Sergueï Lavrov au Maghreb : une visite pleine de sens
Coopération avec les trois pays du Maghreb central (Algérie, Maroc et Tunisie) et sécurité dans la région, Sergueï Lavrov avait, du 23 au 26 janvier 2019, du pain sur la planche
Visite au Maghreb entre les 23 et 26 janvier 2019 du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les pays du Maghreb central. Avec au menu une variété de sujets aux enjeux multiples. Inaugurée par l’Algérie, pays avec lequel la Fédération de Russie a conclu en avril 2001 un partenariat stratégique, expression – faut-il le préciser ?- de relations on ne peut plus privilégiées.
L’Algérie a du reste toujours entretenu des liens bien étroits avec les pays de l’ancien monde socialiste qui a été un des plus importants pourvoyeurs en armes du pays. Les intérêts de l’Algérie se sont longtemps croisés avec le bloc communiste soviétique.
Quoi qu’il en soit, les dossiers de la coopération n’ont pas manqué sur la table des négociations notamment au cours des entretiens entre Sergueï Lavrov et Abdelkader Messahel, le ministre algérien des Affaires étrangères. La 9 ème session de la Commission mixte économique algéro- russe était déjà prévue fin janvier 2019 à Moscou.
La Russie ambitionne du reste depuis des années de développer sa coopération avec les pays du Maghreb qu’elle sait être un pont vers une Afrique qui attire les businessmen du monde entier.
Ainsi, les dossiers économiques n’ont pas manqué de trouver leur place dans les entretiens du ministre des Affaires étrangères
avec ses deux homologues, Nasser Bourita (Maroc) et Khémaies Jhinaoui (Tunisie).
Déficit commercial
Agriculture, pêche, énergie, industrie et tourisme avec le Maroc (les deux pays sont liés par un partenariat approfondi depuis 2016) et industries aéronautique et automobile, agroalimentaire et tourisme, notamment avec la Tunisie.
La Russie et la Tunisie ont débattu de la conclusion d’un nouvel accord de coopération économique et technico-scientifique qui pourrait intervenir au courant du premier semestre de l’année en cours.
Le déficit commercial dans les échanges entre les deux pays n’a pas manqué d’être également évoqué. Et Sergueï Lavrov a promis d’agir en vue de le réduire. La Russie fait partie des cinq pays avec lesquels le déficit commercial de la Tunisie est jugé important : Chine (28%), Italie (15%), Turquie (11%), Algérie (9%) et Russie (7%).
Autre sujet important de la visite de Sergueï Lavrov, la sécurité dans la région maghrébine. La situation en Libye est considérée partout comme bien explosive. La Russie suit de très près les développements plus ou moins récents qui font que la Libye accueille – du moins en partie - nombre de terroristes qui ont longtemps servis en Syrie. Et dont certains sont originaires de contrées de la Fédération russe.
La Russie de Poutine a du reste un avis sur les efforts de réconciliation dans ce pays. Sergueï Lavrov a soutenu récemment qu’ « il serait vain de fixer des dates artificielles pour la tenue d’élections en Libye ». Refusant de ce fait les dates fixées dans des rencontres au cours de l’année 2018 à Paris et à Palerme.
Au-delà de cela, les risques de voir la région déstabilisée intéresse au plus haut point la Russie qui sait l’influence que peut avoir la situation notamment en Syrie sur le Maghreb. Au sujet du dossier syrien, le ministre russe des Affaires étrangères est venu sonder ses homologues au sujet du retour de la Syrie dans la région arabe. Le sommet de la Ligue des Etats arabes, qui se tiendra en mars 2019, à Tunis, pourrait être déterminant