Louise De Sousa, ambassadrice du Royaume-Uni à Tunis
Louise De Sousa, ambassadrice du Royaume-Uni à Tunis
« Des innovations dans le marché de l’investissement sont nécessaires »
Les Anglais sont de retour : Oulblié « l’horrible attentat » de Sousse de 2015 qui a coûté la vie à plus de 30 Britanniques ? Pas nécessairement. La mémoire des gens est, certes, courte mais cela ne saurait expliquer l’arrivée massive de plus de 100 000 touristes à fin novembre 2018. On devine que derrière cette salutaire normalisation il y a une nette volonté de part et d’autre de réchauffement des relations de cooprération qui expriment et incarnent les diplomates des deux pays. Louise De Sousa, ambassadrice du Royaume-Uni - qui s’apprête à quitter l’UE via le Brixit - a à coeur la réussite de la transition démocratique et économique de la Tunisie. Elle est pour beaucoup dans ce dégel. Elle détaille pour nous la nature, les aspects, les modalités et les moyens de cette coopération. Interview.
Vous l’annonciez-vous, il y a peu, l’effort britannique en matière de coopération va désormais au-delà de l’aspect sécuritaire et vise, désormais, la promotion de l’entrepreneuriat, notamment chez les jeunes et les femmes, des stages de formation, en particulier pour les agents de l’Etat, le développement régional et l’éducation. Serait-ce pour mieux assurer le succès de la transition démocratique ?
Oui, bien sûr, et vous avez raison de le mentionner, le développement économique est primordial. Je me réjouis du fait que nous avons eu une saison touristique très réussie. Nous avons lancé une nouvelle commission bilatérale mixte concernant l’enseignement supérieur, et toute une nouvelle initiative pour renforcer les liens éducationnels entre les deux pays. Nous avons eu avec la Tunisie un forum de commerce et d’investissement à Londres avec au moins un contrat signé par une compagnie tunisienne. Nous avons eu également un investissement tunisien à Londres et un contrat de partenariat signé entre Vodafone et Tunisie-Télécom.
C’est une première pour Vodafone dans la région, une approche complètement nouvelle avec beaucoup de potentiel qui vise à présenter de nouveaux services pour les clients de Tunisie-Télécom
Depuis la révolution, nous avons tout d’abord mis l’accent sur la promotion de la démocratie et de la transition démocratique. Ensuite, après les attentats de 2015, la priorité était devenue essentiellement sécuritaire. Car la sécurité est la base de tout développement politique, démocratique, économique, social. Pour les Britanniques, que ce soit pour investir ou pour passer des vacances en Tunisie, la sécurité est indispensable.
2015 était un grand choc pour nous tous et la Tunisie a décidé de travailler étroitement avec ses partenaires, et c’est grâce à cette étroite collaboration que nous avons pu faire face au danger terroriste. La menace existe toujours et il faut rester vigilant. Nous continuons à travailler ensemble dans le cadre de cet excellent partenariat.
En novembre, il y a eu la visite du ministre de l’Intérieur tunisien à Londres où il a eu des séances de travail avec son homologue britannique. Notre pays aussi a connu des attentats horribles. La menace nous vise tous les deux et nous devons l’affronter ensemble. Nous sommes solidaires avec les forces de sécurité tunisiennes qui sont fréquemment attaquées par les groupes terroristes.
La seconde priorité pour nous est la question économique. L’économie tunisienne passe par une période difficile. S’il faut créer des emplois, il faut aussi et surtout résoudre les problèmes de l’employabilité. Les femmes tunisiennes réussissent bien leurs études. Il y a bon nombre de femmes diplômées. Le marché de l’emploi tunisien ne reflète pas cette réalité dans le sens où les deux tiers des diplômés sont des femmes, mais celles-ci n’ont droit qu’à un tiers des emplois. C’est une perte de potentiel humain et une perte en matière d’investissement dans la formation des cadres féminins.
L’autre problème de l’employabilité en Tunisie est qu’il y a plein d’offres d’emplois qui ne trouvent pas de répondeur, car les personnes à la recherche d’emploi n’ont pas les compétences demandées. Il y a une inadéquation entre offre et demande d’emploi.
C’est pour cela que nous avons mis l’accent cette année, et nous le mettrons dans les années à venir, sur l’éducation pour l’emploi. Nous avons un programme avec le ministère de l’Education sur l’enseignement de la langue anglaise. Il concerne la formation des enseignants et des inspecteurs d’écoles pour améliorer la qualité de l’enseignement, ainsi que les méthodes pédagogiques.
