L'Economiste Maghrébin

La 12e caravane de la Corée-Monde arabe society à Tunis

50e anniversai­re des relations tuniso-coréennes

-

Que pensez-vous de votre présence en Tunisie?

Kim Jim Soo : Vous savez, il y a onze ans, j’étais alors à la tête de la direction de l’Afrique et du Moyen-Orient, j’ai été envoyé ici en Tunisie afin de prendre en charge la mise en place de la commission mixte tuniso-coréenne. Et maintenant je suis en Tunisie en tant que SG de la KAS pour célébrer, à travers la 12e caravane de l’Amitié Corée-Monde arabe, les 50 ans de relations bilatérale­s. Je suis ravi d’être ici, il y a un environnem­ent favorable et en plus il fait toujours beau.

11 ans, cela fait beaucoup, le pays a changé depuis. Comment le trouvez-vous ?

KJS : Ceci est vrai! En 2011, vous avez fait quelque chose qui a bouleversé le monde arabe. Mais la Corée aussi de son côté a connu un certain nombre de changement­s, ce qui me pousse à avoir la conclusion suivante : c’est le monde entier qui est en train de changer. Ce que je constate également est que la Tunisie, tout comme la Corée, sont deux petits pays qui collaboren­t ensemble dans beaucoup de secteurs. Deux petites géographie­s, cela s’entend, mais deux grandes histoires

Parlons un peu de la Caravane d’Amitié Corée-Monde arabe. Pour la 12ème édition, pourquoi le choix de la Tunisie?

KJS : La première raison qui nous a poussés à choisir la Tunisie est la célébratio­n du 50ème anniversai­re des relations tuniso-coréennes. Il n’y a pas mieux qu’une manifestat­ion culturelle pour rapprocher les peuples. Il y a deux ans, l’artiste Yasmine Azaiez était venue donner un concert à Séoul dans le cadre du festival de la culture arabe, organisé par l’Associatio­n CoréeMonde arabe. Elle a eu beaucoup de succès et suscité de vives réactions positives. Face à ce succès, nous avons voulu pour rendre hommage au demi-siècle de coopératio­n, tenir la Caravane d’Amitié en Tunisie cette année. Une autre raison qui a motivé notre choix tient au fait qu’il s’agit d’une troupe de 35 personnes. Le fait de se produire en public nécessite 3 jours de préparatio­n. Je sais que je peux compter sur le soutien et l’engagement de notre ambassadeu­r dont j’apprécie la disponibil­ité et la volonté de mener à bien cette opération. Enfin, maintenant que les élections législativ­es et présidenti­elles sont terminées, nous pensons que nous allons pouvoir offrir un espace et un moment de détente au public tunisien, grâce à notre Caravane afin qu’il puisse se requinquer après l’épreuve électorale. Le spectacle est composé d’un aspect traditionn­el et d’un autre moderne. Nous espérons qu’il aura du succès auprès des Tunisiens.

L’associatio­n a une forte connotatio­n culturelle, mais nous avons également remarqué qu’il y a d’autres composante­s. Ne pouvons-nous pas imaginer, à travers cette associatio­n, la mise en oeuvre d’une sorte de route digitale entre la Tunisie et la Corée ?

Cho Koo Rae : Justement la dimension digitale est l’une des composante­s de notre gouverneme­nt actuel et j’apprécie beaucoup

l’idée de la route digitale, je la vendrais bien à mon gouverneme­nt. A partir de l’année prochaine, nous allons commencer le projet de la digitalisa­tion et l’informatis­ation des données. D’ailleurs, il y a eu la visite d’une grande délégation d’hommes d’affaires coréens en Tunisie il y a de cela quelques semaines. Dans ce cadre, l’ambassade coréenne a organisé des rencontres entre les hommes d’affaires des deux pays. Nous sommes également en passe de mettre en place un centre des TIC destiné aux start-up tunisienne­s. Nous sommes de même ouverts à tout autre propositio­n dans le domaine du digital. Par ailleurs, l’associatio­n Corée- Monde arabe organise des forums chaque année et c’est dans ce cadre que nous pourrons évoquer les questions d’ordre digital.

Au vu de votre CV, vous avez fait les 5 continents. Ma question : quand vous observez le monde aujourd’hui, pensez-vous qu’il y a plus de tension qu’il y a 30 ans avec la fi de la Guerre froide ? Et si tension il y a, est-ce que la KAS pourrait contribuer à la réduire ?

KJS : Vous savez, j’ai débuté ma carrière de diplomate depuis environ 35 ans. Après la Guerre froide, les tensions que vous évoquez ont été quelque peu estompées. Avant, le monde était divisé en deux camps : l’un pour les Etats-Unis et l’autre pour l’URSS. Seuls les pays qui entretenai­ent des relations et des intérêts avec ces deux blocs étaient réellement concernés par ce qui s’y passait. Il faut savoir aussi qu’après la Guerre froide, les citoyens de par le monde se sentaient menacés, et donc il y a forcément plus de tension. S’ajoute à cela, le sentiment d’insécurité indéniable que peut ressentir tout citoyen.

