POUVOIR D’ACHAT ET DEVOIR DE PRODUCTIVITÉ
Il est souvent difficile d’évoquer la question du pouvoir d’achat sans exacerber les polémiques, où le positionnement des uns et des autres mêle statuts socioprofessionnels, aliénation idéologique et degré d’ignorance des éléments du problème. Il n’en demeure pas moins que le partage de la valeur ajoutée dans les sociétés modernes est, sans nul doute, une question cruciale, tant sur le plan économique que sur le plan social et politique. C’est notamment à travers ce partage qu’est perçue la paix sociale. C’est par rapport à ce partage que, le plus souvent, les clivages politiques se précisent. C’est, enfin, en fonction des résultats de cette répartition que la plupart des ajustements économiques et financiers se déterminent (prix, investissement, chômage, consommation, déficit budgétaire, etc.).
Cette question revient aujourd’hui avec acuité, à l’occasion de la grève générale dans la fonction publique. A cet égard, plusieurs allégations ont trouvé échos dans l’opinion publique, comme, par exemple, la baisse de 40% du pouvoir d’achat ces dernières années selon le directeur de l’ITES, ou sa réduction de 25% depuis 2011 selon un « expert » de la place.
Le pouvoir d’achat dont il est question dans ce papier intéresse la population active, plus précisément les salariés. Les retraités, les chômeurs et les familles vulnérables n’entrent pas en ligne de compte ; et ce, malgré la précarité de leur situation face à l’inflation.
On se propose dans ce qui suit de répondre à trois interrogations. Quelle est globalement l’évolution relative des salaires ces dernières années ? Quelle est l’évolution du pouvoir d’achat de catégories de salariés (fonctionnaires, salariés agricoles et salariés du secteur marchand non agricole) ? Comment évolue le salaire du point de vue du coût ?
Quelques remarques liminaires
Précisons, au préalable, que le pouvoir d’achat du salaire (ou de tout autre revenu) est la quantité de biens et de services que l’on peut acheter avec une unité de salaire (de revenu). Son évolution est donc liée à celles des prix et des salaires monétaires. Mais l’appréciation de cette évolution pose le problème de l’année de référence à partir de laquelle on examine les changements intervenus dans les variables retenues. S’agissant des salaires, il semble que 2010 peut être considérée comme l’année de référence, dans le sens qu’elle enregistre des augmentations de salaires atypiques, dans un contexte de fortes tensions sur le plan social et politique, qui annoncent les transformations post 2010. Par ailleurs et malgré quelques imprécisions, on retient les « comptes de la nation » comme source principale des données sur les salaires.
Rappelons ensuite que la richesse créée en une année se répartit en rémunérations des salariés et en revenus d’exploitation (ou excédent brut d’exploitation). Cette richesse est représentée par la valeur ajoutée brute totale (VAB) ou le PIB aux coûts des facteurs. Les revenus d’exploitation concernent le secteur des sociétés (financières et non financières), les entreprises individuelles et l’administration publique.
Il y a lieu de souligner que le secteur des entreprises individuelles est constitué, pour l’essentiel, d’indépendants et d’aides familiaux (les petits agriculteurs, les artisans, les professions libérales, les petits commerçants, les prestataires de divers services comme la réparation, etc.). On y intègre l’activité de production des ménages qui est marginale (artisanat à domicile, services divers, etc.) et les services non marchands hors administration. Ce secteur est donc fondamentalement régi par un mode de production non capitaliste, caractérisé par une large confusion entre le bénéfice de l’entreprise et la rémunération du travailleur indépendant. Dans ce sens, la lutte pour le partage de la valeur ajoutée ne concerne pas ou très peu ce secteur. Par contre et pour le reste des secteurs, le salariat, en tant que rapport de production caractéristique du capitalisme, est le lieu de rapports de forces entre les salariés (syndiqués pour l’écrasante majorité) d’une part ; et le patronat ainsi que l’Etat, d’autre part.