Avec les nouvelles méthodes d’enseignement, on peut utiliser le véhicule de la langue anglaise pour l’enseignement dans les domaines recherchés par les employeurs. Nous avons également renforcé notre coopération avec le ministère du Travail.
Est-ce qu’on peut imaginer qu’un certain nombre d’enseignants britanniques viennent enseigner l’anglais dans les écoles publiques, comme ce fut le cas dans les années 1960 ?
Il serait plus rentable de compter sur la formation d’enseignants tunisiens. Le British Council a développé un programme de formation en ligne pour les enseignants. Ils ont aussi un programme qui cherche à développer un partenariat entre les écoles et les professeurs tunisiens et les écoles et les professeurs britanniques. Il y a une série d’initiatives tendant à renforcer les opportunités pour les enseignants tunisiens, le but étant de leur permettre un contact et un échange d’expériences avec leurs homologues britanniques.
La question de la mobilité au niveau de l’enseignement supérieur fait partie de notre ambition pour le renforcement des liens entre les deux systèmes. Peut-être il y aura une opportunité pour les professeurs, parmi d’autres professionnels, d’étudier en Angleterre. En même temps nous désirons voir des étudiants britanniques ici en Tunisie.
Il y a en Tunisie des universités et écoles supérieures d’excellent niveau qui produisent
beaucoup d’ingénieurs et de médecins, et où on décèle des opportunités de collaboration dans la recherche, dans l’enseignement etc. C’est pour explorer de telles idées que nous avons créé une commission mixte qui nous conseillera sur les meilleurs moyens de réaliser des progrès dans notre collaboration bilatérale le plus rapidement possible.
Nous essayons de voir dans quelle mesure le système d’enseignement britannique peut soutenir les réformes éducatives envisagées par le système d’enseignement tunisien.
L’année dernière il y a eu 100.000 touristes britanniques, cela nous donne 100.000 opportunités pour les Tunisiens de parler anglais…
Oui, dans les zones touristiques, il y en a qui apprennent l’anglais rien que pour pouvoir communiquer avec les touristes britanniques. Cela dit, nos touristes sont très contents de visiter la Tunisie où ils passent de très bonnes vacances. La saison estivale a été très réussie, et cela continue. Il y a des groupes de touristes qui ont commencé à arriver en novembre à Sousse et à Hammamet. Les opérateurs du tourisme disent que les demandes pour l’année prochaine sont très prometteuses. Et Thomas Cook a décrit la Tunisie comme « la destination Etoile pour 2019 ».
Y a-t-il du nouveau en matière de partenariat pour promouvoir l’entrepreneuriat ?
Oui, 1500 emplois ont été créés à cet effet. Pour la troisième édition, nous avons 171 lauréats dans le programme avec une perspective de créer 1600 autres emplois. C’est un programme prometteur qui démontre qu’il y a de bons modèles de création d’emplois.
La Tunisie est à la recherche d’un modèle économique. Le modèle qui a prévalu jusqu’ici ne répond pas aux besoins du pays. Les attentes des jeunes d’aujourd’hui ne sont pas les attentes des jeunes d’hier. D’où la nécessité d’investir dans l’employabilité, dans l’entrepreneuriat. Il faut créer cet esprit d’entrepreneuriat parmi les jeunes, et de montrer qu’il y a des personnes un peu partout dans le pays qui sont en train d’entreprendre.
Pour nous, le moteur de la croissance durable, c’est le secteur privé. Nous sommes prêts à offrir notre assistance technique pour aider la Tunisie à mettre en oeuvre les réformes nécessaires pour faciliter l’action du secteur privé. Nous répondons toujours volontiers aux besoins identifiés par nos partenaires tunisiens. Nous nous tenons à vos côtés pour vous aider.
Pendant sa visite, en septembre dernier en Tunisie, le représentant de UKEF (United Kingdom Export Finance), M. Vomic Nur Shah, a présenté aux responsables tunisiens des projets qualifiés d’ambitieux. Il a parlé d’une ligne de crédit de deux milliards de livres sterling pour dynamiser les échanges bilatéraux et l’investissement en Tunisie. Y a-t-il eu quelques concrétisations depuis ?
