Carlos Manuel Martins Secrétaire d’Etat portugais à l’Environnement
« Notre expérience dans les énergies renouvelables peut être source d’inspiration pour la Tunisie »
Carlos Manuel Martins, Secrétaire d’Etat Portugais à l’Environnement, a effectué sa première visite en Tunisie à la mi- janvier 2019. Loin des aspects protocolaires habituels, le passage du responsable portugais a été très riche confirmant les relations historiques et économiques entre les deux pays. La coopération économique dans plusieurs secteurs était le maître-mot. Lors de sa visite à Tunis, il a bien voulu se livrer à nos questions. Interview
Il s’agit de votre première visite officielle en Tunisie. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur les motifs et les perspectives de cette visite ?
Cette mission auprès du Ministère des Collectivités Locales et de l’Environnement de la Tunisie, des Municipalités de Tunis et de l’Ariana et de l’Utica s’inscrit dans le cadre des initiatives promues lors de précédentes visites du Premier Ministre du Portugal et du Ministre de l’Environnement du Portugal et a pour objectif d’évaluer les actions en cours dans le cadre d’accords déjà conclus entre le Fonds Environnemental du Ministère de l’Environnement et de la Transition Energétique du Portugal et des autorités tunisiennes dans le secteur de l’environnement, en particulier dans le domaine de la gestion de l’eau et de l’assainissement.
D’autre part, nous cherchons à renforcer les opportunités de partenariat et de collaboration entre les entreprises portugaises publiques et privées dans le domaine de l’environnement avec les entreprises tunisiennes.
Considérant la volonté des deux parties, un autre accord a été conclu entre les Ministères de l’Environnement des deux pays dans le secteur de l’éducation environnementale et des futurs domaines de coopération qui ont été identifiés.
Comment évaluez-vous les relations tuniso-portugaises ? Quel est le bilan actuel et les perspectives de ces relations ?
Les relations tuniso-portugaises ont été renforcées dans plusieurs domaines, les thèmes de la gestion urbaine et du domaine de l’environnement représentant un fort potentiel.
Le succès des politiques publiques portugaises dans le domaine de la gestion de l’eau et de l’assainissement, de la gestion des déchets et des énergies renouvelables, avec une reconnaissance internationale, permet une collaboration entre les deux pays dans le contexte des défis mondiaux découlant de l’Accord de Paris, dans le domaine des changements climatiques, mais aussi dans le domaine des villes à économie durable et des défis d’une économie circulaire.
La manière dont les actions entre les autorités tunisiennes et les entités portugaises impliquées dans la mise en oeuvre des domaines de coopération au développement se sont déroulées nous permettent d’entrevoir de grandes possibilités de renforcer nos relations.
Le Portugal est un pays pionner en matière d’énergies renouvelables. Comment est-il devenu un pays pionner dans ce secteur ? Pensez-vous que cette expérience pourrait inspirer la Tunisie ?
Le Portugal a connu une trajectoire de grand succès dans le domaine des énergies renouvelables, avec la création de connaissances technologiques dans la conception et l’exploitation
de projets et connaît un important renforcement de la composante solaire dans son intéressante diversification des énergies.
Grâce à la Feuille de Route pour la Neutralité Carbone 2050, le Portugal a établi un ensemble d’objectifs sectoriels pour assurer la neutralité carbone en 2050 et s’est engagé à promouvoir des politiques publiques ambitieuses et des mesures en adéquation avec ce défi.
Bien sûr, notre expérience peut être source d’inspiration pour la Tunisie et ouvrir des opportunités de partenariats entre les entreprises des deux pays, car dans la mesure où sont créées les conditions pour les clusters industriels, l’on crée de l’emploi qualifié ainsi qu’un potentiel de nouvelles opportunités d’affaires.
De la formation technique à l’assistance technologique de planification, de projet, de construction et d’opération, nous pouvons trouver des moyens de partager nos expériences.
Lors de cette visite officielle, vous présidez une délégation d’hommes d’affaires dans plusieurs spécialités? Quelles sont les opportunités d’affaires qui pourraient se traduire en partenariat entre les deux parties ?
