Pousse-toi de là que je m’y mette
La bataille politique a commencé au sein des formations politiques pour arracher une place à l’ARP ou à Carthage. Avec quelquefois des dissensions qui ne sont pas pour plaire à l’opinion qui se débat dans les difficultés de son quotidien bien difficile.
L’Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE) a cédé : la Présidentielle aura lieu le 17 novembre 2019. Et non comme initialement prévu le 10 novembre 2019. La première date coïncidait avec la fête religieuse du Mouled. Ce sont les commerçants de Kairouan ainsi que les représentants de la société civile de ce gouvernorat mais aussi ses habitants qui ont alerté l’ISIE sur son mauvais calendrier électoral et fini par gagner.
Il faut avoir visité Kairouan au cours du
Mouled pour comprendre la place de cette fête, commémorant la naissance du Prophète Mohamed (SAS), dans le vécu de la ville et de tout ce gouvernorat de la Tunisie centrale. Car, outre l’aspect économique – la ville est visitée par jusqu’à un million de personnes -, la population est largement occupée par la célébration de cette fête : visite des parents, shopping, dégustation de plats, gâteaux et autres confiseries, cérémonies de fiançailles et de circoncision...
Désaffection
Le choix de la date n’était pas des plus appropriés pour une élection qui devait mobiliser : tout le monde craint une abstention qui pourrait être forte. Etant donné, dit-on, ça et là, la désaffection d’une partie de la population pour la politique et les politiciens qui, du moins pour certains d’entre eux, n’en finissent pas de se chamailler.
Et les dernières rumeurs sur la querelle entre le porte-parole du gouvernement, Iyed Dahmani, et le député à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), Walid Jallad, qui en seraient arrivés aux mains, n’est pas pour tranquilliser l’opinion.
Dans le même ordre d’idées, une autre querelle, toujours du côté du nouveau venu sur la scène politique, le parti « Tahyia Tounes » (Que vive la Tunisie), entre le coordinateur de ce mouvement , Slim Azzabi, et un de ses membres, l’ancien secrétaire d’Etat de l’Intérieur, Lazhar Akrimi, ne sont pas pour conforter les adhérents de ce parti.
Des informations infondées ? Les deux hommes ont publié une photo les montrant en parfaite harmonie, démentant tous les racontars sur leur présumée bagarre.
Arrêtons-nous un instant pour dire qu’à l’heure des réseaux sociaux et quelquefois d’un certain « laisser-faire, laisser-passer » médiatique, la campagne électorale - qui a déjà commencé - se nourrira encore de rumeurs.
Rumeurs ?
L’expérience a toujours prouvé que ceux qui les diffusent gagnent souvent à tous les coups. Se basant sur ce qu’un père de la propagande, Joseph Goebbels, a dit : « Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ». Ne sommes-nous pas à l’ère des fake news ?
Les querelles existent encore du côté de « Nidaa Tounes » qui devrait tenir son congrès début avril 2019. Et ce malgré les dissensions qui ont touché jusqu’à l’équipe et le président
de la commission chargée de l’organisation du congrès, Ridha Charfeddine.
Un autre groupe politique, le Front Populaire, connaîtrait à son tour des divisions à l’approche des échéances électorales de 2019. La candidature de Hamma Hammami ne serait pas pour plaire à tous au sein de cette constellation de partis.
Les arguments des uns et des autres, qui s’opposent à cette candidature, auraient été avancés concernant le refus de voir ce leader de la gauche se présenter à la présidentielle de 2019. D’autant plus qu’il a eu sa chance déjà en 2014.
Des sièges de députés ou encore une candidature à la présidentielle seraient la principale motivation de ceux qui font de la politique, tous les Tunisiens en sont conscients depuis belle lurette. Mais que cela soit la seule et unique motivation, c’est révoltant pour des citoyens qui se débattent dans toutes sortes de difficultés au quotidien.
