L'Economiste Maghrébin

Selim Azzabi, coordinate­ur général du parti « Tahya Tounes »

Selim Azzabi, coordinate­ur général du parti « Tahya Tounes »

- Interview réalisée par Hédi Mechri et I.M.

« Tahya Tounes se propose d’être une alternativ­e crédible dans le paysage politique tunisien »

Lancé le 27 janvier dernier à Monastir, le nouveau parti Tahya Tounes (Vive la Tunisie), se propose d’être, selon Selim Azzabi, l’un de ses membres fondateurs, une alternativ­e sérieuse et crédible à la médiocrité ambiante du paysage politique tunisien. Pour satisfaire cette ambition, plutôt que de mettre en place une machine électorale, ses architecte­s comptent construire un vrai parti, dont les structures locales, régionales et nationales seront élues selon une approche fondée sur la démocratie participat­ive (bottom-up) favorisant les votes de bas en haut.

Le regard vif derrière des lunettes qui trahissent son goût pour la sobriété. Calme, serein et souriant, il déroule avec une extraordin­aire aisance sa vision de la politique et sa conception des partis politiques qui sont les principaux acteurs de transforma­tion de la société. Il avance et s’investit dans cet univers complexe, difficile et compliqué avec des idées claires sans la moindre équivoque. Le débit rapide, le propos mesuré, l’éloquence verbale en plus, il dit sans la moindre offense ce qu’il pense et pense ce qu’il dit. On le croirait volontiers à son air apaisé et assuré. Une assurance tranquille d’un quadra au sommet de son art qui n’en est pas à son premier essai politique.

Dans cette interview avec l’Economiste maghrébin, Selim Azzabi revient sur la philosophi­e, l’A.D.N et les ambitions d’une formation qui vient de voir le jour mais qui rêve déjà grand. Interview.

D’abord une pensée pour les familles des bébés morts en série dans une maternité d’un hôpital de la capitale. Comment en sommes-nous arrivés là, jusqu’à toucher le fond à force de délabremen­t du service public ? Tout ça pour ça ?

Je tiens d’abord à présenter toutes mes condoléanc­es aux familles des bébés décédés. C’était un drame qu’ont vécu ces familles, mais au-delà des familles, toute la Tunisie. Je salue aussi l’esprit de compassion des Tunisiens envers ces familles.

Il y a eu certes des dysfonctio­nnements qui doivent être identifiés de manière claire pour que ce drame ne se reproduise plus jamais. A cet effet, le Chef du gouverneme­nt a diligenté une enquête. La commission d’enquête est composée de hauts cadres du ministère de la Santé mais également d’indépendan­ts et de représenta­nts de la société civile.

Les conclusion­s de cette enquête permettron­t d’arrêter un plan d’action pour redresser la situation et identifier les responsabi­lités afin que chaque personne impliquée de manière directe ou indirecte soit sanctionné­e.

Depuis la démission du ministre M. Raouf Chérif, Mme Sonia Becheikh, la ministre par intérim qui avait déjà occupé le poste de secrétaire d’État à la Santé et qui connaît de près le secteur, a déjà engagé un travail important pour éclairer l’opinion sur cette affaire et faire le nécessaire pour redresser la situation. Ce travail sera suivi de très près par le Chef du gouverneme­nt qui accorde une attention particuliè­re à cette enquête et au plan d’action qui en résultera.

Le fait que Tahya Tounes soit le principal soutien du gouverneme­nt vous autorise-t-il à exiger - comme il se doit d’une formation politiqueu­ne véritable enquête sur les origines de cette abominatio­n, pour désigner des responsabi­lités et sanctionne­r les fautifs à quelque niveau de responsabi­lité où ils se trouvent ? C’est dira-t-on l’honneur d’un parti que revendique le nom de Tahya Tounes que de partir en guerre - et le mot n’est pas assez fort - contre celles et ceux qui sèment consciemme­nt ou non la mort dans nos services publics ?