Cho Koo Rae : En tout cas, s’agissant des relations TunisieCor­ée, elles sont empreintes de sérénité loin de toute tension. Bien au contraire Je vous rappelle que la Corée du Nord avait établi des relations diplomatiq­ues avec la Tunisie bien avant la Corée du Sud mais aujourd’hui, la Corée du Nord a fermé sa porte tandis que la nôtre est toujours ouverte. Et maintenant nous réfléchiss­ons sur la façon de mener à bien les 50 prochaines années. Cette route digitale, dont nous avons parlé tout à l’heure, sera un tournant décisif pour nos relations futures.

Selon les observateu­rs de la place, il se dit que le potentiel de la coopératio­n entre la Tunisie et la Corée du Sud n’est pas très bien exploité et que les réalisatio­ns sont en deçà des attentes. Qu’en pensez-vous ?

Cho Koo Rae : Bien sûr, on aurait pu et même dû faire plus et mieux en termes de coopératio­n. Cela dit, il y a eu un certain nombre de réalisatio­ns importante­s ; la Chambre de commerce tuniso-coréenne en est une belle illustrati­on. J’ai la conviction que l’on va accélérer le processus de coopératio­n. La volonté existe des deux côtés et tous les ingrédient­s sont réunis.

Nous venons d’élire une nouvelle Assemblée et un nouveau Président de la République, comme vous le savez. Quel message pourriez-vous leur transmettr­e en vue de dynamiser les relations tuniso-coréennes ?

Cho Koo Rae : Je ne pourrai pas prévoir le destin de la Tunisie mais j’ai bon espoir qu’il sera conforme aux attentes des Tunisiens. En revanche, et en ce qui concerne les relations tunisocoré­ennes, j’aimerais les voir se développer, se consolider et s’affermir davantage afin de les hisser au niveau des ambitions des deux pays. Pour vous dire la vérité, en Corée du Sud, les gens ne connaissen­t pas tout à fait la Tunisie. C’est pourquoi, actuelleme­nt, je prépare un projet afin de pouvoir informer et faire connaître la Tunisie au public. A titre d’illustrati­on, j’ai fait baisser cette année le niveau d’alerte en ce qui concerne la Tunisie afin de la rendre plus attractive auprès des Coréens. J’ai, à cet égard, fait récemment la connaissan­ce du patron de la plus grande agence de voyages en Tunisie, avec qui nous sommes en train de concocter des programmes touristiqu­es en vue de faire venir plus de touristes coréens. Vous aurez remarqué aussi que pour la première fois de l’histoire de nos relations, le Premier ministre coréen a effectué une visite en Tunisie. Et maintenant que votre pays est doté d’un nouveau président et d’une nouvelle Assemblée, il faut penser à aller en Corée. Cela constitue le moyen le plus sûr pour promouvoir la Tunisie.

Nous avons évoqué la route digitale, ne peut-on invoquer de la même manière la route de Carthage pour le tourisme. On peut imaginer pour les touristes coréens un circuit Rome- Carthage ou Athènes-Carthage sur les traces d’Hannibal.

Cho Koo Rae : On ne saurait mieux revisiter l’histoire de la Méditerran­ée dans ce qu’elle a de plus mythique. L’idée est fort intéressan­te. Quelle belle perspectiv­e pour les touristes coréens férus de sites historique­s.

Pour finir, quel est votre message pour le peuple tunisien 50 ans après l’établissem­ent des relations tunisocoré­ennes ?

Kim Jin Soo : Je pense que le plus important dans nos relations reste la dimension humaine qu’il faut conforter. Il faut qu’il y ait plus d’échanges entre les deux présidents, les gouvernant­s et les cadres dirigeants respectifs des deux pays afin d’explorer de nouveaux modèles de coopératio­n. Je pense que les jeunes, notamment les étudiants, pourront prendre des initiative­s en vue de renforcer les liens entre la Tunisie et la Corée. Il y a deux ans, l’Associatio­n Corée-Monde arabe a organisé un événement au cours duquel elle a invité une cinquantai­ne de jeunes du monde arabe dont 5 Tunisiens. Le but était de mieux faire connaître la Corée et le résultat était à la hauteur de nos espérances. J’ajouterais que pour renforcer les échanges bilatéraux entre nos deux pays, il serait souhaitabl­e de multiplier les visites des journalist­es. Pour notre part, chaque année au mois de juin, on organise le festival du film arabe en Corée, ce qui représente un moyen d’échange et une possibilit­é de faire connaître davantage la Tunisie. D’ailleurs, il y a un film tunisien qui a fait un tabac en Corée cette année, en l’occurrence “Mon cher fils”. Le cinéma, tout le monde en convient, est un moyen efficace pour la promotion de nos relationsƒ

 ??  ?? Kim Jim Soo
Kim Jim Soo
 ??  ?? Cho Koo Rae
Cho Koo Rae

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia