Un Pacte pour la compétitivité et l'équité sociale
Le Conseil d’Analyses Economiques (CAE) a ainsi organisé, en début de ce mois, une rencontre pour présenter et débattre du projet de Pacte pour la Compétitivité Economique et l’Equité Sociale à horizon 2025, centré sur le secteur industriel. Cette proposition se veut être une contribution à la recherche et à l'adoption des mesures adéquates en vue de stopper ce processus de désindustrialisation du pays.
Avancer que l'économie tunisienne est dans la tourmente et qu'elle fait face à une grave crise résonne aujourd'hui comme un leitmotiv: les entreprises tunisiennes sont handicapées par une compétitivité dégradée depuis bientôt dix ans, les investissements se raréfient, des jeunes qualifiés diplômés ou non cherchent à quitter le pays, une monnaie instable, des taux de financement des PME dissuasifs, des pertes de marchés.
Un processus de désindustrialisation engagé
La Tunisie exportait en 2011, en valeur absolue, vers l’Europe, 9,5 millions d’euros et le Maroc 7,8 millions d’euros. Après 8 ans, le Maroc a plus que doublé ses exportations qui atteignent actuellement 16 millions d’euros alors que nous sommes encore entre 8,5 et 10 millions d’euros, selon Eurostat.
Le pays a enregistré un taux de croissance moyen de 1,6 % de 2011 à 2018 contre 4,4 % de 2000 à 2010 soit une perte de 2,8 % / an sur les huit années passées, soit une perte cumulée d’un PIB annuel moyen sur la période de 76 Milliards de dinars, un chômage resté élevé surtout chez les jeunes et un investissement qui de 25.6 % en 2010 est tombé à 18,5% en 2018. A cela s’ajoute un recul de l’industrie manufacturière, une baisse en volume de l’export et une baisse des déclarations d’investissement.
Selon Afif Chelbi, président du CAE, les expériences internationales de transition démocratique montrent que si la liberté n’a pas de prix, elle a néanmoins un coût.
Aussi, c’est de la capacité des pays à résorber ce coût, en retrouvant le chemin de la croissance dans un délai raisonnable, que dépend la réussite ou l’échec de ces transitions.
Ce n’est, pour l’instant, pas le cas pour la Tunisie, souligne-t-il, qui depuis près de 9 ans se trouve encore au creux de la «courbe en J», dépassant les délais raisonnables avec le risque, si cela perdurait, de grever toute possibilité de reprise.
Il devient donc de la première urgence de restaurer la compétitivité de nos entreprises, de redresser l'industrie tunisienne, de retrouver le chemin d'une croissance soutenue et de favoriser la création d'emplois qui peine à résorber les déficits accumulés.
Restaurer cette compétitivité à la fois du pays Tunisie comme de l'entreprise devient l'affaire de tous, de toutes les parties concernées, publiques comme privées, chacune prenant la part de responsabilité qui lui revient.
Un plan de relance
Le Conseil d’Analyses Economiques (CAE) a ainsi organisé, en début de ce mois, une rencontre pour présenter et débattre du projet de Pacte pour la Compétitivité Economique et l’Equité Sociale à horizon 2025, centré sur le secteur industriel. Cette proposition se veut être une contribution à la recherche et à l'adoption des mesures adéquates en vue de stopper ce processus de désindustrialisation du pays.
Le Pacte pour la compétitivité économique et l’équité sociale1 (http://www.cae.gov. tn/wp-content/uploads/2019/10/PACTE. pdf), s'est donc focalisé sur le secteur industriel, objet de cette journée ainsi que
les vingt Pactes sectoriels de compétitivité proposés avec pour ambition clé l’amorce d'une nouvelle politique économique tout en oeuvrant vers plus d’équité sociale, et ce, dans un cadre participatif de partenariat entre pouvoirs publics et partenaires sociaux illustrant la «République contractuelle».
Le Pacte de compétitivité, présenté par Mounir Ghazali, Associé EY, objet de cette journée d’études, vise ainsi à contractualiser les engagements réciproques de toutes les parties prenantes en vue d’assurer une mobilisation nationale autour d’objectifs arrêtés par le scénario de croissance élaboré par le Conseil d’Analyses Economiques et sa vision de la Tunisie à l’horizon 2025.
Des objectifs déclinés, des mesures et des engagements préconisés
Pour cette période, le gouvernement s’engage à promulguer des lois et des mesures, alors que les parties sociales s’engagent dans des objectifs de développement, d’investissement et de paix sociale à travers un plan entre l’entreprise et les employés.
Ce Pacte est un procédé devant concrétiser ce plan, (L’année passée, le CAE
a présenté un plan de relance comprenant 100 propositions pour développer l’économie) à travers sa mise en place. Il doit être signé par les trois parties : le gouvernement ainsi que les deux centrales, syndicale (UGTT) et patronale (UTICA).
Cinq objectifs principaux ont été assignés aux pactes pour être réalisés d'ici à 2025 (voir encadré ci-contre).
Pour atteindre les 4,5 % de croissance en 2025, il faudra ainsi :
• Doubler les exportations et les investissements
• Tripler les investissements privés et les investissements industriels.
Pour une relance imminente de l'économie
53 mesures devront être prises par l'Etat ainsi que 34 engagements des partenaires sociaux afin de mener à bien cette quête de relance. Le Conseil d'analyses économiques indique que le coût des mesures se trouve dans les limites des contraintes budgétaires.
Toutefois, ces mesures ne seront pas sans effet sur les finances publiques.