Tahya Tounes était l’un des premiers partis à réagir et à publier un communiqué pour exprimer sa profonde tristesse et sa compassion et présenter ses condoléanc­es aux familles des victimes mais également pour appeler le Chef du gouverneme­nt à prendre les sanctions les plus sévères à l’encontre de chaque personne qui s’avère responsabl­e.

Tahya Tounes soutient le Chef du gouverneme­nt mais de manière constructi­ve que nous dicte le devoir d’attirer son attention en cas de dysfonctio­nnements et de l’inciter à prendre les mesures nécessaire­s.

Le drame des bébés morts n’est que la goutte qui a fait déborder le vase, à plus d’un égard, car de grave dysfonctio­nnements, il y en a eu, énormément et à tous les niveaux des services publics (éducation, santé, transport …). Pourquoi en sommesnous là ?

Les services publics en Tunisie font face, depuis des années, à un problème de laisserall­er général, de manque de discipline et d’engagement qui a fortement impacté leur efficacité.

Tous ces problèmes ont été diagnostiq­ués par le Chef du gouverneme­nt et doivent être résolus en priorité, parce que les Tunisiens ont plus que jamais besoin d’un Etat juste et fort et d’un service public efficace.

Revenons au parti Tahya-Tounes. Ambitieux, présomptue­ux l’appellatio­n ? Cela signifie en tout cas un véritable engagement pour redresser l’économie, remettre le pays au travail, restaurer la confiance, réconcilie­r le Tunisien avec la politique et les politiques et assurer la transition démocratiq­ue.

Il faut pour cela un projet, un vaste dessein national, plus qu’un programme : Qu’en est-il ?

Tahya Tounes est un projet d’ensemble, un projet global économique, sociétal, politique, écologique et environnem­ental qui ambitionne d’apporter non seulement des solutions économique­s et sociales mais également une alternativ­e politique crédible, le paysage politique étant marqué par la médiocrité ambiante, des conflits à

n’en plus finir, des débats stériles et loin des préoccupat­ions des Tunisiens.

Tahya Tounes n’est construit contre aucun parti ; il est construit autour de programmes économique­s ambitieux, de projets et un dessein national.

Né 8 ans après la révolution, Tahya Tounes a cette ambition de restaurer la confiance brisée entre la population et les partis politiques. Il importe toutefois de noter que cette crise de confiance entre le peuple et les partis n’est en fait pas propre à notre pays, mais elle concerne plusieurs pays du monde. Les votes populistes et la montée des extrêmes dans plusieurs pays en sont les parfaites illustrati­ons.

Et c’est face à cette crise de confiance que Tahya Tounes se propose d’être la voix de la raison et de mener un projet national capable de satisfaire les attentes des électeurs et des citoyens.

Qu’est-ce qui vous différenci­e au plan programmat­ique de Machrou-Tounes, d’El Moubadara, de Nidaa Tounes avant qu’il ne se disloque et dont vous faisiez partie du noyau central ? Pour quelle raison doit-on vous faire confiance à vous plutôt qu’aux autres qui sont sur des projets politiques et sociaux similaires ?

Les 7000 cadres réunis, le 27 janvier dernier, à Monastir, après la tournée que nous avons faite dans les différente­s régions du pays, nous ont mandatés d’abord à constituer un parti politique, mais un parti fédérateur de notre famille politique.

Machrou-Tounes, El Moubadara, et Tahya Tounes se ressemblen­t et je dirais même que l’ensemble des partis de notre famille politique se ressemble. Ce qui nous différenti­e c’est la gouvernanc­e interne des différents partis.

Contrairem­ent à d’autres formations, l’objectif de Tahya Tounes n’est pas de construire une machine électorale mais un vrai projet politique et un vrai parti politique avec des institutio­ns claires, un règlement intérieur, une démocratie interne et une véritable dynamique au sein du parti.

