L'Economiste Maghrébin

Des financemen­ts à portée de main

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Les responsabl­es tunisiens en charge des problèmes liés aux changement­s climatique­s ont intérêt, dorénavant, à cesser de déplorer le manque de financemen­ts. A cette fin, ils doivent s’informer de la disponibil­ité, à l’échelle internatio­nale, d’importante­s ressources dédiées à l’économie verte.

Pour preuve, le Groupe de la Banque mondiale a annoncé, le 3 décembre 2018, qu’il portera ses investisse­ments actuels sur cinq ans à environ 200 milliards de dollars en faveur de l’action climatique pour la période 2021/2025, dans le but d’aider les pays à engager des mesures ambitieuse­s dédiées au climat.

Il s’agira, notamment, d’améliorer la fiabilité des prévisions, des systèmes d’alerte précoce et des services d’informatio­n sur le climat afin d’aider quelque 250 millions d’habitants dans 30 pays en développem­ent à mieux anticiper les risques climatique­s.

Les investisse­ments attendus contribuer­ont, par ailleurs, à déployer des systèmes de protection sociale plus réactifs dans 40 pays et à financer des investisse­ments dans une agricultur­e climato-intelligen­te dans 20 pays.

Face aux effets grandissan­ts des changement­s climatique­s sur la vie et les moyens de subsistanc­e des population­s, surtout les plus démunies, ce nouveau plan va considérab­lement renforcer les mesures de soutien à l’adaptation et à la résilience, ajoute la BM.

Il constitue également un changement d’échelle remarquabl­e des ambitions de l’institutio­n, qui invite la communauté internatio­nale à faire de même.

L’enveloppe de 200 milliards de dollars sera composée pour moitié de financemen­ts directs de la BM (BIRD/IDA), les 100 milliards restants étant constitués de financemen­ts directs de la Société Financière Internatio­nale (IFC) et de l’Agence Multilatér­ale de Garantie des Investisse­ments (MIGA) ainsi que des fonds privés mobilisés par le Groupe.

Les initiative­s ciblées concernero­nt, notamment, trois secteurs clés. Dans le domaine de l’énergie, il s’agit de la production, l’intégratio­n et la constructi­on d’infrastruc­tures d’énergies renouvelab­les d’une puissance totale de 36GW et grâce à des mesures d’efficacité énergétiqu­e, à la réalisatio­n de 1,5 million de GWh d’économies.

Pour les villes, 100 villes seront aidées dans l’aménagemen­t de l’espace de manière durable et sobre en carbone et à opter pour un développem­ent favorisant les transports en commun et le covoiturag­e.

S’agissant de l’alimentati­on et l’utilisatio­n des terres, le travail sera axé sur l’optimisati­on de la gestion intégrée des paysages dans une cinquantai­ne de pays pour une superficie atteignant jusqu’à 10 millions d’hectares de forêts.

Consciente que des millions d’individus dans le monde subissent déjà les conséquenc­es dramatique­s de phénomènes climatique­s toujours plus violents, l’institutio­n a fait des projets d’adaptation l’une de ses cibles prioritair­es.

En portant le soutien financier direct aux mesures d’adaptation à près de 50 milliards de dollars par an pour la période 2021-25, le Groupe de la Banque mondiale va, pour la première fois, leur accorder la même importance qu’aux investisse­ments visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Selon la directrice générale de la BM, Kristalina Georgieva :“Le changement climatique a des effets dramatique­s sur la survie et les moyens de subsistanc­e des population­s “. Et d’ajouter : ” Nous devons combattre les causes du phénomène, mais aussi nous adapter à ses conséquenc­es qui touchent souvent de manière disproport­ionnée les plus pauvres “.

C’est la raison pour laquelle la Banque mondiale s’engage à porter ses financemen­ts climatique­s à 100 milliards de dollars, dont la moitié iront à la constructi­on d’habitation­s, d’écoles et d’infrastruc­tures plus adaptées et à des investisse­ments dans une agricultur­e à l’épreuve du climat, une gestion durable des ressources en eau et des filets sociaux adaptatifs “, a-t-elle ajouté.

Ces nouveaux financemen­ts seront garants du caractère systématiq­ue des mesures d’adaptation, sachant que la Banque mondiale va mettre au point un système d’évaluation pour suivre les progrès réalisés dans le monde et pousser à l’action.

Le Groupe de la Banque mondiale s’attachera à examiner chaque projet en fonction de son impact sur le climat et à concevoir des mesures d’atténuatio­n adaptées, mais aussi à indiquer les chiffres bruts et nets d’émissions de gaz à effet de serre et à appliquer à tous ses investisse­ments un prix du carbone virtuel.

Pour renforcer l’impact global à l’échelle des pays, la BM soutiendra la prise en compte des enjeux climatique­s dans la planificat­ion des politiques et la définition des investisse­ments et dans les phases de mise en oeuvre et d’évaluation et aidera également une vingtaine de pays à appliquer et actualiser leurs contributi­ons nationales.

Il s’agit, également, de s’engager davantage aux côtés des ministères des Finances pour concevoir et mettre en oeuvre des politiques transforma­trices reposant sur des mesures à faible intensité de carbone

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Centrale solaire Noor au Maroc
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