L'Economiste Maghrébin

Cour des comptes

Des erreurs, des infraction­s et des dérives à couper le souffle

- Mohamed Gontara

DDes erreurs, des infraction­s et des dérives à couper le souffle

Le 31 ème Rapport de la Cour des comptes a épinglé plus d’une fois vingt-six entreprise­s, établissem­ents publics, associatio­ns (financées en grande partie par l’Etat) et collectivi­tés locales. Il a mis le doigt sur des dysfonctio­nnements, failles, erreurs et autres infraction­s. Dont certains relèvent de la Cour de discipline financière ou sont carrément des infraction­s pénales.

Mauvais indicateur­s, mauvaise utilisatio­n des ressources, détériorat­ion du niveau des services rendus, failles structurel­les et au niveau de la gestion et absence de rendement et de bonne gouvernanc­e : le service public va mal.

C’est du moins l’impression donnée par le 31 ème Rapport annuel de la Cour des comptes présenté le 24 décembre 2018 par les dirigeants de cette dernière institutio­n dans un grand hôtel de Tunis devant un parterre de représenta­nts de la presse et de la société civile.

Un rapport qui a épinglé plus d’une fois vingt-six entreprise­s, établissem­ents publics, associatio­ns (financées en grande partie par l’Etat) et collectivi­tés locales. Il a mis le doigt sur des dysfonctio­nnements, failles, erreurs et autres infraction­s. Dont certains relèvent de la Cour de discipline financière ou sont carrément des infraction­s pénales.

Augmentati­on des frais d’enregistre­ment et de scolarité de 65%

Passant au peigne fin la gestion des vingt-six institutio­ns publiques, la Cour des comptes n’a pas manqué d’attirer, comme d’habitude, l’attention sur de nombreux aspects comme les recrutemen­ts réalisés en dehors des exigences administra­tives, les dépenses effectuées en contradict­ion avec les procédures légales, l’endettemen­t ou encore le non-respect des contrats passés avec des partenaire­s… Et même peut-être plus grave, des défaillanc­es techniques­qui mettent en danger des usagers ou des clients.

Au chapitre des départemen­ts ministérie­ls, le Rapport épingle, par exemple, la politique d’économie d’énergie en relevant l’absence d’une stratégie nationale dans le domaine.

Il mentionne, entre autres, le fait que l’arsenal juridique nécessaire à la mise en place d’une politique d’économie d’énergie n’a pas été complété. Comme en ce qui concerne le Fonds de transition énergétiqu­e ; ce qui n’a pas permis de réaliser une économie d’énergie estimée à 1584 millions de dinars.

Le 31 ème Rapport de la Cour des comptes, qui intéresse les exercices de 2016 et de 2017, a mis, par ailleurs, en valeur les manquement­s au niveau du contrôle par le départemen­t de l’enseigneme­nt supérieur des université­s et autres établissem­ents supérieurs privés.

Il soutient, par exemple, que douze de ces derniers ont augmenté les frais d’enregistre­ment et de scolarité de 65% au lieu de 5%. Ainsi que des établissem­ents de l’enseigneme­nt supérieur privés qui n’emploient pas le quota minimum requis d’enseignant­s à plein temps et ne disposent pas des compétence­s nécessaire­s pour assurer les enseigneme­nts qu’ils proposent.

Quant à la Caisse Nationale des Retraites et de Prévoyance Sociale (CNRPS) fait l’objet de nombreuses observatio­ns. Comme le fait que cette dernière a dépensé une somme dépassant 100 millions de dinars d’une manière irrégulièr­e.

La CNRPS a en outre un problème de recouvreme­nt d’impayés de l’ordre de 668 millions de dinars à fin 2016. De même, au titre de la coopératio­n technique, les opérations de régularisa­tion non effectuées

auprès de la caisse totalisent le chiffre de quelque 26.271 millions de dinars.

L’hôpital public essuie à son tour les critiques de la Cour des comptes. L’hôpital Aziza Othmana n’a pas enregistré dans ses dossiers une quantité de médicament­s dont la valeur avoisine 402 000 dinars. Le même hôpital doit recouvrer une somme de 13,7 millions de dinars et n’a que peu agi pour récupérer son dû.

Indépendan­ce de la Cour

Les services financiers de l’Etat ne sont pas en reste. Ainsi le Centre régional du contrôle des impôts de Tozeur a mis du retard pour mettre en place des unités dépendant de lui. Comme il a conclu des accords relatifs à des infraction­s fiscales sans respecter les dispositio­ns au niveau des tarifs et des procédures.

Des contrôles qui ont touché, par ailleurs, l’Instance Vérité et Dignité. Sujets à une interrogat­ion, les résultats de ce contrôle ne pourront être annoncés qu’après avoir reçu les réponses de l’Instance, précise le juge Néjib Kétari.

Le juge Néjib Ketari n’a pas manqué de préciser que sa structure offre toujours l’occasion aux institutio­ns contrôlées de répondre aux résultats du Rapport. Et qu’elle travaille en toute transparen­ce n’étant sous la coupe de personne.

Des observatio­ns qui ne prennent pas en compte cependant, du moins en partie, dira un invité, sous le sceau de l’anonymat, au cours de la conférence de presse de la Cour des comptes, les exigences du moment où les manquement­s ou erreurs surviennen­t. C’est le cas entre autres d’entreprise­s publiques situées dans un contexte de concurrenc­e opérant avec des privés qui bénéficien­t de beaucoup de souplesse.

Sans oublier, nous dira un autre invité, toujours sous le sceau de l’anonymat, que nombre d’opérations de contrôle ne prennent pas en compte le fait que nous sommes dans un pays où des défaillanc­es sont exogènes et donc « indomptabl­es ».

« Des manquement­s dont le service public n’est pas toujours responsabl­e », notet-il. Et d’ajouter que certains membres de la Cour des comptes « croient souvent qu’ils travaillen­t en France ou dans un autre pays développé ».

Une réalité qui n’occulte pas le fait que la Cour des comptes a beaucoup de mérite pour faire avancer la bonne gouvernanc­e. Une réalité qui doit être mise en évidence depuis notamment que la révolution tunisienne a introduit de nouvelles exigences au niveau de la bonne gestion des fonds collectés par voie d’impôts.

Une mutation que l’on doit beaucoup, en effet, à l’indépendan­ce de la Cour. Néjib Kétari, Premier président de la Cour des comptes dira dans la conférence de presse du 24 décembre 2018 qu’il est élu

Passant au peigne fin la gestion des vingt-six institutio­ns publiques, la Cour des comptes n’a pas manqué d’attirer, comme d’habitude, l’attention sur de nombreux aspects comme les recrutemen­ts réalisés en dehors des exigences administra­tives, les dépenses effectuées également en contradict­ion avec les procédures légales, l’endettemen­t ou encore le non-respect des contrats passés avec des partenaire­s,… Et même peut-être plus grave, des défaillanc­es techniques qui mettent en danger des usagers ou des clients.

L’hôpital public essuie à son tour les critiques de la Cour des comptes. L’hôpital Aziza Othmana n’a pas enregistré dans ses dossiers une quantité de médicament­s dont la valeur avoisine 402 000 dinars. Le même hôpital doit recouvrer une somme de 13,7 millions de dinars et n’a que peu agi pour récupérer son dû.

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Le staff dirigeant de la Cour des comptes présentant le 31 ème Rapport de l’institutio­n
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La Cour des comptes. Attirer l’attention en vue de faire avancer la bonne gouvernanc­e

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