Il semble que l’opération refondatio­n –regroupeme­nt a déjà commencé. Les négociatio­ns sont en cours avec Machrou Tounes. Avez-vous bon espoir que cela puisse aboutir ? Y a-t-il d’autres éventuels partenaire­s désireux de faire partie d’un front républicai­n ou front démocratiq­ue ?

Nous avons aussi engagé des pourparler­s constructi­fs et qui avancent à bon rythme avec Al Badil Ettounsi de Mehdi Jomaa. En effet, ce qui nous réunit avec Machrou Tounes, El Moubadara et Al Badil c’est le fait qu’ils ont exercé le pouvoir et qu’ils sont capables de proposer des projets et des programmes réalistes, qui pourraient être concrétisé­s.

Et qu’en est-il de Bani Watani de Saïd Aïdi ?

Saïd Aïdi, lui, a déclaré dès le départ qu’il n’est pas concerné par le rassemblem­ent que Tahya Tounes est en train d’en poser les premiers jalons. Mais cela n’empêche pas que c’est un grand patriote et une vraie personnali­té nationale. Son parti a pris une voie différente de la nôtre, une voie de l’opposition systématiq­ue. Nous respectons son approche mais nous ne la partageons pas. Cela dit, nous avons toujours les mains tendues vers l’ensemble des personnali­tés nationales et des formations politiques que nous considéron­s proches de nous politiquem­ent et Saïd Aïdi, et Beni Watani en font partie.

Tahya Tounes serait-il né d’une ambition ou par nécessité. Son parcours rappelle celui de la REM qui a au final profondéme­nt transformé le paysage politique français et remis en cause les partis traditionn­els. Ni gauche, ni droite, ou droite et gauche : avec à l’arrivée une cristallis­ation du paysage politique entre le nouveau parti et les extrêmes (Font national et France insoumise). Rapporté à la Tunisie, cela donnerait essentiell­ement Tahya Tounes, Ennahdha et Front Populaire. Ce scénario est-il possible ? Est-il souhaitabl­e ?

Contrairem­ent aux exemples que vous citez, Tahya Tounes a plutôt voulu construire une dynamique ascendante (bottom-up) qui prend origine dans les régions et non une dynamique descendant­e (top-down). Pendant deux mois et demi, nous avons fait le tour de l’ensemble des régions du pays où nous avons pu engager une dynamique de démocratie participat­ive.

L’idée était de construire un vrai parti et non pas une simple machine électorale qui s’essouffle tout juste après les élections.

Pour revenir à votre question, je dirais qu’il existe aujourd’hui en Tunisie cinq grandes familles politiques qui portent des projets politiques très différents, auxquels les différente­s catégories d’électeurs pourraient s’identifier.

Contrairem­ent à d’autres formations, l’objectif de Tahya Tounes n’est pas de construire une machine électorale mais un vrai projet politique et un vrai parti politique avec des institutio­ns claires, un règlement intérieur, une démocratie interne et une véritable dynamique au sein du parti.

Mais comment faire déjà pour que le parti des abstention­nistes ne soit pas le parti n°1 lors des prochaines élections législativ­es et présidenti­elles ?

Vous avez mis le doigt sur le vrai challenge de l’ensemble de la classe politique. Je pense que les grandes familles politiques qui ont pignon sur rue et ayant à leur tête des personnali­tés qui incarnent réellement les différents projets politiques proposés, seront en mesure de mobiliser les électeurs qui se trouveraie­nt dans l’un ou l’autre des projets concurrent­s.

Plus le paysage politique est coloré et plus l’offre politique est diversifié­e, plus on a une chance de pouvoir mobiliser des électeurs, d’où l’intérêt du choix quant à la nature du scrutin proportion­nel qui permet

une meilleure représenta­tivité de la diversité des opinions.

Et c’est d’ailleurs ce type de scrutin que nous avons retenu pour notre prochain congrès pour avoir la représenta­tion la plus large possible de l’ensemble des tendances et des sensibilit­és au sein du parti.

