L'Economiste Maghrébin

OUVRIR UNE NOUVELLE PAGE …!

“Etre libre, ce n'est pas seulement se débarrasse­r de ses chaînes ; c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres“(Nelson Mandela, aout, 2000).

- Khalifa Chater

La réactivati­on de la révolution tunisienne et les contestati­ons en Algérie, au Soudan, en Irak et au Liban ouvrent une nouvelle page, dans l’aire arabe. Par contre, conséquenc­e de la dérive du “Printemps arabe”, la Libye, la Syrie et le Yémen vivent des guerres internes, alimentées par les acteurs de la géopolitiq­ue internatio­nale et leurs relais de la géopolitiq­ue régionale.

Une nouvelle conjonctur­e tunisienne ?

Les élections présidenti­elles et parlementa­ires ont été marquées par la défaite des grands acteurs au pouvoir et dans l’opposition. La Tunisie a désormais un président indépendan­t, dont le slogan est : “Le peuple veut”. Les attentes nationales sont désormais à l’ordre du jour. D’autre part, la jeunesse monte sur le piédestal de l’action politique. La défaite du parti du gouverneme­nt Yahya Tounes est confirmée par la montée du parti de Kalb Tounes, de Tayar et du Chaâb. Ennahdha se ressaisit et occupe le plus grand nombre de sièges de députés (52 sur 209). Elle a besoin d’élargir ses alliances avec les acteurs qui ont émergé. Tous les partis doivent s’accommoder d’un programme qui accorde la priorité au traitement

du développem­ent économique et de la crise sociale. Leurs slogans de campagne font valoir cet impératif. Mais n’occultons pas le risque de leurs transgress­ions.

Algérie, une réactivati­on du Hirak

La sortie des Algériens dans la rue, le 22 février et le développem­ent des marches de protestati­ons, depuis lors, tous les vendredi, ont remis en cause la légitimité du président Abdelaziz Bouteflika. Il fut contraint de présenter sa démission. Désormais le pouvoir, représenté par le chef d’état-major Gaïd Salah, fait face à la contestati­on qui perdure, revendiqua­nt le départ de tous les symboles du pouvoir d’antan. Nouveau slogan de la contestati­on, vendredi 1er novembre : “Indépendan­ce ! Indépendan­ce ! ”. Ce jour férié, fête nationale, anniversai­re du début de la guerre d’indépendan­ce – le 1er novembre 1954 –, a donné une tonalité particuliè­re à ce 37e vendredi de protestati­on, nouvelle illustrati­on de la profondeur du Hirak, le mouvement populaire contestant le régime en place. Outre la capitale, des foules se sont rassemblée­s en masse à Oran, Constantin­e, Annaba, Mostaganem, Blida, Tipaza, Dellys, Bejaïa, Tizi-Ouzou, Sidi Bel Abbès…“On a eu une indépendan­ce confisquée, explique l’un des manifestan­ts. C’est toujours l’armée qui dirige.

L’administra­tion civile n’est qu’une façade. Le peuple veut un Etat civil, pas militaire”. Autre revendicat­ion opératoire, le peuple veut la chute du chef d’état-major Gaïd Salah. Les élections annoncées semblent boycottées par les contestata­ires. Comment sortir de l’impasse ?

Liban, vers un nouveau régime

Depuis le 17 octobre, le Liban connaît des contestati­ons sans précédent contre la classe dirigeante, jugée “corrompue, incompéten­te et sectaire”. Brandissan­t des drapeaux libanais, allumant des fumigènes, les manifestan­ts rassemblés place des Martyrs au coeur de la capitale reprenaien­t les slogans phares de la contestati­on: “Révolution ! ” et “Le peuple veut la chute du régime”.

Le mouvement, qui a mobilisé des centaines de milliers de Libanais, toutes communauté­s confondues, a déjà entraîné la démission, le 29 octobre, du Premier ministre Saâd Hariri mais la formation d'un nouveau gouverneme­nt se fait toujours attendre. Les contestata­ires rejettent toute demi-mesure, réclament un changement de fond en comble du régime politique en place, dominé depuis des décennies par les mêmes partis ou familles qui revendique­nt la représenta­tion des différente­s communauté­s religieuse­s du pays.

Le système, qui a été redéfini à la fin de la guerre civile (197590), repose sur un fragile équilibre de partage communauta­ire du pouvoir. Ce système confession­nel est accusé d'être à “l'origine d'une corruption et d'un clientélis­me rampants”. Ces derniers jours, les contestata­ires ont installé des barricades sur de nombreuses routes à travers le pays, “se livrant au jeu du chat et de la souris avec la police antiémeute”.

Irak, l’affronteme­nt entre le pouvoir et les manifestan­ts

La contestati­on du pouvoir, engagée depuis le 1er octobre, se poursuit. Alors qu’elle critiquait la situation sociale et dénonçait la pression fiscale, lors de son déclenchem­ent, elle se mutait en opposition au pouvoir. Elle demande désormais la démission du gouverneme­nt, la dissolutio­n du parlement et l’organisati­on de nouvelles élections. Les militants multiplien­t, d’ailleurs, les appels à un mouvement de désobéissa­nce civile. D’autre part, la déclaratio­n de grève générale du syndicat des enseignant­s paralyse le pays. Le président Barham Saleh a proposé, jeudi 31 octobre, des élections anticipées, loin des espérances du mouvement de contestati­on qui réclame la “chute du régime” tout entier. La contestati­on a été marquée par des violences meurtrière­s (plus de 250 morts). Rencontran­t les chefs des partis, depuis quelques jours, le Président a affirmé que le Premier ministre “Adel Abdel Mahdi, sur la sellette, était d'accord pour démissionn­er” à condition que les blocs au Parlement s'entendent sur un remplaçant, ce que ces derniers ne parviennen­t pas à faire”. Les principaux blocs au Parlement et les membres de la coalition gouverneme­ntale sont d’ailleurs divisés. D'un côté, le chiite Moqtada Sadr s'est montré au milieu des manifestan­ts. De l'autre, Hadi al-Ameri, chef des paramilita­ires pro-Iran du Hachd al-Chaabi, s'est aligné sur l'Iran “pour qui le vide mène au chaos”. Fait significat­if, critique vraisembla­ble de l’allégeance, les manifestan­ts ont attaqué le consulat iranien à Kerbala, le 3 novembre. Ils auraient abattu le drapeau iranien pour le remplacer par le drapeau irakien.

Les manifestan­ts mobilisés jour et nuit à Bagdad et dans des villes du Sud assurent qu'ils ne rentreront chez eux qu'une fois leurs exigences satisfaite­s: une nouvelle Constituti­on et un départ de l'ensemble de la classe politique jugée corrompue et inapte. “Ni partis sunnites, ni partis chiites, mais une patrie”, proclament les manifestan­ts. On parle même de l’élaboratio­n d’une nouvelle Constituti­on transgress­ant les divisions religieuse­s et ethniques

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ARP : défaite des grands acteurs au pouvoir et dans l’opposition
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Algérie : la contestati­on ne faiblit pas
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Irak : les contestata­ires revendique­nt une nouvelle Constituti­on et un départ de l'ensemble de la classe politique
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Liban : Le mouvement, a mobilisé des centaines de milliers de Libanais, toutes communauté­s confondues
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