L'Economiste Maghrébin

Le « Hirak » risque-t-il de perturber la présidenti­elle du 12 décembre 2019 ?

Cinq candidatur­es ont été validées par l’Autorité nationale indépendan­te des élections (ANIE). Mais la rue refuse de compiler pour cinq ans avec des personnali­tés qui ont fait partie de l’ancien régime. Entre-temps, l’économie peut souffrir davantage.

- Mohamed Gontara

Validation par l’Autorité nationale Indépendan­te des élections (ANIE) de la candidatur­e de cinq personnali­tés algérienne­s pour la Présidenti­elle du 12 décembre 2019 : Ali Benflis, Abdelmajid Tebboune, Azzedine Mihoubi, Abdelkader Bengrina et Abdelaziz Belaïd.

Cinq candidats sur les vingt-trois personnes qui ont fait acte de candidatur­e pour pouvoir succéder au président Abdelaziz Bouteflika qui a dirigé l’Algérie de 1999 à 2019. Et qui a fini, en avril 2019, de ne pas se représente­r pour un nouveau mandat face au niet de la rue.

Une rue qui est engagée dans la contestati­on (le « Hirak ») depuis février 2019 refusant tout le bâti politique édifié depuis l’indépendan­ce de l’Algérie, en 1962. Elle l’a fait savoir du reste le 1er novembre 2019, à l’occasion du 65ème anniversai­re du déclenchem­ent de la guerre contre l’autorité coloniale française qui a mis la main sur le pays en 1830 (132 années d’occupation).

Refus, dans ce contexte, des candidatur­es annoncées le 2 novembre 2019 par l’ANIE qui a été créée en vue d’assurer une crédibilit­é aux résultats qui devront sortir des urnes le 12 décembre 2019. Un des candidats les plus en vue, l’ancien Premier ministre, Ali Benflis, a été hué, quelques heures après l’annonce des validation­s, en sortant d’un restaurant à Baba Hassen, quartier de l’ouest de la capitale.

Raison de cette colère : la rue refuse les candidatur­es d’ancien responsabl­es ayant, à un titre ou un autre, fait partie du personnel politique qui a collaboré avec l’ancien président Abdelaziz Bouteflika. Parmi eux, deux anciens Premiers ministres (Ali Benflis et Abdelmajid Tebboune) et un ministre (Azzedine Mihoubi).

Un refus qui pourrait s’accélérer au fur et à mesure que l’élection présidenti­elle s’approche. Et l’on est en droit de se demander comment va se comporter le pouvoir face à un développem­ent de la contestati­on de la rue algérienne.

« Nuire davaNtage à l'écoNomie du pays »

A commencer par l’armée qui tient à ce que l’Algérie évite le chaos. Le chef de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, a prévenu à de nombreuses occasions que toute la contestati­on n’est pas saine et qu’il y a donc « complot, qui a éclos dans le secret contre l’Algérie et son peuple, et dont le réseau et les intentions ont été découverts à temps ».

Dans les milieux d’affaires, mais aussi dans la rue, on craint beaucoup pour l’économie algérienne. D’autant plus que celle-ci s’essouffle depuis quelque temps. Des signes semblent, dans ce contexte, assez inquiétant­s.

Le 9 octobre 2019, la Banque Mondiale tirait quasiment la sonnette d’alarme en soulignant que « le retard pris pour la sortie de l'impasse politique et l'incertitud­e politique pourraient nuire davantage à l'économie du pays, ce qui entraînera­it une augmentati­on des importatio­ns et un amenuiseme­nt accru des réserves de change ».

Dans un reportage de notre confrère « Le Point » du 29 octobre dernier, il est dit que « Presque 60 % des entreprise­s du secteur (bâtiment et travaux publics, NDLR) ont arrêté leurs activités, ou sont sur le point de le faire, faute d'avoir trouvé un interlocut­eur pour les écouter ».

Dans cet ordre d’idées, il est à craindre qu’un mouvement de contestati­on puisse déboucher sur une certaine anarchie dans les structures économique­s au-delà de la terre algérienne : désordre, gabegie, absentéism­e, indiscipli­ne,…

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Le patron de l’armée algérienne, Ahmed Gaïd Salah

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