Remarquons encore que la rémunération des salariés comprend le salaire brut et les cotisations sociales à la charge de l’employeur. Au sens de cet article, le salaire net est égal à la différence entre le salaire brut et l’impôt sur le revenu du salarié. Il est à préciser que le salaire brut comme le salaire net ne comprennent pas les prestations en nature ou en espèces et les différentes aides reçues par le salarié, mais ils incluent les cotisations sociales à sa charge.
Précisons enfin que le salaire considéré du point de vue du pouvoir d’achat (ou salaire-revenu) est le salaire monétaire « déflaté» par l’indice des prix à la consommation. Du point de vue du coût (ou salaire-coût), le salaire monétaire est « déflaté » par l’indice des prix de la VAB concernée. Ainsi, le salaire-coût se réfère à la formation du prix des produits ; et, partant, il permet d’appréhender les évolutions comparées de la productivité du travail et du salaire réel.
La part des salaires dans la VAB totale a progressé sensiblement depuis 2010
L’approche classique du partage de la VAB repose sur l’évolution de la part de la rémunération totale des salariés dans le PIB au coût des facteurs. Cette part a progressé sensiblement sur 20102017 et 2011-2017, soit respectivement 1.6% et 1% en moyenne annuelle. Il en est de même de la part du salaire brut et du salaire net, quoique à un taux moyen moins élevé, soit respectivement 1.5% et 1% sur 2010-2016, contre 0.5% et -0.1% sur 2011-2016 (graphique 1).
Ainsi, la part des salaires dans la VAB totale s’est améliorée depuis 2010 au détriment du revenu d’exploitation. Mais ce résultat ne renseigne que partiellement sur l’évolution relative des salaires. En effet, lorsqu’on tient compte de la structure de la VAB totale, on remarque que la part du secteur des entreprises individuelles y est en moyenne de 44%. En outre, ce secteur emploie des travailleurs non salariés à concurrence de 28% de l’emploi total. Aussi est-il pour le moins approximatif de juger la situation relative des salariés en considérant la part des salaires dans la VAB totale, alors que celle-ci n’est pas le fait des seuls salariés.
De ce point de vue et afin d’affiner l’analyse, on considère le secteur des sociétés (37.5% en moyenne de la VAB totale) et celui de l’administration publique (18.5% en moyenne de la VAB totale) dont le taux de salariat (emploi salarié par rapport à l’emploi total) est théoriquement de 100%.
A cet égard, la part des salaires dans la VAB des sociétés augmente au taux moyen annuel de plus de 2.5% sur 2010-2016 et 2011-2016, contre la baisse de la part du revenu d’exploitation au taux de -2.4%.
S’agissant de l’administration publique, il y a lieu de souligner que sa VAB procède de l’estimation de la production de services non marchands, fondée essentiellement sur les coûts salariaux. Sur la base de ces conventions comptables, on ne peut théoriquement parler de productivité du travail et encore moins de prix de marché ou de coût des facteurs. Pour apprécier l’évolution des salaires dans l’administration publique, l’approche qui paraît utile est de comparer la croissance de la masse salariale des fonctionnaires aux ressources stables de l’Etat.
Ces dernières sont formées de recettes fiscales et non-fiscales, déduction faite des dons extérieurs, des ressources provenant de la privatisation et des biens confisqués. Ces ressources stables ont évolué au taux moyen de 8% sur 2010-2018 et sur 2011-2018,
contre plus de 10% en moyenne pour la masse salariale des fonctionnaires (graphique 2).
Ce différentiel de croissance, que d’aucuns semblent découvrir aujourd’hui, est en partie responsable de la dégradation des finances publiques et de l’explosion de l’endettement de l’Etat.
