La franchise en Tunisie serait encore très modeste
Critiquée par des chefs d’entreprise tunisiens, particulièrement les textiliens, en raison de la forte concurrence qu’elle leur livre, « la franchise tunisienne et le brand tunisien sont encore peu développés », a souligné Mounir Mouakhar, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Tunis (CCIT).
Lors du forum de la Franchise (Tunis MED Franchise) organisé à Tunis, à l’initiative de la CCIT, Mouakhar a mis l’accent sur l’importance de développer le « made in Tunisia ».
« Pour ce faire, les entreprises tunisiennes doivent d’abord développer leurs réseaux en Tunisie pour pouvoir exporter leurs marques à l’étranger », a-t-il indiqué, signalant que la franchise en Tunisie demeure très modeste, à cause du manque d’informations sur les modalités de son exercice.
Mouakhar a souligné, à cette occasion, l’importance d’organiser des cycles de formation pour les start-up et les jeunes diplômés afin de leur permettre de s’imprégner du processus d’installation d’un projet en franchise et les principes de base de la création d’un label, d’un brand.
De son côté, Leila Khedher, représentante du ministère du Commerce, a souligné que la loi régissant la franchise de 2010 encourage les entreprises tunisiennes à exporter leurs marques à l’étranger.
S’agissant des marques étrangères en Tunisie, Khedher a tenu à préciser qu’il s’agit d’un investissement 100% tunisien.
« C’est uniquement la marque qui est étrangère, mais la main d’oeuvre, les produits et les équipements sont tunisiens », a expliqué Leila Khedher affirmant que l’emploi et la valeur de l’investissement sont parmi les critères les plus importants dans l’attribution des autorisations, notamment aux secteurs qui ne figurent pas sur la liste des 26 secteurs cités dans l’arrêté du ministre du Commerce du 28 juillet 2010.
Dans ce contexte, Leila Khedher a fait savoir, qu’à ce jour, il existe seulement 28 marques étrangères qui ont bénéficié de l’autorisation du ministère.
Dans une déclaration aux médias, Slim Saâdallah, président de l’organisation de défense du consommateur (ODC), a souligné que la franchise et l’existence de marques internationales en Tunisie favorise la concurrence et incite les industriels tunisiens à améliorer leur qualité de produits pour être plus compétitifs.
Présentant son témoignage, Radhia Kammoun, entrepreneure tunisienne, a fait savoir que la franchise est un moyen de développement du réseau d’une marque pour le franchiseur et une opportunité d’entreprendre sans courir de risque pour le franchisé.
L’entrepreneure a ajouté qu’en une année (2017-2018), son entreprise a créé une dizaine de magasins en franchise ce qui a contribué à la création de plus de 80 postes d’emploi dans différentes régions du pays. « C’est un contrat gagnant-gagnant », a-t-elle dit.
Dans son intervention, Thierry Rousset, consultant, a indiqué que la Tunisie figure en tête des dix pays africains ayant le meilleur environnement entrepreneurial, relevant que les trois seuls éléments qui définissent une franchise sont la marque, le savoirfaire et l’accompagnement permanent des franchisés.
Selon lui, les franchises internationales contribuent à l’économie locale en créant une source de revenus pour le pays et des opportunités d’emploi.
Le forum a été une occasion pour présenter le guide pratique de la franchise en Tunisie, réalisé par le ministère du Commerce, en collaboration avec le Conseil de la concurrence, l’Académie tunisienne de la franchise et l’Association tunisienne de la franchise. Il est financé par l’initiative de partenariat du Moyen Orient (MEPI) et du département d’Etat des Etats-Unis.
Le guide comporte une définition de la franchise, ses éléments fondamentaux, les services d’un franchiseur aux franchisés, les avantages et inconvénients, les étapes de l’ouverture d’une franchise, le contexte légal et institutionnel, le financement, le contrat de franchise et le code de déontologie tunisien de la franchise.
A noter que selon la Fédération française de la franchise (FFF) et d’après une étude menée en 2016 sur l’impact de la franchise Diagnostic & Systems, l’Europe est le premier continent en termes de franchise. Il compte 13.000 franchises alors qu’on en compte 3000 aux Etats-Unis, 4000 en Chine, 1200 au Canada, 2426 au Brésil et 1180 en Australie.
La France est le premier pays européen en termes de réseaux puisqu’elle comptait, en 2015, 1834 franchiseurs pour 69 483 franchisés et un chiffre d’affaires de 53,38 milliards d’euros