Conjoncture économique et sociale Redresser la barre
Conjoncture économique et sociale
Dès l’argumentaire proposé par les coorganisateurs de leur première rencontre de l’année, le Forum Ibn Khaldoun pour le Développement et le Cercle Kheireddine, le décor était planté.
Prendre part, en ce début d'année, à une rencontre débat autour du thème «Conjoncture économique et sociale et mesures de redressement», ne manque pas d'interpeller sur le fait de savoir si tout n'a pas déjà été dit et proposé. La présence de deux éminents conférenciers, Monsieur Abdelhamid Triki, ancien Ministre de la Planification et de la Coopération internationale et actuel Secrétaire Général du Forum Ibn Khaldoun pour le développement et de Monsieur Mahmoud Ben Romdhane, Professeur d’économie et actuel Président du Conseil d’Orientation Stratégique du Cercle Kheireddine, attire, outre le respect, la curiosité d'aller à l'écoute d'une vision que l'on sait, d'entrée, non partisane et certainement objective.
Dès l'argumentaire proposé par les coorganisateurs de leur première rencontre de l'année, le Forum Ibn Khaldoun pour le Développement et le Cercle Kheireddine, le décor était planté. L'on pouvait, entre autres, relever à travers cette lecture..: « Malgré un léger frémissement au niveau du taux de croissance du PIB, la Tunisie continue à vivre l’une des plus graves crises économiques de son histoire » que « l’urgence n’est plus qu’à l’arrêt de l’hémorragie» avant d'en arriver à «… les leviers de l’action gouvernementale perdent de leur efficacité…… même les décisions de bon sens conduisent à des effets contraires » et de conclure « Plus que jamais, un choc de confiance s’impose pour sortir de cette épidémie de l’irrationalité qui risque de déboucher sur des formes plus ou moins graves de folie collective sur fond d’Etat malmené et de pessimisme institutionnalisé ».
Cet avant-goût de ce qui attendait les participants n'étaient rien face aux chiffres présentés, d'abord par Abdelhamid Triki et à la réticence aux réformes et mesures à prendre évoquées par Mahmoud Ben Romdhane.
Entendons les chiffres d'abord!
L'orateur dans son intervention «Analyse-diagnostic de la situation économique et financière de la Tunisie» signale, d'emblée, qu'en dépit d'un léger mieux marqué au niveau de la croissance , la situation économique, financière et sociale demeure, dans l'ensemble, difficile et peut être appréhendée à travers l'analyse de six principaux indicateurs, Production, investissement, chômage, inflation, balance commerciale et des paiements extérieurs et équilibre budgétaire. Les données les plus significatives présentées sont reprises dans les encadrés du texte. Le lecteur, de lui-même, sera en mesure d'apprécier, à sa juste mesure, la situation dans laquelle le pays s'est embourbé.
De l'avis même de Abdelhamid Triki, la planification ça le connait, la situation économique, financière et sociale du pays est, pour le moins, difficile sous l'effet comme l'ont montré les chiffres:
* d'une accélération de l'inflation par le glissement continu de la monnaie nationale,
* du maintien à un niveau élevé du chômage, particulièrement au sein de la population jeune, et diplômée,
* de l'aggravation du déficit extérieur malgré la relance prometteuse du tourisme et la forte augmentation des exportations de produits agricoles (huile d'olives et dattes)
* d'un niveau atone de l'investissement privé, sous la barre des 19%, en dépit des mesures de relance adoptées en faveur de l'initiative privée
Ceci, selon l'intervenant, appelle à l'accélération du processus de réformes s'insérant dans une démarche globale conciliant l'impératif d'ajustement à court terme aux exigences du traitement en profondeur des distorsions structurelles qui entravent l'insertion dans un nouveau cercle vertueux, confortant la confiance en l'avenir.
Selon son appréciation la démarche suivie jusqu'alors, privilégiant l'augmentation des recettes fiscales associée au glissement du dinar, afin d'assurer l'équilibre des fondamentaux, a montré ses limites et est loin de pouvoir solutionner les graves déséquilibres dont souffre le pays.
Il est allé jusqu'à avancer que certains de ses aspects paraissent même être contre-productifs avec un déficit extérieur qui ne cesse de s'aggraver, une inflation battant des records, un chômage qui demeure élevé, une dette publique et une dette extérieure en augmentation constante et enfin un faible niveau de l'investissement.
Autant de questions qui se posent et que l'intervenant a laissé, à son successeur au micro, le soin d'apporter un éclairage sur le que faire et quelles mesures sont-elles susceptibles de redresser la situation, peu enviable, que traverse le pays.
C'est sur ce sujet que le professeur Ben Romdhane s'est attaché à apporter les axes et mesures de redressement dans son intervention portant sur « Quelles mesures d’urgence et de court terme pour arrêter l’hémorragie ? »
Celles-ci doivent être envisagées, prises et mises en place dans le «très court terme, pendant qu'il reste encore un peu de temps» pour reprendre ses termes.