La délégation a intégré un ensemble de hauts représentants d’entreprises publiques et privées qui opèrent avec succès sur le marché du Portugal, mais avec une expérience dans le contexte international, en particulier dans les pays lusophones, qui étaient principalement acteurs dans le processus de changement survenu au Portugal ces dernières années dans les domaines de la gestion de l’eau et de l’assainissement et des déchets.
La taille de nos pays en termes de population, notre proximité géographique, nos racines culturelles et historiques nous permettent de prévoir un potentiel élevé de partenariat entre nos entreprises.
Les modèles constitutionnel et administratif ont des traits communs et il y a tout un cadre qui nous permet d’identifier des défis semblables à ceux que le Portugal a rencontrés dans les années 80.
Lors de cette visite, un nouveau contrat sera signé pour la mise en oeuvre d’un plan de formation en éducation environnementale dans les écoles tunisiennes. Quelle forme ce programme revêt-il ?
Le Portugal est conscient de l’importance de l’éducation environnementale pour le succès des politiques publiques environnementales et pour le changement des comportements qui permettent de concilier les investissements, les buts et les objectifs.
Le programme sera défini par le travail à établir entre les parties, et il est important d’adapter notre expérience au contexte tunisien.
Le Portugal impliquera des organisations spécialisées de son administration publique et apportera des expériences promues dans un contexte d’entreprises, pour planifier et mettre en oeuvre conjointement l’action.
La formation des formateurs et des enseignants, la préparation de campagnes ciblées et des messages pertinents pour mobiliser les citoyens les plus jeunes, dans les écoles, permettront une meilleure réponse sociale aux défis environnementaux mondiaux à l’avenir.
Quelles sont les motivations de ce choix ? Pour la première fois dans l’histoire de la coopération internationale, le Portugal met à la disposition des fonds pour financer des projets de coopération hors du cadre des pays lusophones.
Comme je l’ai mentionné, il existe un vaste ensemble de circonstances qui facilitent la compréhension des raisons de ce rapprochement entre nos deux pays. D’une part, nous avons des pays qui ont des références temporelles différentes face à des défis similaires. D’autre part, nous avons des liens historiques, de proximité géographique, une dimension démographique et des modèles d’organisation de l’administration publique et des affaires qui rendent très équilibrées toutes les formes de coopération et de partenariat entrepreneurial.
Les acteurs politiques, techniques et commerciaux qui ont promu, au Portugal, avec succès la mise en oeuvre des plans stratégiques sectoriels dans le domaine de l’environnement ont une tradition du français comme deuxième langue et cela permet également une interaction plus rapide entre nos communautés entrepreneuriales et institutionnelles.
Nous sommes deux pays avec un fort potentiel dans le tourisme, où les questions environnementales jouent un rôle décisif, notamment dans le contexte des politiques d’adaptation aux changements climatiques, où nous pouvons certainement partager des expériences et renforcer les partenariats commerciaux.
Qu’avez-vous à dire aux opérateurs économiques, aux décideurs politiques et à la société civile des deux pays ?
Au cours de la mission, il a été possible de voir une véritable volonté des décideurs et des entrepreneurs d’approfondir leurs relations, d’identifier les domaines de travail à court terme, mais aussi d’approfondir les approches stratégiques à moyen terme, et notamment dans les domaines de l’assainissement, de la gestion des déchets et des énergies renouvelables.
J’ai eu l’occasion d’inviter Monsieur le Ministre des Collectivités Locales et de l’Environnement de la Tunisie à visiter le Portugal en 2019 et à poursuivre ce projet de coopération.
La Chambre tuniso-portugaise pour le Commerce et l’Industrie et l’Utica, qui intègrent un ensemble de personnalités ayant des relations commerciales et professionnelles historiques avec le Portugal, constituent un pilier essentiel pour un rapprochement de la société civile des deux pays
La taille de nos pays en termes de population, notre proximité géographique, nos racines culturelles et historiques nous permettent de prévoir un potentiel élevé de partenariat entre nos entreprises.