Il y a eu depuis des discussions sur un certain nombre de projets qui peuvent être soutenus par ces mécanismes de coopération. Je n’ai pas beaucoup de renseignement sur l’évolution de ces négociations, mais je suis optimiste et je sens qu’il y a un intérêt croissant pour la Tunisie parmi les investisseurs britanniques. Les réformes qui ont été achevées, les avantages offerts par le code d’investissement, autant de facteurs qui sont de nature à renforcer la confiance des investisseurs britanniques.
Par ailleurs, nous avons lancé un programme de coopération technique avec ‘Tunisia Investment Authority’, le FIPA, qui vise à accroître sa capacité de travail sur le marché britannique et d’autres marchés afin de pouvoir attirer les bons investisseurs. Nous prévoyons pour l’année prochaine une conférence pour l’investissement où nous espérons une forte présence britannique.
Il y a eu une conférence l’année dernière, beaucoup de promesses ont été faites, mais très peu de réalisations…
Oui, mais vous savez ce genre de processus prend du temps. Evidemment, nous préférons que ce processus soit accéléré. Pour ce faire, des innovations dans le marché de l’investissement sont nécessaires. Il faut mettre en oeuvre les mesures que le gouvernement a prises et que le Parlement a votées afin de faciliter la tâche aux investisseurs locaux et étrangers.
C’est plus facile à dire qu’à faire…
Oui, mais je peux vous citer le partenariat entre Tunisie-Télécom et Vodafone, l’exemple des sociétés britanniques intéressées par les projets des énergies renouvelables et qui ont répondu aux appels d’offres, c’est dire que les opportunités existent.
Vous êtes diplomate en Tunisie et vous êtes en train de vivre une expérience inédite dans ce pays. Pour nous Tunisiens, cela fait huit ans que cette transition dure. Si on n’a pas échoué, on ne peut pas dire non plus qu’on a réussi. Quelle évaluation faites-vous de la transition ?
Vous savez, huit ans ce n’est pas beaucoup pour une transition. Je pense qu’il
faut célébrer les réalisations accomplies déjà par cette transition démocratique. Il y a un débat très intéressant sur l’échelle des droits de l’Homme par exemple. Un tel débat est de nature à libérer tout le potentiel des forces vives du pays. Je peux citer aussi les élections municipales qui ont eu lieu, avec un peu de retard certes, mais qui se sont déroulées pacifiquement et ont permis l’élection d’un grand nombre de jeunes et de femmes. Le paysage politique est diversifié, et tous ces exemples sont pour moi des facteurs qui incitent à l’optimisme.
L’année prochaine sera une année très importante. C’est l’année de la deuxième élection depuis l’adoption de la Constitution de 2014. Ce sera un moment fort pour le raffermissement du processus démocratique. Je reconnais que les Tunisiens attendent toujours les résultats concrets sur le plan socioéconomique. Ils attendent des améliorations au niveau de l’emploi et de la croissance inclusive. Je reconnais aussi que la situation est difficile et affecte beaucoup les ménages. Mais je reconnais également que la Tunisie a les moyens de faire face à la situation et de s’en sortir.
La Tunisie a les moyens, mais elle a aussi des amis dont elle attend de l’aide en ces temps difficiles…
Oui, nous en sommes conscients, et c’est pour cela que nous avons mis l’accent sur l’aide économique. Jusqu’en 2017, nous avons déboursé 24 millions de livres sterling, soit 71 millions de dinars. Si on ajoute les montants investis cette année, le montant total depuis 2011 s’élèvera à 39 millions de livres sterling, soit 146 millions de dinars.
Comme vous pouvez le voir, il y a une trajectoire rapide et positive concernant notre investissement ici. Cela dit, le problème est moins de verser de l’argent que de soutenir le pays avec un esprit de partenariat, avec l’échange d’expertises, la transmission des expériences innovantes, et ce, dans le but d’aider le système démocratique, le gouvernement et la société civile à trouver des solutions tunisiennes pour le peuple tunisien.
La Tunisie est à la recherche d’un modèle économique. Le modèle qui a prévalu jusqu’ici ne répond pas aux besoins du pays.
La Tunisie a connu et connaît encore des difficultés en cette période de transition. Vous avez relevé beaucoup de défis pacifiquement et dans le cadre du dialogue. Vous avez un bon secteur privé, des fonctionnaires compétents, des médias libres et des débats vibrants sont engagés. Tous ces éléments sont pour moi des facteurs d’optimisme et, encore une fois, nous sommes à vos côtés pour vous aider.
