Le Pacte mondial sur les migrations Le Maghreb est des plus concernés
Même s’il n’est pas contraignant, le Pacte mondial sur les migrations, dit « Pacte de Marrakech », constitue une avancée en vue d’une coopération internationale pour une « migration sûre, ordonnée et régulière ».
La migration n’est pas au Maghreb un phénomène secondaire ou anodin. Les côtes maghrébines, notamment libyennes et marocaines, sont devenues au fil du temps des points de passage importants de la migration clandestine à destination de l’Europe. La région est certes un espace géographique d’où viennent nombre de migrants, maghrébins, mais aussi, et de plus en plus, originaires de l’Afrique subsaharienne. Le Maghreb est même en passe de constituer, de ce fait, une région où viennent s’installer durablement des Subsahariens.
Le Pacte mondial sur les migrations, adopté le 10 décembre 2018, à Marrakech, par 150 pays, réunis en conférence intergouvernementale, ne pouvait ne pas intéresser gouvernements et opinion publique de la région maghrébine.
Même s’il est purement formel et non contraignant, il ne constitue pas néanmoins un document de référence en matière de migration à l’échelle mondiale. Il assure une collaboration entre Etats en vue de mieux réguler le phénomène et de protéger le droit des migrants. Un texte qui entend renforcer une coopération internationale pour une « migration sûre, ordonnée et régulière ».
Un événement qui a été pour l’hôte de la conférence, le Maroc, l’occasion de réaffirmer des principes et des crédos largement
partagés par tous ceux qui inscrivent leurs politiques et leurs actions sur la voie du bon sens.
Le message du Roi Mohamed VI, lu devant les délégués des pays présents à la conférence de Marrakech, a notamment mis en exergue trois idées-forces. La première d’entre elles est que « la question migratoire n’est pas - et ne devrait pas - devenir une question sécuritaire ». En expliquant que « répressive, elle n’est nullement dissuasive. Par un effet pervers, elle détourne les dynamiques migratoires, mais ne les arrête pas ».
«La résorption des causes profondes des migrations PRÉCAIRES »
Deuxième idée-force : « La question de la sécurité ne peut davantage faire l’économie de politiques de développement socioéconomique, tournées vers la résorption des causes profondes des migrations précaires ».
Enfin, la troisième consiste en une « solidarité responsable » au sujet de la question de la migration. Et le souverain chérifien de soutenir que « le défi de cette conférence est donc d’unir, face aux populismes, de rassembler, face à l’isolationnisme et d’apporter, par le dialogue et la coopération internationale, des réponses structurantes à un enjeu majeur de notre temps ».
Ce dernier message va, à notre sens, sans doute, parler à certains gouvernements et mouvements d’extrême-droite et populistes, qui ont diabolisé le Pacte mondial sur les migrations, soucieux d’en faire un plat de résistance des prochaines élections européennes de 2019.
Un combat – on ne cessera de le dire - qui ne peut qu’aller à contre-courant des mutations qui se dessinent et qu’aucun responsable européen ne peut nier. Dont le fait que rien ne peut arrêter des femmes et des hommes décidés à émigrer, même au péril de leur vie.
Ensuite, que le Vieux continent se dépeuple et a déjà besoin de main-d’oeuvre. Enfin, que les Européens ne peuvent compter sur une collaboration des pays d’origine des migrations tant qu’ils n’agissent pas efficacement pour développer les pays du Sud. Ce qu’ils tardent évidemment à faire