LA LOI POUR DES ROUTES MOINS MEURTRIÈRES ET POUR SAUVER DES VIES
De tout temps, l’homme a cherché à réduire les distances et à faciliter les échanges. Cherchant à se déplacer toujours plus rapidement, il a appris au fil des époques et avec les moyens dont il dispose, à développer toutes sortes d’engins et de véhicules, dont les plus aboutis sont ceux de notre époque contemporaine.
Toujours plus performants et plus autonomes, les véhicules qui permettent nos déplacements ont profondément modifié nos modes de vie.
Seulement de nos jours, le trafic routier, initialement imaginé et conçu pour rendre les déplacements moins difficiles, est paradoxalement devenu un lieu où nombre de drames sont vécus quotidiennement. En effet, tous les jours et partout dans le monde, des vies sont perdues inutilement en raison de négligence et du non-respect des règles élémentaires du Code de la route.
Il s’agit d’un triste constat qui ressort du Rapport de situation OMS sur la sécurité routière dans le monde 2018.
A l’échelle mondiale, le nombre de morts sur les routes continue en effet de grimper pour atteindre 1,35 million en 2016, soit près de 3700 décès par jour, et plus de 50 millions de blessés enregistrés tous les ans.
Le rapport indique cependant que les taux de décès par rapport à la taille de la population mondiale se sont stabilisés ces dernières années.
Avec un taux de 2.5% de l’ensemble de toutes les causes de décès, les décès sur les routes représentent la huitième principale cause de décès (pour tous les groupes d'âge) dépassant ainsi le VIH / Sida , la tuberculose (2.3 %) et les maladies diarrhéiques (2.4 %) . Les plus vulnérables sont ceux qui en payent le prix fort, les accidents de la voie publique étant en effet, à l’heure actuelle, la principale cause de décès chez les enfants et les jeunes adultes âgés de 5 à 29 ans. Le rapport souligne ainsi l’urgence de repenser les programmes actuels de santé, qui ont très longtemps mis au second plan la question de la sécurité routière des enfants.
Les inégalités entre les régions du monde ressortent, une fois de plus, les pays à revenu faible enregistrant en effet un taux moyen de 27.5 décès pour 100 000 habitants, tandis que la moyenne est de 8.3 décès pour 100 000 habitants dans les pays à revenus élevés.
Les routes africaines sont malheureusement les plus meurtrières avec une moyenne de 26.6 décès pour 100 000 habitants, suivie de l’Asie du Sud-Est qui compte une moyenne de 20.7 décès pour 100 000 habitants. L’Amérique du Nord et l’Europe comptent les taux les plus bas avec des moyennes respectives de 15.6 et 9.3 décès pour 100 000 habitants.
Ainsi les pays à faibles revenus, qui comptent le moins de véhicules, déplorent paradoxalement le plus grand nombre de victimes. « Alors que 13 % des morts sur les routes sont dénombrés dans les pays à faibles revenus, les véhicules qui y circulent ne représentent que 1 % du parc mondial », indique le rapport.
En Tunisie, les accidents mortels survenus sur les routes pour l’année 2016 sont au nombre de 1 443 (88% d’hommes, 12% de femmes) d’après les données de l´Observatoire National de Sécurité Routière. L’OMS, estime de son côté à 2 595 le nombre de décès sur les routes ( pour l’année 2016) soit un taux moyen de 22.8 décès pour 100 000 habitants… loin des moyennes honorables enregistrées dans les pays qui misent avec le plus grand sérieux sur la prévention.
Le rapport met en exergue les principaux axes d’actions qui convergent autour d’une idée principale : la mise en place d’une législation garantissant une meilleure sécurité sur les routes ( limitation de vitesse, interdiction de l’alcool au volant, respect du port de la ceinture de sécurité, port du casque pour les motocyclistes , mise en place de dispositifs de sécurité pour les enfants). Des infrastructures plus sûres, comme les trottoirs et les pistes réservées aux deux-roues jouent un rôle fondamental dans la prévention de même que l’amélioration des normes des véhicules, telles que le contrôle électronique de la stabilité (ESC), les systèmes avancés de freinage (ABS); et une amélioration des secours après l’accident.
Dans les pays où les accidents de la voie publique sont fréquents, les lois visant à prévenir les risques, bien qu’établies, ne sont pas respectées ou pas suffisamment. Serait-il temps de réaliser enfin que si les moyens mis en place pour faire respecter les lois sont élevés, le prix des conséquences relatives aux accidents de la route en termes de soins de santé, d’invalidité mais surtout en termes de vies humaines l’est encore plus ?
Les progrès réalisés en termes de sécurité routière dans les pays à revenus élevés montrent bien qu’il est possible d’y parvenir à condition d’agir sur les mentalités et de veiller au strict respect des lois. Car, en effet, les pays où les progrès sont les plus marqués, sont les plus intransigeants vis-àvis de la loi mais sont aussi ceux qui oeuvrent à engager la responsabilité de chacun vis-àvis de cette question et vis-à-vis des autres. La sécurité routière n’étant pas seulement l’affaire des acteurs qui travaillent sur cette problématique, mais bel et bien l’affaire de toutes et de tous