Les attentes des jeunes d’aujourd’hui ne sont pas les attentes des jeunes d’hier. D’où la nécessité d’investir dans l’employabilité, dans l’entrepreneuriat. Il faut créer cet esprit d’entrepreneuriat parmi les jeunes, et de montrer qu’il y a des personnes un peu partout dans le pays qui sont en train d’entreprendre.
Le problème est que tout le monde veut entreprendre, mais rares sont ceux qui réussissent. Tous les responsables politiques vous disent qu’ils veulent développer cet esprit d’entrepreneuriat, mais il y a un obstacle : la bureaucratie étatique…
Cela fait partie de la transition économique. Nous sommes passés par là aussi. Mais il faut persévérer et faire tomber les barrières qui se dressent devant les jeunes et entravent cet indispensable esprit d’entrepreneuriat. Il faut élargir les opportunités à d’autres secteurs d’activités.
Sur un autre plan, il faut intensifier les échanges avec les pays du voisinage et les pays amis. Pour notre part, nous sommes déterminés à intensifier nos échanges commerciaux avec la Tunisie. Nous avons fait des recherches et découvert que, concernant les marchés, il y a une méconnaissance de part et d’autre. Pour cette raison, nous avons lancé une initiative avec le CEPEX et avec la Chambre de Commerce mixte tunisobritannique pour une meilleure connaissance des besoins et des opportunités des deux marchés. Nous travaillons en étroite collaboration avec ces deux organismes pour donner des conseils, faciliter les contacts entre les deux secteurs privés et les deux gouvernements, le but étant de sortir des sentiers battus et réaliser ce que le secteur privé fait de mieux.
En Grande-Bretagne, nous sommes très attachés au libre-échange dans le monde, car l’histoire nous enseigne que la liberté du commerce et la prospérité sont intimement liées. Il y a sans doute des consommateurs britanniques qui pourraient adorer les produits tunisiens, mais c’est à vous de faire le marketing et faire connaître vos produits sur le marché britannique, le cinquième marché du monde et le deuxième en Europe. Pourtant, on trouve très peu de produits tunisiens en Grande-Bretagne.
Dans une précédente rencontre avec l’Economiste, vous aviez affirmé que le Brexit est bénéfique pour la Tunisie. Maintenez-vous toujours cette affirmation à la lumière des complications qui se sont déclarées depuis et qui réduisent les chances d’une bonne sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ?
Oui, la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne constitue une grande opportunité pour la Tunisie. Le gouvernement britannique est clair : notre sortie de l’UE sera effective le 29 mars prochain. Nous avons un accord de sortie et une nouvelle vision de partenariat avec l’Union européenne. Les 27 gouvernements sont d’accord. C’est vrai qu’au niveau du parlement britannique, l’incertitude règne pour le moment, mais le gouvernement est déterminé à mener à bien le Brexit à l’échéance du 29 mars.
Sur le plan des relations de nos deux pays, nous sommes en négociation avec le
gouvernement tunisien en vue de transformer l’accord d’association entre la Tunisie et l’UE en un accord bilatéral tuniso-britannique. Il y aura une période transitoire jusqu’en 2020 au cours de laquelle rien ne change, et dès la fin de cette période transitoire, nous procéderons à la signature d’accords bilatéraux. Mais même avec les termes d’échange actuels, il y a un plus pour la Tunisie. Il y aura les quotas pour la Grande-Bretagne en plus des quotas pour l’Union européenne. Il y a aussi de la place sur le marché britannique pour les produits non soumis au système des quotas. Pourquoi ne pas commencer dès maintenant à explorer ces opportunités ?
Y a-t-il des initiatives en cours à ce niveau ?
Il y a les deux projets d’assistance technique concernant l’investissement et la promotion des exportations dont j’ai parlé. Il y a eu en septembre 2017 et en novembre 2018 à Londres des forums pour l’investissement, et en février prochain, nous attendons la visite de l’envoyé spécial du Premier ministre pour le Commerce avec une délégation d’hommes d’affaires. En été, il y a eu la visite de la secrétaire britannique pour le Développement international. Elle a discuté avec les responsables tunisiens des opportunités de collaboration. Donc comme vous le voyez, l’échange des visites est maintenu à un rythme soutenu.