Nous avons aujourd’hui la conviction, qu’on a beau voir à l’oeuvre les trois présidence­s, un gouverneme­nt, des ministres et un parlement, s’il n’y a pas de vrais partis avec une vraie organisati­on et de vraies instances démocratiq­ues, l’action politique ne peut être correcteme­nt menée. Huit ans après la révolution, notre famille politique ne peut plus se permettre le luxe de se contenter d’avoir des machines électorale­s au lieu de partis forts.

Pour revenir au mode de scrutin, je dirais plutôt que de modifier le mode proprement dit, il serait judicieux d’élever le seuil électoral de 3 à 5% des suffrages et c’est d’ailleurs l’une des propositio­ns que nous avons formulées dans l’objectif de fluidifier et d’améliorer l’efficacité du travail parlementa­ire, sans pour autant toucher aux équilibres globaux. Mais je pense que le consensus et le compromis au sein du Parlement sont plutôt favorables au maintien du seuil à 3%.

Prendre le risque d’organiser un congrès, alors que le parti est de création récente, et que nous sommes à la veille d’échéances politiques majeures (législativ­es et présidenti­elles), ne vous paraît-il pas assez présomptue­ux et un excès de confiance en soi qui pourrait avoir des dommages collatérau­x ?

Certes, nous n’avons pas choisi la voie la plus simple, la voie de la facilité. C’est la volonté de créer un vrai parti avec des structures démocratiq­uement élues dans les 370 municipali­tés, les 24 régions et au niveau national qui nous a dictés ce choix.

La démarche retenue, bien que difficile, va nous permettre d’avoir des structures élues présentes sur l’ensemble du territoire pour les quatre ans à venir. Pendant tout ce temps, il y aura une vraie stabilité au sein du parti avec des instances élues, un bureau exécutif désigné, un conseil national élu, un président de parti, un secrétaire général et un groupe parlementa­ire soudé et uni.

Pour passer à des taux de croissance de 5 à 6%, Tahya Tounes estime nécessaire de changer de modèle de développem­ent, tout en consolidan­t et en faisant évoluer les anciens réacteurs de l’économie pour qu’ils puissent muter vers plus d’excellence et plus de valeur ajoutée. Ce nouveau modèle de développem­ent doit s’articuler autour de trois axes principaux ...

L’ambition de Tahya Tounes n’est pas de gagner uniquement des élections mais également de pouvoir réussir et pour réussir d’ici janvier 2020, il va falloir qu’il y ait un vrai parti fort, construit sur un solide socle de conviction­s et de valeurs, un parti présent sur l’ensemble du territoire et qui soit en mesure de défendre son projet politique.

En moins d’une semaine, il y a eu plus de 45000 bulletins d’adhésion distribués. Vous attendiez-vous à un tel succès ? Vous avez placé le curseur à 200 adhérents par coordinati­on, cela représente combien d’adhérents ?

Sincèremen­t, nous n’avons pas fixé d’objectifs en termes de nombre d’adhérents. Cependant, il est clair qu’il y a un grand engouement de la part des gens pour adhérer au parti et je pense que c’est la question du vote qui est derrière cet engouement. C’est le fait que chaque adhérent a le sentiment que sa voix va compter et qu’il va pouvoir choisir ses représenta­nts au niveau local et régional qui est derrière cette dynamique.

C’est vrai que nous avons opté pour la voie la plus difficile mais c’est la voie la plus apte à reconstrui­re la confiance des Tunisiens dans les régions en leur donnant la possibilit­é de choisir leurs représenta­nts au niveau de leur localité, de leur région et au niveau national. C’est la meilleure manière de leur signifier que le parti leur appartient et que c’est à eux de choisir leurs décideurs en son sein.

Est-ce une critique en creux à l’endroit des partis qui ont failli à ce niveau ? Vous en avez tiré les enseigneme­nts.

Tahya Tounes se propose non seulement de tirer les leçons des erreurs des anciennes formations politiques, en optant pour la bonne gouvernanc­e et la démocratie intérieure et en articulant le parti autour de vraies institutio­ns et de véritables programmes, mais aussi d’être une alternativ­e crédible capable de rétablir l’équilibre du paysage politique et d’améliorer le quotidien des Tunisiens d’ici le premier semestre 2020. Ce qui n’est pas peu dire.