L’amélioration du pouvoir d’achat des salariés depuis 2010 est exclusivement le fait des fonctionnaires
Rappelons que le pouvoir d’achat des salariés est approché par le salaire réel moyen (salaire-revenu). A côté du niveau global, on distingue trois catégories de salariés : les fonctionnaires, les salariés de l’agriculture et pêche et les salariés du secteur marchand non agricole. Cette catégorisation est dictée par les statistiques disponibles sur l’emploi salarié.
Il est à préciser que sur 2010-2017 les salaires dans l’agriculture et pêche représentent en moyenne 3.5% de la masse salariale totale (8% des salariés) contre 61% pour le secteur marchand non agricole (66% des salariés) et 35.5% pour l’administration (26% des salariés).
Durant la même période et toutes catégories de salariés confondues, le salaire réel moyen a progressé au taux annuel de 1.6% (0.6% sur 2011-2017), soit une amélioration totale de près de 13% depuis 2010 et de 4% depuis 2011. Quant au salaire réel net, il a augmenté de 1% en moyenne sur 2010-2017, soit une amélioration totale de 8% depuis 2010, contre une très légère baisse sur 2011-2017.
Ainsi, les salariés ont globalement résisté au ralentissement de la croissance de l’économie depuis 2010. Ils ont même amélioré leur pouvoir d’achat sur la même période. Mais cette situation globale cache de très importantes différences entre les catégories de salariés sus-indiquées.
Concernant le pouvoir d’achat des fonctionnaires, il a progressé depuis 2010 (et sur 2011-2017) au taux moyen de 3.8%, soit une amélioration totale de plus de 30% (plus de 26% sur 2011-2017).
Après la forte augmentation en 2010 du salaire dans le secteur de l’agriculture et de la pêche, le salaire réel dans ce secteur a connu une forte baisse sur 2011-2017, soit une moyenne annuelle de -4% (0.4% sur 2010-2017), et une détérioration totale du pouvoir d’achat de près de 30%.
Enfin, le pouvoir d’achat dans le secteur marchand non agricole a progressé au taux moyen de 0.5% sur 2010-2017, soit 4% d’amélioration globale, contre -0.6% sur 2011-2017 et une détérioration totale de 4%.
Ainsi, le sentiment que le pouvoir d’achat des salariés s’est beaucoup détérioré ces dernières années ne correspond pas à la réalité des données, du moins les données du secteur de l’administration, celles du secteur des sociétés et, dans une moindre mesure, les données du secteur marchand non agricole. A quoi est dû alors ce sentiment ?
Ce sentiment ne peut se baser sur l’inégalité de la répartition du revenu, qui en fait a régressé sur 2010-2015 (le coefficient de Gini après redistribution est passé de 35.8% en 2010 à 30.9% en
2015). D’ailleurs, les données relatives à la Tunisie sont proches des chiffres propres à des pays comme le Italie, l’Italie ou l’Italie ; et meilleures que ceux concernant le Maroc, la Grèce ou la Turquie.
Cette perception ne peut être liée non plus à la détérioration du pouvoir d’achat des ménages et, d’une façon générale, de la population. En effet, le revenu disponible réel par tête des ménages et le PIB réel par habitant progressent sur 2010-2017 respectivement aux taux de 1.6% et 0.6% ; contre 1.3% et 0.4% sur 2011-2017.
Cette différence entre le ressenti et le réel proviendrait probablement de la croissance plus que proportionnelle des prix des biens et services dits obligatoires ou contraints (loyers, énergie, alimentation, transport et habillement). En effet, les indices des prix de l’alimentation et de l’habillement ont augmenté plus vite que l’indice général des prix à la consommation familiale (graphiques 3 et 4). En outre, l’indice des prix tient compte imparfaitement du poids de certaines dépenses comme les cours particuliers ou celles liées aux nouvelles technologies. Par ailleurs, le crédit aux particuliers (principalement le crédit à la consommation) s’est relativement amplifié depuis 2010, entrainant des dépenses en service de la dette assez conséquentes (notamment après la flambée récente des taux d’intérêt).
Le pouvoir d’achat des salariés ne peut être détaché du coût unitaire du salaire
Rappelons que le coût unitaire du salaire est égal à la masse salariale par unité produite, soit le rapport entre le salaire moyen et la productivité du travail. Il s’en suit que la part des salaires dans la VAB est identique au rapport du coût unitaire du salaire au prix de la VAB. Cela fait ressortir le lien inverse entre le coût unitaire du salaire et la productivité du travail.
A cet égard, la progression de la part des salaires dans la VAB totale sur 2010-2017 et 2011-2017, aux taux respectivement de 1.6% et 1% (voir supra), traduit en fait la progression du coût unitaire du salaire par rapport au prix de la VAB. Cela signifie également que durant ces périodes le salaire-coût a augmenté plus vite que la productivité du travail, au taux de salariat près. Plus précisément, le différentiel de croissance entre le salaire-coût et la productivité du travail est d’environ 0.9% (0.5% sur 2011-2017), alors que la contribution du taux de salariat est de 0.7%.
De ce point de vue et en ce qui concerne le secteur des sociétés (dont près de 90% de la VAB concernent les sociétés non financières) où le taux de salariat est de 100% (voir supra), le différentiel de croissance entre le salaire-coût et la productivité du travail est donc de 2.5% par an sur 2010-2016 et 2011-2016, ce qui est considérable en terme de baisse relative de la compétitivité du secteur. Cette évolution (en réalité depuis 2008) a eu des conséquences négatives sur la rentabilité de ce secteur et sur son taux d’investissement (graphique 5). Ces conséquences sont d’autant plus contraignantes que ces dernières années enregistrent un ralentissement sensible de la croissance de la valeur ajoutée.
S’agissant enfin du secteur marchand, qui regroupe les secteurs des sociétés et des entreprises individuelles, la part des salaires dans la VAB augmente au taux moyen de 1.2% sur 2010-2017 et de 0% sur 2011-2017. Cela traduit le fait que le salaire-coût augmente plus rapidement que la productivité du travail, au taux de salariat
près, soit un différentiel de 0.3% et une contribution du taux de salariat de 0.9%. Sur 2011-2017, le salaire-coût augmente moins vite que la productivité du travail, soit un différentiel de -1.2%, compensé par la croissance du taux de salariat.
Ainsi, l’amélioration du pouvoir d’achat influence le coût unitaire du salaire. Cela pourrait affecter le taux de marge des secteurs, si d’aventure le salaire-coût augmentait durablement plus vite que la productivité de travail. Dans ce cas et à moyen terme, le taux d’investissement et le taux croissance évolueraient à la baisse, à l’image du secteur des sociétés depuis 2010. Or, la croissance atone de l’économie tunisienne exige une amélioration sensible du taux d’investissement productif qui passe, entre autres, par la hausse du taux de marge des branches non financières.
L’amélioration du pouvoir d’achat des salaires doit donc aller de pair avec la croissance de la productivité du travail dans les branches concernées.
A cet égard et au travers du modèle de consommation, avec sa dimension mimétique (intérieure et étrangère) et l’émergence accélérée de nouveaux besoins liés aux TIC, le pouvoir d’achat ou le niveau de vie des salariés pose le problème du niveau absolu du salaire réel et non pas tant son évolution. Ce niveau est fonction de la valeur absolue de la productivité du travail. Sur ce plan, il y a lieu d’observer que la productivité du travail dans le secteur marchand stagne depuis 2010, alors que celle des industries manufacturières est décroissante (graphique 6).
Dans cette optique, il faut peut être rappeler que le modèle de croissance post ajustement structurel (à partir des premières années de la décennie 90) est basé sur la promotion des exportations de biens manufacturés dont les gammes sont peu sophistiquées (graphique 7) et dont la compétitivité est essentiellement basée sur le coût (graphique 8). Cette politique a donné des résultats probants durant plus d’une décennie. Mais faute de réformes, notamment dans le sens d’une montée en gammes, cette politique s’essouffle aujourd’hui.
Plus précisément, l’échec relatif de cette politique a trait au développement mitigé de l’industrie manufacturière, au sens strict comme au sens large. Malgré son poids décroissant dans la VAB totale et dans l’emploi total, l’industrie manufacturière demeure néanmoins l’un des principaux moteurs de l’activité économique en termes de valeur ajoutée (16% en 2016), d’emploi (18.5% en 2016) et d’exportations (plus de 90% des exportations de biens). Elle exerce un effet d’entraînement puissant sur l’ensemble des secteurs d’activité, en particulier à travers ses consommations intermédiaires.
Au sens large, l’industrie manufacturière inclut les services aux entreprises qui regroupent les services professionnels (juridiques, comptables, médicaux, d’audit, de conseil, d’ingénierie, etc.), les services informatiques et connexes, les services de recherchedéveloppement, les services immobiliers, les services financiers, etc. Dans ce sens, elle est incontestablement le principal moteur de la croissance en termes de valeur ajoutée (28% en 2016) d’emploi (28.5% en 2016) et d’exportations.
Il n’en demeure pas moins que le développement de l’industrie manufacturière au sens strict a été extensif (décroissance du capital par tête depuis 1985) avec une croissance relativement faible de la productivité du travail sur 1995-2010, soit 1.7% en moyenne, contre 2.2% pour toute l’économie. Cela contraste fortement avec l’évolution des économies avancées et émergentes où la croissance de la productivité de travail du secteur manufacturier est nettement plus importante que celle du reste de l’économie, et qui détermine l’évolution de la productivité globale (pour l’Inde, c’est plutôt l’industrie manufacturière au sens large).
Ainsi, la revendication d’un niveau de vie significativement plus élevé passe par la réalisation d’un niveau de productivité encore plus important. Cela requiert une stratégie industrielle de montée en gammes qui implique une redéfinition de la politique de développement de l’industrie manufacturière au sens large, avec tout ce que cela suppose de mesures en faveur des filières à fort potentiel de croissance, de l’innovation, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche, etc. En dernière instance, il ne peut y avoir d’amélioration très sensible du pouvoir d’achat sans une importante progression du travail qualifié.
Pour conclure…
Eu égard à ce qui précède et en termes de partage de la VAB, les salariés pris globalement ont vu leur situation relative s’améliorer sur 2010-2017 et 2011-2017. Cela est davantage perceptible dans le secteur des sociétés où le salaire-coût a accusé une croissance nettement supérieure à la productivité du travail.
Par ailleurs, on enregistre une amélioration du pouvoir d’achat des salariés, toutes catégories confondues, sur 2010-2017 et sur 2011-2017, malgré une légère baisse du salaire réel net sur 20112016. Toutefois, ce constat global ne doit pas cacher l’essentiel, à savoir qu’il est fondamentalement le résultat de l’amélioration très sensible du pouvoir d’achat des fonctionnaires. Cela contraste avec la nette détérioration du pouvoir d’achat des salariés dans le secteur de l’agriculture et de la pêche sur 2011-2017, ainsi que la baisse plutôt faible du pouvoir d’achat dans le secteur marchand non agricole sur la même période (graphique 9).
Enfin, l’amélioration du pouvoir d’achat des salariés doit aller de pair avec la croissance de la productivité du travail dans les branches concernées. E t toute amélioration sensible du niveau de vie passe nécessairement par une amélioration encore plus forte de la productivité du travail en général, et de la productivité du travail dans l’industrie manufacturière en particulier. Pour ce faire, il s’agit, ni plus ni moins, de définir une nouvelle stratégie industrielle et une politique de l’offre.
Professeur d’économie- ancien ministre *