Pour nous, le moteur de la croissance durable, c’est le secteur privé. Nous sommes prêts à offrir notre assistance technique pour aider la Tunisie à mettre en oeuvre les réformes nécessaires pour faciliter l’action du secteur privé. Nous répondons toujours volontiers aux besoins identifiés par nos partenaires tunisiens. Nous nous tenons à vos côtés pour vous aider.
Sur le plan énergétique, nous sommes toujours présents en Tunisie. Il y a Shell qui a racheté British Gas. La Grande-Bretagne a toujours été présente dans le secteur des hydrocarbures, qu’il faut diversifier. Et là, je suis contente que des entreprises britanniques s’intéressent au secteur des énergies renouvelables en Tunisie.
Nous sommes aussi présents dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Il serait intéressant par exemple d’impliquer le secteur privé dans les recherches qui pourraient être commercialisées.
Récemment, j’ai visité une usine d’électronique en Tunisie. C’est une compagnie britannique qui emploie 680 personnes. Spécialisée dans les nouvelles technologies, cette entreprise ambitionne d’élargir encore plus ses activités en Tunisie. Ce genre de partenariat tuniso-britannique est très important. J’étais vraiment contente de voir les centaines d’employés, dont plusieurs femmes présentes non seulement dans la production, mais aussi dans la supervision.
La Tunisie est directement menacée par l’instabilité en Libye. La Grande-Bretagne est-elle impliquée dans la recherche de la paix dans ce pays ?
C’est vrai que l’économie tunisienne peut être affectée par les facteurs exogènes. Oui, nous sommes très impliqués en Libye. Nous soutenons fortement les efforts du représentant spécial des Nations unies. Il est en train de mettre en oeuvre un plan réaliste consistant à réunir les différentes parties libyennes pour résoudre le problème lancinant de l’instabilité. La solution ne peut être que politique et ne peut provenir que des Libyens eux-mêmes. Le rôle de la Communauté internationale est de soutenir les efforts de paix et d’oeuvrer pour le rapprochement des différentes factions libyennes et de les encourager à faire preuve de souplesse et de consentir des compromis. Une chose est sûre, il n’y a pas de solution militaire en Libye.
Ce que la Tunisie a réalisé pacifiquement demeure un exemple, pas seulement pour la Libye d’ailleurs. Un exemple qui démontre ce que l’on est capable de faire quand la bonne volonté est présente. Il ne faut pas perdre de vue l’idée que la démocratie est le seul système qui permet de résoudre pacifiquement les différends.
Au nom de la démocratie, la Grande-Bretagne a hébergé et aidé pendant de longues années les organisations islamistes de divers pays. Votre vision de l’islam politique a-t-elle changé ?
Ce qui est important, c’est que tous les partis politiques, y compris les partis islamistes, agissent en tant qu’acteurs démocratiques. Le parti islamiste représente une partie du peuple tunisien et il a le droit d’agir en leur nom sur la scène politique dans le respect des règles et des principes de la démocratie. L’essentiel, c’est d’agir dans la scène politique tout en respectant les règles du jeu.
L’ennui, c’est que l’islam politique utilise la démocratie pour ensuite tuer la démocratie. Vous avez l’exemple de l’Iran ou du Soudan. Dès qu’un parti islamiste renforce ses positions au pouvoir, il déclare aussitôt la démocratie impie.
Le parti islamiste en Tunisie est différent. Il a démontré qu’il est pour la démocratie. L’important c’est qu’il respecter la Constitution
Un message pour les Tunisiens en cette fin d’année ?
La Tunisie a connu et connaît encore des difficultés en cette période de transition. Vous avez relevé beaucoup de défis pacifiquement et dans le cadre du dialogue. Vous avez un bon secteur privé, des fonctionnaires compétents, des médias libres et des débats vibrants sont engagés. Tous ces éléments sont pour moi des facteurs d’optimisme et, encore une fois, nous sommes à vos côtés pour vous aider.
Un mot sur le problème des visas ?
La demande de visa est régie par un système de procédures que le demandeur est tenu de respecter. 96% des demandes de visa sont traités dans les délais et 80% des demandes ont des réponses positives. Nous essayons toujours de simplifier le système pour plus d’efficacité et de célérité. Nous avons intérêt à ce qu’il y ait un grand flux de Tunisiens vers la Grande-Bretagne et un grand flux de Britanniques vers la Tunisie. C’est le seul moyen pour nos deux peuples de se connaître, car plus on se connaît, mieux on coopère