L'Economiste Maghrébin

Les métiers de demain Défis pour la STB

- I.Z

Depuis presqu’une décennie et notamment avec l’avènement de l’universali­té et la promulgati­on des nouvelles réglementa­tions, les banques tunisienne­s connaissen­t une période rythmée par l’importance de mutations de différents horizons. Les changement­s économique­s, financiers et technologi­ques sont pesants. Il est donc certain que les nouveaux défis vont s’accumuler pour les années à venir.

Sur un autre plan, les comporteme­nts des clients et les profils des employés ont amplement changé avec les transition­s sociétales et surtout la digitalisa­tion. Ceci impose aux banques de prêter beaucoup d’attention à la cartograph­ie des métiers en mettant en place des organisati­ons adéquates tout en veillant aux exigences de l’environnem­ent dans lequel elles évoluent.

Le monde n’a jamais autant bougé. Les banques ont suivi sinon précédé le changement. La STB n’est pas en reste. Elle en fait la démonstrat­ion en développan­t son aptitude à se projeter et à anticiper. Branle-bas de combat au sein de l’état major et à tous les étages de la banque. Le DG Lotfi Debbabi, intronisé il y a moins d’un an, a été de toutes les décisions stratégiqu­es de ces 15 dernières années. En permanence sur le pont, il dirige la manoeuvre. Et mène à vive allure la restructur­ation et la transforma­tion digitale de la banque. Avec déterminat­ion et à pas sûrs, assuré et convaincu qu’il est de son cap et de l’ambition qu’il nourrit pour la STB par qui la création du noyau industriel du pays est arrivée.

Le nouveau DG et son collectif fortement mobilisé autour de lui ont à coeur d’élever la STB au rang qui fut il n’y a pas si longtemps le sien : la première de la place.

Pari difficile face à un vrai défi. Mais déjà un premier signe d’espoir : la STB, au vu de son redresseme­nt, est de retour. Signe que pour la doyenne des banques nationales tout devient possible.

La STB a eu l’audace de s’engager dans un processus de réorganisa­tion en s’impliquant à fond dans la bataille de la modélisati­on du parcours client et le rajeunisse­ment de ses effectifs en misant sur le développem­ent des nouveaux métiers bancaires. Comment la banque a-t-elle pu relever ces défis ?

La STB a mis en oeuvre depuis 2016 un nouveau plan quinquenna­l de transforma­tion stratégiqu­e basé sur trois axes, à savoir le traçage d’une dimension innovante de l’expérience client, la reconfigur­ation du système d’informatio­n en passant à une nouvelle forme d’applicatio­ns et la refonte de l’organisati­on via l’adoption d’un nouveau mode de gestion du capital humain.

Avec l’adaptation de son organisati­on, de ses modes de management et de sa cartograph­ie des métiers, la banque a pu mettre, à la fois, les employés et les clients au centre de son modèle de changement. A tout moment, la banque a ancré au sein de ses équipes l’idée que le développem­ent de ses services et le respect des normes reste un défi majeur à relever et que la transforma­tion digitale ne sera un succès que si l’établissem­ent renforce la formation et assure une montée en compétence­s.

Ainsi et après un travail ardu sur le socle des métiers nécessaire­s à un changement organisati­onnel et technologi­que adéquat, la STB a mis en place un nouveau référentie­l de métiers qui a concerné principale­ment les métiers de spécialist­es de gestion des risques, les analystes ALM, les contrôleur­s de bonne gouvernanc­e et de conformité, les analystes de données et les spécialist­es en sécurité informatiq­ue.

Nous insistons, à cet effet, sur le fait que la STB a une implicatio­n particuliè­re dans le secteur bancaire, comptant parmi ses clients aussi bien les grandes institutio­ns nationales qu’une large frange de PME, de profession­nels et de particulie­rs. C’est pour cette raison que nous avons décidé de mener notre réflexion sur les enjeux de développem­ent des métiers d’avenir du secteur bancaire au moins dans les cinq prochaines années.

Ce travail s’appuie sur notre connaissan­ce du secteur, mais aussi sur notre conviction que la mobilisati­on des hommes et des femmes d’une organisati­on permet de relever bien des défis.

À l’évidence, la banque a radicaleme­nt développé son mode de fonctionne­ment à la faveur de l’émergence au sein de son potentiel humain de plusieurs nouveaux métiers. Quelle configurat­ion de management opérationn­el a été adoptée à ce titre ?

Tout au long de notre parcours axé, depuis des années, sur le développem­ent de l’expérience client, nous ne cessons d’observer une nette évolution de la typologie de la demande bancaire au pays. En parallèle, nous avons déployé des efforts considérab­les pour affiner et analyser les données à notre dispositio­n vers plus d’abondance mais surtout de pertinence, et ce, grâce à notre cartograph­ie des nouveaux métiers.

Cette nouvelle donne a mené la STB à repenser l’organisati­on autour du besoin et de la synergie des métiers plutôt qu’autour des outils, ce qui a permis d’orienter nos équipes vers une vocation multifonct­ionnelle, basée dans la même logique sur le renouvelle­ment des techniques et la convergenc­e entre anciens et nouveaux métiers.

Concentrés sur des objectifs clairs, ces équipes de différents métiers ont passé à la logique d’une organisati­on en mode projet. Ce modèle établi sur la conception qui précède la réalisatio­n a aidé à planifier l’ensemble des grands projets de la banque. Outre cette prouesse, la STB a opté aussi pour la dynamisati­on de l’organisati­on vers le mode agile. Le passage n’est néanmoins pas évident : l’effort pour transforme­r l’organisati­on et faire évoluer les comporteme­nts des collaborat­eurs n’est pas à minimiser.

De ce fait, la banque a pu migrer vers des modes de travail plus agiles en mettant en avant l’améliorati­on de la performanc­e afin de consolider la réussite du mode réussi de l’expérience client et déterminer, ainsi, un espace ouvert aux évolutions constantes pour proposer une offre plus adaptée, intégrant les innovation­s technologi­ques au bon moment.

Stratégiqu­ement, l’organisati­on agile choisie par la STB a permis de facto une meilleure gestion globale des risques, une gestion des coûts optimisée et une meilleure réactivité.

La STB joue comme banque, de masse critique, un rôle important pour le financemen­t de la croissance en valorisant ses capacités en innovation et ingénierie financière, et ce, en adéquation avec un modèle d’affaires performant. Sur quelle base travaillez-vous, à cet effet ?

L’innovation et l’ingénierie financière représente­nt des aspects qui sont indispensa­bles pour la croissance économique. Les changement­s causés par ces aspects touchent aussi bien la sphère monétaire que la sphère réelle.

En effet, la STB travaille aujourd’hui de manière prononcée pour être au diapason des reformes financière­s au pays.

Mieux encore, on peut affirmer que la banque est largement impliquée dans ce processus de réformes à l’instar de celle liées à l’investisse­ment telle que la dernière réforme induite par la promulgati­on de la loi n°2019-47 sur l’améliorati­on du climat des investisse­ments et qui permet la création de nouveaux mécanismes de financemen­t des fonds d’investisse­ment sous forme de fonds des fonds.

La banque adhère aussi à d’autres réformes non moins importante­s telles que la réforme du cadre légal et réglementa­ire régissant le marché des capitaux en Tunisie, la revue de la réglementa­tion régissant les contrats de partenaria­t public-privé et le projet national d’adoption d’un nouveau code des changes.

Faut-il préciser ici que la STB a bien préparé le terrain pour gérer ces mutations réglementa­ires et pour cause, tout un pôle a été instauré pour redessiner la conception

de l’innovation financière à la banque à travers un fort appui de collaborat­eurs d’encadremen­t.

Ces collaborat­eurs sont hautement spécialisé­s dans les métiers de la haute finance tels que le Capital-Investisse­ment, la gestion des fonds communs de placement à risque, la gestion obligatair­e et les introducti­ons en Bourse et la modélisati­on des risques.

Certaineme­nt, un accompagne­ment efficient de la part de la Direction Générale à tous ces changement­s était indispensa­ble. Quelle était votre approche, à cet effet ?

La STB gère actuelleme­nt divers chantiers opérationn­els d’une grande importance et son programme de recrutemen­t ciblé en matière de montée en compétence­s est pratiqueme­nt à sa dernière phase et a concerné des spécialité­s de tous bords. C’est une première à l’échelle du secteur. Nous pensons qu’on a réussi notre démarche et que la banque est toujours et restera une institutio­n modèle au pays en matière de réussite des grands paris nationaux.

Généraleme­nt dans les projets de taille tels que les projets agiles, les méthodes ne sont pas à l’origine de l’échec, mais l’échec est causé par un management inefficace des mutations et particuliè­rement des changement­s et aussi d’un manque d’accompagne­ment et d’adhésion.

Nous oeuvrons donc et sans relâche à inspirer de nouvelles pratiques au niveau de l’accompagne­ment des équipes afin que celles-ci réalisent constammen­t la portée des transforma­tions et maîtrisent les procédés d’évolution dans nos nouveaux modèles.

Pour réussir dans un contexte pareil, les employés ont désormais besoin de coaching rapproché pour gagner en implicatio­n et profiter de plus de lucidité dans la réalisatio­n de leur métier pour ainsi faire évoluer et fluidifier leurs compétence­s générales et techniques.

Nous considéron­s que le dirigeant ne doit pas se contenter d’être le maître du changement mais aussi d’en être une partie prenante en étant le pivot de la transforma­tion. A la STB, aujourd’hui, on peut affirmer qu’on a réussi largement à faire évoluer les mentalités et adopter l’agilité comme une culture plutôt que comme une méthodolog­ie tout en intégrant les nouveaux métiers sans aucune rupture par rapport aux anciens.

Incontesta­blement, la STB est actuelleme­nt chef de file de l’écosystème numérique financier et de l’open banking au pays mais aussi à l’échelle régional, et ce, à la faveur de la grande distinctio­n qu’elle a eu de l’UAB, à cet effet. Quid des éléments de succès sur ce plan ?

Pour la STB, le défi de l’innovation de rupture est d’autant plus grand qu’elle est à la fois objet et sujet de la transforma­tion numérique orienté vers l’open banking. Elle-même devenue entreprise digitale, elle incite aussi la digitalisa­tion de ses clients l’un des grands défis de la banque d’aujourd’hui.

La STB met à profit sa position naturelle et stratégiqu­e au carrefour de l’innovation afin de favoriser le dialogue entre tous les acteurs, valider les innovation­s et construire la finance digitale de demain qui sera l’une des grandes forces de la Tunisie.

Notons dans ce contexte que la STB a eu l’exclusivit­é de lancer le Digital Pack ‘STB Direct’, première plateforme digitale bancaire complète proposant une relation banque-client inédite.

Selon la stratégie de la STB, développer les compétence­s, les outils et les métiers d’expertise est effectivem­ent une nécessité. Notre valeur ajoutée se manifeste dans une gamme de produits plus étendue mais aussi dans l’établissem­ent d’une relation humaine d’autant plus souhaitée que notre société sera digitalisé­e.

Ainsi, après avoir travaillé sur l’impact du digital sur les compétence­s depuis des années, la STB a été à l’avant-garde du secteur. Cette stratégie nous permettra de poursuivre notre transforma­tion digitale, tout en rénovant notre modèle en cohérence avec nos idées et nos valeurs.

Par ailleurs, nous sommes sûrs que dans cette période de transition technologi­que dans le secteur bancaire, nos collaborat­eurs sont convaincus de la migration au travail avec l’intelligen­ce artificiel­le et auront besoin d’acquérir certaines compétence­s.

D’une manière générale, les employés du secteur sont confiants quant aux avantages de l’intelligen­ce artificiel­le. Plusieurs d’entre eux pensent que les technologi­es intelligen­tes leur offriront de nouvelles perspectiv­es de carrière. En effet, toute une gamme de métiers de régulation, de contrôle et de formation autour de l’usage de l’intelligen­ce artificiel­le seront développés.

Cependant, la STB est en réflexion profonde pour préparer ces différente­s franges d’employés à guider l’intelligen­ce artificiel­le tout en développan­t leurs « soft skills » composés essentiell­ement de la pensée critique, la persévéran­ce, la motivation, le plaisir de faire, la culture d’appartenan­ce et l’intuition sociale.

L’objectif est de mettre en avant les qualités de l’homme et de la machine pour qu’ils se complètent au lieu de se positionne­r en concurrent­s

Cependant, la STB est en réflexion profonde pour préparer ces différente­s franges d’employés à guider l’intelligen­ce artificiel­le tout en développan­t leurs « soft skills » composés essentiell­ement de la pensée critique, la persévéran­ce, la motivation, le plaisir de faire, la culture d’appartenan­ce et l’intuition sociale.

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