D’autant plus que les batailles n’en finissent pas au sein des formations politiques. Des informations évoquent même des marchandages au sein de « Tahyia Tounes » qui a vu l’adhésion de 100 000 Tunisiens.
Un bâtiment du côté du quartier Lafayette a été mobilisé pour recueillir ses adhésions pour un mouvement qui a toujours défendu la thèse de faire de la politique autrement : en allant notamment recueillir les avis et les propositions du peuple avant de constituer son ADN politique.
Un procédé qui ne l’épargne pas, selon des avis, de faire de la politique comme les autres : une bataille pour la députation. Avec ce que cela exige de manoeuvres pour assurer des équilibres nécessaires à une conquête politique.
Même son de cloche du côté de « Nidaa Tounes » d’où vient une bonne partie des leaders de « Tahyia Tounes ». La course pour des sièges au sein de la prochaine ARP est dans toutes les têtes. Ou presque.
La sortie de l’Union Patriotique Libre (UPL) de son alliance avec « Nidaa Tounes » participe, à ce propos, de cette logique. Après s’être fondue dans « Nidaa Tounes », l’UPL redevient, pour ainsi dire, l’UPL. Il se présentera sous ses couleurs lors des prochaines échéances électorales.
Désunis
La situation, côté divisions, n’est pas meilleure du côté de la famille destourienne. Trois à quatre formations partagent le marché politique des Destouriens. Des partis qui ne sont pas bien unis. Parviendront-ils à se présenter dans un même front ?
Difficile à croire lorsqu’on apprend qu’Abir Moussa, présidente du Parti Destourien Libre (PDL), a décliné, en février dernier, une invitation du parti « Al Moubadra » à l’occasion de la tenue du congrès de ce dernier. En affirmant qu’elle refusait une invitation d’un « parti qui se prétend destourien, mais qui a dévié des principes de base des destouriens en collaborant avec les islamistes pour les blanchir … ».
La campagne ne pourrait-elle pas être entachée de violence ? On pourrait le craindre à la lumière de l’attaque survenue, le 31 mars 2019, à Sidi Bouzid, lors d’un meeting tenu par Abir Moussi. Des personnes ont jeté des pierres et des oeufs sur le lieu où se tenait ce meeting.
La réputation de dame de fer qu’Abir Moussi a acquise suffira-t-elle à lui permettre de gagner les prochaines échéances électorales, comme le prétendent ses partisans ? Toujours est-il que le discours de cette refuznik remet en cause tout le bâti de la révolution de 2011et promet de remettre de l’ordre dans un pays qui est, selon elle, mal parti.
Et Ennahdha dans tout cela ? Le parti islamiste, qui ne donne pas l’impression d’être trop intéressé par ce qui se passe sur la scène politique et semble même avoir, pour certains, la tête ailleurs, s’agrippe à l’entente nationale tout en fourbissant ses armes. En se limitant à faire, ici et là, quelques déclarations. Comme celle de son président, Rached Ghannouchi, qui a soutenu récemment que son mouvement n’a pas besoin de mener une campagne électorale dans le Sud tunisien.
Car il est inconcevable qu’Ennahdah n’ait pas son avis, pour ne pas dire son programme, sur les prochaines échéances. Avec un certain profil bas qui lui a toujours réussi jusqu’ici
Un autre groupe politique, le Front Populaire, connaîtrait à son tour des divisions à l’approche des échéances électorales de 2019. La candidature de Hamma Hammami ne serait pas pour plaire à tous au sein de cette constellation de partis.
Et Ennahdah dans tout cela ? Le parti islamiste, qui ne donne pas l’impression d’être trop intéressé par ce qui se fait sur la scène politique et semble même avoir, pour certains, la tête ailleurs, s’agrippe à l’entente nationale tout en fourbissant ses armes. En se limitant à faire, ici et là, quelques déclarations. Comme celle de son président, Rached Ghannouchi, qui a soutenu récemment que son mouvement n’a pas besoin de mener une campagne électorale dans le
Sud tunisien.