Où va l’Algérie ?
Quelle que soit l’évolution que pourraient prendre les événements sur la scène algérienne, il est important de ne pas perdre de vue trois éléments.
Prometteur et risqué ». Nul autre que l’ancien ministre des Affaires étrangères, Robert Védrine (1997-2002), n’a pu mieux résumer le mouvement de contestation qui a vu le jour en Algérie autour d’un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika.
Dans la mesure où personne ne sait encore l’évolution que peut prendre cette contestation maintenant que le chef de l’Etat algérien a été pratiquement lâché par l’establishment algérien. A commencer par l’armée qui a jusqu’ici joué un rôle crucial dans les rendez-vous politiques importants connus par le pays depuis l’indépendance.
La révolte n’ayant ni leader ni encore de porte-parole, on ne sait pas encore la suite à envisager après le départ du président Abdelaziz Bouteflika. Même si des échos qui nous parviennent de la sixième manifestation, organisée le 29 mars 2019, à Alger, semblent dire qu’il y a accord sur la mise en application de l’article 102 de la Constitution. Ce dernier dispose que le président de la République peut être déclaré en « état d’empêchement ».
Qu’il soit ainsi ou que le chef de l’Etat algérien décide de démissionner, trois choses sont sûres et certaines. La première est que le président Bouteflika ne peut plus se maintenir. Cela est sans doute une lapalissade. Mais force est de constater que ce « lâchage » du président algérien n’a été possible qu’à cause ou grâce à la rue. Et à l’armée. Qui a compris qu’il ne lui est pas possible de mener une répression pour un régime autant contesté.
Comme pour l’amour, la politique a ses raisons que la raison ne connaît pas. En témoigne, l’appel d’Ahmed Ouyahia, ancien Premier ministre, et défenseur acharné jusqu’à il ya quelques jours du président Bouteflika, en vue d’une démission de ce dernier.
« Les ALgériens
veuLent Autre chose
La deuxième ? Le mouvement de contestation et malgré les différences de sensibilités qu’il comporte est engagé contre ce qu’on appelle le « système Bouteflika ». Bien plus, la révolte concerne tout le bâti politique, économique et sociétal depuis l’indépendance.
« Les Algériens veulent autre chose », réclame une des pancartes hissée par un manifestant, le 29 mars 2019. Autant dire que la rue souhaite des lois nouvelles, des structures et organisations nouvelles, des pratiques nouvelles et des hommes nouveaux.
Peu importe la forme que pourrait prendre la formule mise en place (gouvernement de transition, conseil de la présidence, référendum,…). L’essentiel est qu’elle aboutisse à un changement que la rue veut salutaire. Une sorte de « plus jamais ça ».
Reste, et il s’agit du troisième point, que ce changement comporte comme l’a dit Robert Védrine comporte des risques. Ce qui nourrit des craintes aussi bien en Algérie qu’à l’étranger.
Une cellule terroriste a été démantelée, le 26 mars 2019, à Oran (Ouest algérien). « Les terroristes préparaient des attentats terroristes durant les rassemblements électoraux », a assuré un communiqué du ministère algérien de la Défense nationale.
Evidemment, l’armée et tout l’establishment veille au grain, la population aussi –la contestation s’est faite jusqu’ici dans le calme-, les voisins de l’Algérie encore