Libye (2008). Et qui n’a pas du tout déçu. Si l’on en croit du moins les propos échangés avec les représentants des médias au cours de la conférence de presse organisée à la clôture des travaux.
D’abord en vertu de la démarche adoptée et qui tient en trois formules : institutionnalisation, efficacité et actions par étapes. Pour marquer les esprits des uns et des autres, Abdellatif Jouahri, gouverneur de « Bank Al-Maghrib », la Banque Centrale Marocaine (BCM), usera d’une formule on ne plus pédagogique. « A l’image du dromadaire, assure-t-il, nous ne ferons un second pas que si le premier nous aura permis de bien poser le pied sur terre ».
Ensuite, par les questions débattues et qui vont constituer les axes autour desquels vont s’articuler les actions des gouverneurs des banques centrales maghrébines : les nouvelles techniques bancaires, la banque globale, la finance participative et le blanchiment d’argent ainsi que le terrorisme.
Intervenant, à ce sujet, Mohamed Loukal, gouverneur de la Banque d’Algérie, a assuré que les banques maghrébines se doivent de moderniser tout le système financier et les produits bancaires en vue de mobiliser tous les moyens pour apporter les fonds nécessaires au développement de l’économie.
Une vision largement partagée par Abdelaziz Ould Dahi, gouverneur de la Banque Centrale Mauritanienne, qui a mis en évidence l’importance de la feuille de route mise en place par la réunion de Tunis pour aller de l’avant face à des défis on ne peut plus importants comme la stabilité dans la région et la satisfaction des attentes des populations.
Même son de cloche du côté de Sadiq Al-Kabir, gouverneur de la Banque Centrale libyenne, qui a noté les mutations rapides du secteur financier dans le monde et la nécessité des banques maghrébines d’être au diapason de ces dernières.
En somme, une réelle volonté exprimée
en vue d’être au rendez-vous d’un monde financier qui bouge et d’assurer un nouveau point de départ pour le travail collaboratif des banques centrales maghrébines.
Une volonté largement exprimée, notamment par Marouane Al Abassi, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), qui a souligné la nécessité d’oeuvrer dans une direction : aider à la croissance pour assurer plus de créations d’emplois et de bien-être aux peuples du Maghreb.
Insistant au passage sur l’importance d’engager l’action des banques centrales maghrébines sur la voie de l’efficacité en vertu du fait que les défis et mutations obligent à changer constamment de méthodes et d’approches.
Ainsi en est-il du souci de toucher toutes les catégories sociales et de pouvoir de ce fait mettre les produits bancaires à la portée de tous. Et à un moindre coût. Une orientation du reste adoptée de plus en plus par le système bancaire dans le monde.
Un aspect sur lequel insiste Abdellatif Jouhari qui a défendu les règles de la bonne gouvernance ; une exigence du reste au coeur du métier bancaire. Qui se doit de veiller à des valeurs comme la défense du consommateur.
Mais toujours en respectant la règle qui consiste à ne pas s’engager trop vite sur les voies choisies. Une manière de dire qu’il faut capitaliser un vécu avant d’aller à la conquête d’un autre. Nous voilà donc revenu à notre dromadaire que le gouverneur de « Bank Al-Maghrib » ne cesse de rappeler. A juste titre.
Ainsi en est-il d’une union monétaire maghrébine. Et de la mise en place d’une monnaie unique maghrébine. Un objectif pour lequel il faut oeuvrer. Mais sans précipitation. « Les pays qui ont annoncé des décisions de ce type ne font que les retarder », assure Abdellatif Jouhari.
L’adoption d’une politique monétaire commune a ainsi des exigences qui ne sont pas offertes par les vécus des économies de la région. Il s’agit donc d’un long processus qui ne peut souffrir d’erreurs d’appréciation. La monnaie est le plus sensible facteur dans une économie.
Ce qui n’oblige pas du reste les économies maghrébines à ne pas collaborer. Ainsi beaucoup peut être initié par les banques centrales pour encourager le commerce entre les pays du Maghreb. Ou encore faciliter l’adoption de nouvelles technologies. Comme celles nées du Fintech (la technologie financière) qui a bouleversé le business model des banques. Ou encore la finance islamique avec ses « Soukouk », sortes de bons du Trésor, qui gagne du terrain un peu partout dans le monde.
Cela étant, le système bancaire maghrébin doit veiller à ce que deux conditions soient respectées : la concurrence et la mobilité. Elles sont garantes d’un système bancaire aux normes internationales.
La conférence de presse a été également l’occasion de s’interroger sur l’ouverture du marché maghrébin sur le monde. La finance faisant partie des services qui sont un peu partout au Maghreb l’objet de projets d’une mondialisation rampante.
Une question sur laquelle Abdellatif Jouhari a un avis. Il pense, à ce propos, que l’introduction des banques étrangères au Maghreb exige que doivent être respectées deux conditions. D’abord, la nécessité d’oeuvrer vers un certain équilibre du marché bancaire.
Ensuite, l’apport des banques étrangères doit être synonyme de valeur ajoutée. Celles-ci venant en général avec une expérience et un know-how qui peuvent être d’une utilité plus ou moins certaine.
La présence de Taïeb Baccouche était là pour rappeler que même si la réunion des gouverneurs des instituts d’émission maghrébins n’était pas une structure de l’UMA, elle devait contribuer à faire avancer le processus de construction maghrébine né en février 1989 à Marrakech.
Hasard du calendrier, l’année 2019 marque le 30 ème anniversaire du Sommet de Marrakech au cours duquel les cinq chefs d’État du Maghreb ont paraphé le Traité constitutif de l’Union du Maghreb Arabe, après que la réunion du 10 juin 1988 à Zéralda (Algérie) l’avait préparé.
Le rendez-vous ne pouvait du reste ne pas être dans la tête de plus d’un gouverneur des banques centrales maghrébines
L’adoption d’une politique monétaire commune a ainsi des exigences qui ne sont pas offertes par les vécus des économies de la région. Il s’agit donc d’un long processus qui ne peut souffrir d’erreurs d’appréciation. La monnaie est le plus sensible facteur dans une économie.
La présence de Taïeb Baccouche était là pour rappeler que même si la réunion des gouverneurs des instituts d’émission maghrébins n’était pas une structure de l’UMA, elle devait contribuer à faire avancer le processus de construction maghrébine né en février 1989 à Marrakech.
Hasard du calendrier, l’année 2019 marque le 30 ème anniversaire du Sommet de Marrakech au cours duquel les cinq chefs d’État du Maghreb ont paraphé le Traité constitutif de l’Union du Maghreb Arabe, après que la réunion du 10 juin 1988 à Zéralda (Algérie) l’avait préparé.