Tunis Ré a le vent en poupe
Tunis Ré est le réassureur portedrapeau. Introduit en Bourse en 2010, la société a eu le mérite d’augmenter son capital deux fois en le portant à 100 MTND dans un contexte de marché très difficile. Cela lui a permis de soutenir les assureurs locaux qui ont pu bénéficier d’une couverture contre les risques en dinar à un moment de dégradation de la monnaie nationale.
Rayonnement régional
Forte de ses 390 partenaires dans 54 pays, Tunis Ré a réalisé une bonne année 2018. Le chiffre d’affaires s’est élevé à 142,037 MTND, en progression de 17% en rythme annuel et dépassant de loin l’évolution des assureurs. Sur la période 2015-18, la croissance annuelle moyenne est à deux chiffres, à 12,2%. Ce volume se répartit sur deux branches : la réassurance conventionnelle classique (127,716 MTND) et la réassurance islamique ReTakaful (14,321 MTND). Le premier segment a progressé de 10,6% en moyenne sur la période 2015-18 contre 29,6% pour le deuxième. Il y a donc une excellente progression pour le business conforme à la Chariâa, en ligne avec le développement des banques islamiques, du Takeful et de l’Ijara.
En tant que réassureur, Tunis Ré a par défaut un chiffre d’affaires international. Le business tunisien ne représente que 46% de son top line. Les pays Arabes et Maghreb contribuent à hauteur de 34% (49,504 MTND) contre 12% pour l’Afrique (17,250 MTND) et 7% pour l’Asie (9,974 MTND).
Par branche, la branche Incendie représente près de 43% du chiffre d’affaires, loin devant les risques techniques qui ne contribuent qu’à hauteur de 16%.
Les performances techniques au rendez-vous
L’exercice 2018 a été particulièrement sinistré avec des sinistres de l’ordre de 124,553 MTND. Une série de sinistres majeurs a marqué l’année : le bateau
Ulysse (26,978 MTND), Tunisie Handling (6,930 MTND), les inondations du mois d’octobre (5,526 MTND), les inondations de Nabeul (4,066 MTND) et les orages du Kuwait (3,128 MTND). Malgré cela, le résultat technique s’est établi à 8,658 MTND, en hausse de 131% en rythme annuel. Le taux de rétention reste élevé à 61%, son plus haut niveau depuis 2014. Cette performance a été réalisée grâce au mix produits, avec la baisse des affaires Aviation, la progression des fonds propres qui permettent de supporter un risque plus élevé et la politique efficace de rétrocession des risques.
Par ailleurs, les produits financiers se sont établis à 24,900 MTND, soit un retour sur investissement de 6,5%. Cela a permis d’atteindre un résultat net de 17,103 MTND. Hors contributions exceptionnelles, ce résultat aurait été de 18,247 MTND.
Un début prometteur pour 2019
Jusqu’au mois de juin 2019, Tunis Ré a réalisé un chiffre d’affaires de 84,474 MTND en hausse de 17,2%. La sinistralité reste élevée et le réassurer a dû payer 42,409 MTND durant les 6 premiers mois de l’année. Néanmoins, et grâce à la politique de rétrocession, la compagnie a pu récupérer 20,379 MTND. Les produits de placement continuent leur tendance positive à 11,344 MTND.
Mais le facteur qui a lourdement pesé sur les performances techniques, ce sont les pertes de change qui se sont établies à 7,750 MTND durant le premier semestre. Le résultat technique Non-Vie a donc fortement reculé à 0,515 MTND. Malheureusement, c’est le prix de la présence internationale.
Cette baisse n’est pas inquiétante puisque l’activité continue à se développer. La société table sur une amélioration de ses résultats au cours du deuxième semestre et sur un dividende stable par rapport à l’année 2018.
Bilan solide
La solidité financière de Tunis Ré est confirmée par des provisions techniques de 305,655 MTND fin 2018 (344,256 MTND en juin 2019), largement couvertes par des placements de 383,270 MTND (366,263 MTND en juin 2019). La solvabilité s’est établie à un niveau extrêmement confortable de 233%. Cela explique l’excellente appréciation de la part des agences de rating. A.M. Best lui accorde la note internationale de « B+ Good » et Fitch Ratings une note domestique de « AA- (Tun) » avec des perspectives stables dans les deux cas.
Tunis Ré a donc un bilan solide et de belles perspectives devant elle. Nous pensons qu’une nouvelle augmentation de capital dans les prochaines années pourrait mieux accompagner cette croissance d’activité. Idéalement, ce serait un investisseur technique étranger. Le cadre réglementaire actuel, loin des exigences de Solvency II, ne facilite pas cela. D’ici là, solliciter le marché local serait la solution