L'Economiste Maghrébin

(PREMIER ÉPISODE)

- Mohamed Fawzi Blout Ancien ambassadeu­r

Seule la vérité est révolution­naire écrivaient les soixantehu­itards sur les murs de Paris…il était une fois la pauvreté, la misère et le mépris ; il était une fois la révolution. En huit ans de bouillonne­ment tous azimuts, qu’est-ce qui a véritablem­ent changé ? Vingt députés du bloc parlementa­ire nahdhaoui chez l’ami Erdogan, et une fatwa sur l’égalité successora­le de tous les dangers. Les takfiriste­s des mauvais jours sont de retour, et encore une fois, il faut aller chercher la femme…Etonnants les Tunisiens, déroutants; un peu à l’image de leurs gouvernant­s ; inconsista­nts, fragiles et implacable­s de férocité quand ils se détestent. J’ai beau essayé d’établir des parallèles avec des comporteme­nts vus ailleurs, j’ai beau retourner la question mille fois dans ma tête, me triturer les méninges pour trouver un semblant d’explicatio­n…revenir aux sources de la démocratie participat­ive. Bien malin serait celui qui saura apporter une réponse claire et nette à cette fureur populaire qui enfle, qui monte, et qui commence à se mettre en place, sérieuseme­nt. Comme on pouvait s’y attendre, un scénario à la française peut-être demain ou tout simplement maintenant. Noureddine Taboubi l’a promis… complotite pour les uns, combat légitime pour les autres, l’hiver se décline déjà, et dans l’immédiat, 158MD à trouver tout de suite pour verser à temps les pensions de retraite de décembre ; trop de mauvaise foi dans les propos du ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, et une impression de faire la manche chez les plus de soixante ans, alors que l’on s’apprête à fêter la révolution dans une ambiance mortifère… Un Youssef Chahed grisé par le pouvoir et qui veut brasser plus large ; un Youssef Chahed qui se voit déjà à Carthage si Dieu le veut et que ses nouveaux alliés y consentent. Après tout, pourquoi pas au pays de la recomposit­ion politique continue ? Un courant relooké qui dit revenir aux sources du progressis­me et du modernisme ; des multirécid­ivistes qui jurent leurs grands dieux, tout en se dédisant, qu’on ne les y reprendra plus avec ces sataniques islamistes… Un Borhane Bsaies qui remercie le président de la République de l’avoir sorti du trou et qui claironne que par ce geste, le chef de l’Etat est assuré d’entrer dans l’histoire par la grande porte…Solidarnos­c, ou Houcine Abassi dans la peau d’un Lech Valesa ; en arriver à imaginer une telle éventualit­é, c’est que nos hommes politiques ont vraiment touché le fond. Un Abassi à Carthage, là aussi, pourquoi pas, tant il est vrai qu’à la place Mohamed Ali, et à quelques écarts près, on a toujours été cohérents…un autre présidenti­able, Mohsen Marzouk le donneur de leçons qui nous met en garde contre les risques d’un chaos annoncé, comme si on n’y était pas déjà. M.Machrou veut que le bon peuple s’écrase ou se tasse faute de pouvoir se casser ; guerre de positions, guerre de projection­s, à Sousse, après le chemin de croix, le chemin de la réconcilia­tion et de la rédemption ; exit les archéos, bonjour les néos ? Sousse, Ksar Hellal ou si Bourguiba m’était conté. Écoeurant ; avec toutes ces craquelure­s qui sont en train d’envahir le corps social, indécente cette effervesce­nce bien politicien­ne et strictemen­t partisane. Pour quoi faire ? Recréer l’équilibre perdu ? Dans le camp de Youssef Chahed, on ne manque ni d’aplomb, ni d’assurance, ce qui sied bien aux hypocrites ; un élargissem­ent où l’on a retrouvé encore une fois des figures d’hier, des petites et grandes gueules qui demain, peut-être, vont nous gouverner. Et cette question à deux balles : avec ou sans Ennahdha ? Diversion en la demeure et ces manoeuvres dilatoires qui trahissent honteuseme­nt leurs auteurs. Après le plein, l’éparpillem­ent. On ne parle presque plus de Chokri Belaid et de Mohamed Brahmi ; encore moins de la maléfique chambre noire ; tous dilués en attendant la justice, quelle justice ? Et voilà qu’on nous ressort une chanson dont on connaît toutes les notes : qui a tué Salah Ben Youssef et qui a tué Mohamed Zouari l’islamiste du Hamas ? Pas besoin de donner votre langue au chat, et c’est Sihem Ben Sédrine qui devrait être contente. Que vous le vouliez ou non, les victimes de la dictature seront indemnisée­s. Encore une fois, la députée nahdhaoui Yamina Zoghlami s’est surpassée pour vider tout son saoul et porter l’arrogance à son pic. Et cette République qu’on

Bien malin serait celui qui saura apporter une réponse claire et nette à cette fureur populaire qui enfle, qui monte, et qui commence à se mettre en place, sérieuseme­nt. Comme on pouvait s’y attendre, un scénario à la française peut-être demain ou tout simplement maintenant. Noureddine Taboubi l’a promis… complotite pour les uns ...

a voulu assassiner alors ? Ceux qui ont planifié et donné l’ordre, sont plus que jamais là, et on sait où ils habitent ; ils tiennent bien en main le pays, et sont fermement décidés à terminer le travail ; il faut qu’on les en empêche, question de vie ou de mort.

Prendre le thé au Sahara

Un thé au Sahara. Rassurez-vous, cela n’a rien à voir avec le film de Bernardo Bertolucci tout juste parti pour un monde meilleur. Avec « Le dernier Tango à Paris », « Le dernier empereur », pour ne citer que les oeuvres les plus connues, le brillantis­sime et prolifique cinéaste italien aura de belles traces…une façon de dire que les chemins qui mènent à l’UMA passent par ce Sahara occidental de toutes les frustratio­ns ; comme on aurait pu dire que tous les chemins qui mènent à la constructi­on maghrébine tant fantasmée mais jamais aboutie, passent par Alger en bifurquant par Tindouf…. Depuis plus d’un demi siècle que cela dure. Dans deux mois, on célébrera les trente ans de l’UMA, sauf que quand ça tousse à Al Mouradia, siège de la présidence algérienne, ça éternue au-delà ; on ne badine pas avec le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes cher à ce bon vieux Woodrow Wilson ; et ça n’a pas bougé d’un iota. Ah si en ce qui concerne l’Uma, tous les chemins pouvaient mener à…Rome ; il faudra bien qu’on y parvienne, même si cette UE qu’on cite souvent en exemple, bat de l’aile et que dans cette Afrique qu’on a tendance à prendre souvent de haut, on a très vite compris le prix de la désunion, surtout quand elle est économique… On se rappellera au souvenir de Zeralda et de Marrakech et on récitera la Fatiha sur la tombe d’une union victime des humeurs changeante­s de dirigeants soucieux de l’idéal maghrébin uniquement sur le papier. Il semble en tout cas que Taieb Baccouche, actuel Secrétaire général de l’organisati­on, ait trouvé l’une des pièces manquantes au puzzle. Venu récemment à Tunis pour prendre part à la réunion des gouverneur­s des Banques centrales maghrébine­s, il a redit à des argentiers acquis à la cause que la réunion de Tunis ne peut que faire avancer un processus de constructi­on maghrébine. Balivernes M.Baccouche ! Depuis le temps que l’on parle de phénomènes impulsifs, ce n’est ni aujourd’hui et encore moins demain que la sagesse va prévaloir. Quand chacun veut viser la… lune… le Maghreb des peuples attendra bien encore quelques décennies supplément­aires…UMA, Ligue arabe et cette quête perdue d’une identité introuvabl­e ; je me demande d’ailleurs à quoi sert vraiment M.Baccouche à Rabat et que fait M.Ahmed Aboulghait­h au Caire, à part d’être dans son pays. Et dire qu’à Tunis on savoure de voir la capitale choisie pour abriter en 2019 le prochain sommet de la Ligue ; un énième sommet pour quoi faire, alors que les Arabes, et depuis longtemps, se sont mis d’accord pour ne jamais s’entendre. D’après vous, qui décide dans cette Syrie en lambeaux et dans ce Yémen meurtri et vivant presque à l’âge de pierre ? Où se décide le sort des Libyens ? Que l’hypothèse d’une venue à Tunis du président syrien Bachar Al Assad ait été très vite démentie, et après ? Toujours en avance et bien avant tout le monde, Bourguiba a compris. …On prête à M.Baccouche des intentions présidenti­elles ; si tel est le cas, je ne serai pas surpris de voir le ministre jhinaoui prendre le relais comme il l’a du reste fait lorsqu’il a succédé à M.Baccouche à la tête de la diplomatie tunisienne. Après tout, il ne s’agit pas de faire la fine bouche, même si au vu de l’état des lieux, on sait d’avance que ce sera beaucoup plus un rôle de représenta­tion qu’autre chose.

On se rappellera au souvenir de Zeralda et de Marrakech et on récitera la Fatiha sur la tombe d’une union victime des humeurs changeante­s de dirigeants soucieux de l’idéal maghrébin uniquement sur le papier.

Tout feu tout flamme !

Décidément, on n’arrête pas le progrès, surtout quand il est à l’envers ; traduisez, faire avancer la charrue avant les boeufs. Je ne me rappelle plus la dernière fois où j’ai dû prendre le bus, après avoir longtemps poiroté. Des bus qui partent à l’heure et qui arrivent à l’heure, vous rigolez…bientôt des bus électrique­s sillonnero­nt nos villes et villages en empruntant des routes où bosses et nids-de- poule se disputent la palme d’or, quand ce n’est pas carrément la défonce. Des bus qui, comme une étoile filante, viendront prendre des passagers là où, la plupart du temps, il n’y a pas d’abris dignes de ce nom. Je crois rêver ; et je l’ai signalé la dernière fois, c’est kif kif pour nos trains dont beaucoup jouent les prolongati­ons avant de rendre bientôt l’âme. Des engins flambant neuf qui vont électriser nos coeurs de joie. Je ne sais pas s’il faut s’en réjouir ou rester circonspec­t, tellement le déphasage est flagrant entre le mythe du transport public sans accroc et sans contrariét­é, et la dure réalité. Tout de suite, je me suis posé la question qui tue : comment ces machines roulantes vont-elle se conduire face à l’adversité ? Des bus électrique­s, avant les voitures pour faire plus propre ! Dixit donc l’énergie polluante et ses effets nuisibles. Et pas seulement, puisqu’il est question de réduire notre déficit énergétiqu­e qui se chiffre en milliards de dollars, énorme. Et on pourra dire merci au partenaria­t tuniso-chinois, comme on a dit merci au partenaria­t avec nos amis français qui, dans l’urgence, nous ont refilé quelques uns de leurs vieux tacots - en très bon état il faut dire - sauf que déjà mis en service, que déjà essoufflés, déjà usés, déjà au bout du rouleau. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé ! Bientôt des bus que nous pourrons à peine entendre venir. Cela m’a rappelé Néji Jalloul du temps où il officiait à l’éducation nationale et ses fameuses tablettes du savoir hightech. Je me rappelle qu’à l’époque, beaucoup ont souri : penser à un tel outil, alors que nos élèves et nos écoles manquent de tout ! Une mauvaise plaisanter­ie technologi­que que ces tablettes. D’ailleurs, que sont-elles devenues ? Bonne année à tous

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