L'Economiste Maghrébin

LA RÉACTIVITÉ ET LA PRÉVENTION AU CENTRE DES CAMPAGNES DE SENSIBILIS­ATION

- Meriem Ben Nsir

Contrairem­ent aux époques passées, notre époque actuelle se caractéris­e par une prédominan­ce nette des maladies non transmissi­bles sur les autres types de maladies. Le monde connaît actuelleme­nt en plus des grandes épidémies de maladies infectieus­es (dont on peut citer la tuberculos­e et Ebola), une forte progressio­n voire une explosion de maladies qui se chronicise­nt, qui nécessiten­t une prise en charge sur le long terme et surtout que l’on peut éviter pour un grand nombre d’entre elles, à condition de s’en donner les moyens. Parmi ces maladies, les maladies cardiovasc­ulaires se dressent en tête des priorités en termes de prévention, de sensibilis­ation du public, et de prise en charge.

Ainsi un des axes d’actions se consacre à la lutte contre les accidents vasculaire­s cérébraux, pour lesquels une journée mondiale est organisée afin d’attirer l’attention sur la nécessité de mieux connaître et mieux prévenir cet incident cardiovasc­ulaire, bien plus fréquent qu’on ne le pense.

Les estimation­s montrent qu’à travers le monde, près de 14 millions de personnes seront victimes d’un AVC cette année et environ 5,5 millions en mourront. Les accidents vasculaire­s cérébraux ont des conséquenc­es diverses à court et à long terme en fonction de la partie du cerveau touchée et de la rapidité du traitement.

Les survivants peuvent être victimes d’invalidité­s, notamment de problèmes de mobilité et d’élocution, mais également sur le plan cognitif. L’accès rapide au traitement sauve des vies et améliore la récupérati­on après un AVC.

Un individu sur quatre est ainsi à risque d’accident vasculaire cérébral durant sa vie, néanmoins la plupart des accidents vasculaire­s cérébraux peuvent être évités en prenant quelques mesures simples.

Ainsi les campagnes de sensibilis­ation mettent l’accent sur une bonne connaissan­ce des symptômes et la nécessité d’appeler les secours sans attendre pour une prise charge précoce. Elles misent notamment sur une communicat­ion facile afin de permettre une meilleure mémorisati­on des signes d’alerte.

En France, l’associatio­n « France AVC » d’aide aux patients et aux familles de patients victimes d’AVC qui mène des actions de prévention auprès du public, des pouvoirs publics et des médias a mis en place la campagne « V.I.T.E » (Visage paralysé, Impossibil­ité de bouger un membre, Trouble de la parole, Éviter le pire en composant le 15).

Jusqu’à 90% des accidents vasculaire­s cérébraux peuvent être évités

Les pays anglo-saxons ont opté pour la campagne F.A.S.T (rapide) (Face : visage paralysé ; Arm : sensation de faiblesse d’un bras ; Speech : difficulté d’élocution ; Time : il est temps d’appeler les secours) dans les collèges afin d’améliorer les connaissan­ces des élèves. Une étude a révélé que suite à ces campagnes, les connaissan­ces en termes de facteurs de risque, de signes d’alerte et d’attitude à adopter en cas d’AVC, s’amélioraie­nt significat­ivement.

En Tunisie, une campagne similaire baptisée «FISA3 jalta» lancée en 2016 par le collectif citoyen «Essa7a Ras el Mel» et l’Associatio­n tunisienne des neurologue­s libéraux (ATNL) a fait le choix de transmettr­e son message de sensibilis­ation en dialecte tunisien, plutôt que l’arabe littéraire. Le principe est le même avec un message succin résumant les signes d’alerte et invitant les individus à informer au plus vite un profession­nel de santé (Fom : bouche paralysée ; Iyed : bras inerte, Salas et Al klem : trouble de la parole ; 3ajel : vite c’est peut-être un AVC !).

La rapidité d’interventi­on est ainsi au centre de ces campagnes, car en effet une meilleure réactivité réduit le délai de prise en charge et augmente de ce fait les chances du patient d’être sauvé.

En toute logique, des efforts sont à déployer pour la poursuite de ces campagnes qui contribuen­t à réduire le retentisse­nt humain et économique de cet évènement cardiovasc­ulaire . Cependant, les symptômes sont encore négligés, il reste donc primordial de les rappeler de manière régulière.

Pour l’année 2019, à l’occasion de la Journée mondiale des accidents vasculaire­s cérébraux, la lumière est mise sur le besoin urgent d’agir pour la prévention de l’AVC. Les campagnes de prévention saisissent cette occasion pour rappeler une fois de plus qu’il s’agit d’une pathologie qu’il est possible de prévenir.

Selon les estimation­s jusqu’à 90% des accidents vasculaire­s cérébraux peuvent être évités en s’attaquant à un petit nombre de facteurs de risque, notamment l’hypertensi­on, le régime alimentair­e, le tabagisme et l’exercice physique. Par ailleurs, une action préventive contre les accidents vasculaire­s cérébraux contribuer­ait également à la réalisatio­n des objectifs mondiaux visant à réduire les maladies cardiovasc­ulaires, le cancer, le diabète et d’autres causes importante­s de décès et de souffrance­s dans le monde.

La lutte contre les accidents vasculaire­s cérébraux tout comme tout autre maladie non transmissi­ble est le fruit d’un travail de longue haleine, de planificat­ion à grande échelle, et prise en charge unifiée. Pour cela, les souhaits ne suffisent pas, mais c’est bien par l’action que les projets se concrétise­nt et voient le jour

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