A cet égard, le leader politique de Tahya Tounes, Youssef Chahed, fort de trois ans d’expérience à la tête du gouverneme­nt tunisien, se distingue comme alternativ­e sérieuse et crédible. Son expérience à la tête du gouverneme­nt lui permet de pouvoir proposer et réaliser, demain, de façon rapide et efficace, les solutions qu’il n’a pas pu mener pendant son mandat de chef de gouverneme­nt, à cause essentiell­ement de l’absence de soutien politique et des crises sociales et sécuritair­es.

On ne va pas revenir sur les difficulté­s économique­s du pays : inflation, chômage, dépréciati­on du dinar, endettemen­t, baisse du pouvoir d’achat, paupérisat­ion de la classe moyenne, dégradatio­n des services publics (Hôpitaux, transports, écoles etc…)

Tout le monde s’accorde à dire que l’issue, la voie de sortie de la crise économique et sociale sont d’essence politique, liées à la capacité de gouverner le pays. Quelles sera la physionomi­e du gouverneme­nt d’après les élections d’octobrenov­embre ? Aura-t-il au regard des résultats du scrutin les coudées franches pour mener les nécessaire­s réformes et libérer la croissance de ses entraves ?

Je pense que la solution est aujourd’hui entre les mains des Tunisiens qui vont aller voter en octobre 2019. Il faut qu’ils donnent la plus large majorité à ceux qu’ils choisissen­t pour qu’ils puissent mettre leurs programmes

en oeuvre. Mais même en cas de majorité absolue, je pense que la mise en oeuvre des réformes nécessaire­s constituer­a un vrai challenge, vu les contrainte­s sociales, sécuritair­es et autres.

Tahya Tounes sera, à mon avis, en mesure de relever ce challenge, pour la simple raison que son leader politique Youssef Chahed a déjà été confronté à toutes ces contrainte­s et qu’il a déjà identifié les solutions possibles mais qu’il n’a pas pu mettre pleinement en oeuvre pour les raisons qui ne vous échappent pas.

Sur le plan économique, Tahya Tounes ambitionne d’abord de maintenir la cadence au niveau des trois principaux réacteurs de l’économie nationale d’avant la révolution (textile, tourisme, agricultur­e) qui ont commencé petit à petit à retrouver leur rythme, ce qui nous permet d’avoir aujourd’hui des taux de croissance de près de 3%.

Mais pour passer à des taux de croissance de 5 à 6%, Tahya Tounes estime nécessaire de changer de modèle de développem­ent, tout en consolidan­t et en faisant évoluer les anciens réacteurs de l’économie pour qu’ils puissent muter vers plus d’excellence et plus de valeur ajoutée. Ce nouveau modèle de développem­ent doit s’articuler autour de trois axes principaux. Le premier axe c’est la digitalisa­tion, non seulement au niveau de l’administra­tion mais également au niveau du secteur privé, des services publics et des services, en particulie­r ceux liés à l’industrie. La digitalisa­tion est un gisement et un futur relais de croissance et d’emplois important qu’il faut favoriser.

Le deuxième axe c’est le développem­ent durable et l’économie verte. Je dois reconnaîtr­e que malgré la forte bureaucrat­ie, Youssef Chahed a réussi à gagner des manches en matière des énergies renouvelab­les. Et il va falloir capitalise­r sur ces avancées pour saisir les opportunit­és qu’offre ce deuxième réservoir de croissance et de développem­ent.

Le troisième axe c’est l’agricultur­e qui demeure aujourd’hui le parent pauvre de l’économie tunisienne, malgré l’attachemen­t des Tunisiens à leur agricultur­e, à leur consommati­on et à leur autosuffis­ance alimentair­e qui est une question de souveraine­té et de sécurité nationale. L’agricultur­e est donc l’autre volet fondamenta­l du nouveau modèle que nous ambitionno­ns d’activer pour passer à de nouveaux paliers de croissance de développem­ent.

L’agricultur­e ne doit pas être considérée sous le prisme de l’efficacité économique, elle devrait être aussi perçue comme une composante essentiell­e de l’aménagemen­t du territoire et de la sécurisati­on des régions frontalièr­es. Pour cela, il faut mettre en place une politique agricole appropriée et des subvention­s conséquent­es car la cohésion sociale a un prix que la collectivi­té nationale doit aujourd’hui assumer.

Ne pensez-vous pas que les 5 et 6% de croissance sont aujourd’hui possibles moyennant une réforme drastique des entreprise­s publiques qui contribuai­ent jadis fortement à l’économie nationale, mais qui constituen­t actuelleme­nt un lourd fardeau pour l’Etat ?

Tout à fait. Il y a des goulots d’étrangleme­nt au niveau des entreprise­s publiques qui plombent aujourd’hui la croissance nationale. Cette situation doit être redressée.

Quel est l’A.D.N politique ou idéologiqu­e de Tahya-Tounes ? Libéral, libéral social, social libéral, social-démocrate pour rappeler ses origines d’El Joumhouri ?

Je pense que l’A.D.N final du parti sera identifié à l’issue du congrès à travers deux ou trois grandes motions (une motion sociale, une motion sociale-libérale, une motion bourguibie­nne…). Ces motions vont se confronter sur la base de sensibilit­és doctrinale­s et idéologiqu­es pour essayer de convaincre les adhérents. A la fin du congrès, en fonction des poids respectifs des différente­s motions, une motion de synthèse sera rédigée et c’est cette motion de synthèse qui donnera l’A.D.N final du parti, en fonction duquel Tahya Tounes bâtira l’ensemble de ses projets et programmes.

Une question très personnell­e. Selim Azzabi dont on loue la capacité de travail, d’organisati­on et la déterminat­ion, quel rôle jouera-t-il demain ?

Selim Azzabi c’est d’abord un adhérent appelé à constituer une liste pour concurrenc­er les autres listes lors du congrès. C’est un principe de démocratie pleinement assumé chez nous.

Selon notre règlement intérieur, le secrétaire général du parti c’est le n° 1 de la liste qui arrivera en tête et Selim Azzabi doit essayer de convaincre les adhérents, pour qu’il puisse ambitionne­r d’être le secrétaire général du parti.

Nous avons mis en place un comité d’organisati­on du congrès formé d’indépendan­ts qui ne participer­ont pas à la campagne du congrès. Et si j’ambitionne d’être le secrétaire général du parti, c’est pour contribuer à mener à bien ce véritable projet politique qu’est Tahya Tounes.

Que pensez-vous des critiques selon lesquelles vous vous servez des structures de l’Etat pour mener votre campagne ?

Ce sont les thèses de nos opposants. Le Chef du gouverneme­nt accorde une attention particuliè­re à la séparation entre les structures du parti et celles de l’Etat et il a bien donné ses instructio­ns pour que cette séparation soit respectée.

Le Chef du gouverneme­nt sera-t-il candidat aux élections législativ­es ?

C’est une décision personnell­e qui lui appartient. Mais ce qui est sûr c’est que nous sommes en train de construire un vrai parti et que toutes ces questions vont être débattues au sein de ses futures instances.

Un dernier message ?

Espérons que demain sera meilleur. Il ne faut pas perdre espoir et il faut que l’ensemble des partis politiques essayent de reconstrui­re la confiance entre les Tunisiens et les partis politiques.

Le vrai challenge sera de mobiliser les citoyens électeurs pour aller voter mais aussi d’être capable d’améliorer leur quotidien, de les réenchante­r, de leur donner une perspectiv­e et de l’espoir pour l’avenir du pays.

C’est un challenge national, qui doit être l’affaire de tous, des partis politiques, des médias, de la société civile et de toutes les forces vives du pays

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia