LA RÉACTIVITÉ ET LA PRÉVENTION AU CENTRE DES CAMPAGNES DE SENSIBILISATION
Contrairement aux époques passées, notre époque actuelle se caractérise par une prédominance nette des maladies non transmissibles sur les autres types de maladies. Le monde connaît actuellement en plus des grandes épidémies de maladies infectieuses (dont on peut citer la tuberculose et Ebola), une forte progression voire une explosion de maladies qui se chronicisent, qui nécessitent une prise en charge sur le long terme et surtout que l’on peut éviter pour un grand nombre d’entre elles, à condition de s’en donner les moyens. Parmi ces maladies, les maladies cardiovasculaires se dressent en tête des priorités en termes de prévention, de sensibilisation du public, et de prise en charge.
Ainsi un des axes d’actions se consacre à la lutte contre les accidents vasculaires cérébraux, pour lesquels une journée mondiale est organisée afin d’attirer l’attention sur la nécessité de mieux connaître et mieux prévenir cet incident cardiovasculaire, bien plus fréquent qu’on ne le pense.
Les estimations montrent qu’à travers le monde, près de 14 millions de personnes seront victimes d’un AVC cette année et environ 5,5 millions en mourront. Les accidents vasculaires cérébraux ont des conséquences diverses à court et à long terme en fonction de la partie du cerveau touchée et de la rapidité du traitement.
Les survivants peuvent être victimes d’invalidités, notamment de problèmes de mobilité et d’élocution, mais également sur le plan cognitif. L’accès rapide au traitement sauve des vies et améliore la récupération après un AVC.
Un individu sur quatre est ainsi à risque d’accident vasculaire cérébral durant sa vie, néanmoins la plupart des accidents vasculaires cérébraux peuvent être évités en prenant quelques mesures simples.
Ainsi les campagnes de sensibilisation mettent l’accent sur une bonne connaissance des symptômes et la nécessité d’appeler les secours sans attendre pour une prise charge précoce. Elles misent notamment sur une communication facile afin de permettre une meilleure mémorisation des signes d’alerte.
En France, l’association « France AVC » d’aide aux patients et aux familles de patients victimes d’AVC qui mène des actions de prévention auprès du public, des pouvoirs publics et des médias a mis en place la campagne « V.I.T.E » (Visage paralysé, Impossibilité de bouger un membre, Trouble de la parole, Éviter le pire en composant le 15).
Jusqu’à 90% des accidents vasculaires cérébraux peuvent être évités
Les pays anglo-saxons ont opté pour la campagne F.A.S.T (rapide) (Face : visage paralysé ; Arm : sensation de faiblesse d’un bras ; Speech : difficulté d’élocution ; Time : il est temps d’appeler les secours) dans les collèges afin d’améliorer les connaissances des élèves. Une étude a révélé que suite à ces campagnes, les connaissances en termes de facteurs de risque, de signes d’alerte et d’attitude à adopter en cas d’AVC, s’amélioraient significativement.
En Tunisie, une campagne similaire baptisée «FISA3 jalta» lancée en 2016 par le collectif citoyen «Essa7a Ras el Mel» et l’Association tunisienne des neurologues libéraux (ATNL) a fait le choix de transmettre son message de sensibilisation en dialecte tunisien, plutôt que l’arabe littéraire. Le principe est le même avec un message succin résumant les signes d’alerte et invitant les individus à informer au plus vite un professionnel de santé (Fom : bouche paralysée ; Iyed : bras inerte, Salas et Al klem : trouble de la parole ; 3ajel : vite c’est peut-être un AVC !).
La rapidité d’intervention est ainsi au centre de ces campagnes, car en effet une meilleure réactivité réduit le délai de prise en charge et augmente de ce fait les chances du patient d’être sauvé.
En toute logique, des efforts sont à déployer pour la poursuite de ces campagnes qui contribuent à réduire le retentissent humain et économique de cet évènement cardiovasculaire . Cependant, les symptômes sont encore négligés, il reste donc primordial de les rappeler de manière régulière.
Pour l’année 2019, à l’occasion de la Journée mondiale des accidents vasculaires cérébraux, la lumière est mise sur le besoin urgent d’agir pour la prévention de l’AVC. Les campagnes de prévention saisissent cette occasion pour rappeler une fois de plus qu’il s’agit d’une pathologie qu’il est possible de prévenir.
Selon les estimations jusqu’à 90% des accidents vasculaires cérébraux peuvent être évités en s’attaquant à un petit nombre de facteurs de risque, notamment l’hypertension, le régime alimentaire, le tabagisme et l’exercice physique. Par ailleurs, une action préventive contre les accidents vasculaires cérébraux contribuerait également à la réalisation des objectifs mondiaux visant à réduire les maladies cardiovasculaires, le cancer, le diabète et d’autres causes importantes de décès et de souffrances dans le monde.
La lutte contre les accidents vasculaires cérébraux tout comme tout autre maladie non transmissible est le fruit d’un travail de longue haleine, de planification à grande échelle, et prise en charge unifiée. Pour cela, les souhaits ne suffisent pas, mais c’est bien par l’action que les projets se concrétisent et voient le jour