L'Economiste Maghrébin

Comment valoriser les eaux usées traitées en Tunisie ?

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Les eaux usées traitées pourraient être la solution pour pallier l’écart croissant entre l’offre et la demande en eau en Tunisie.

Pourtant, leur valorisati­on, bien que placée comme axe essentiel dans la mobilisati­on des eaux non convention­nelles, a vu sa progressio­n considérab­lement ralentie. Plus de 75 % de ces eaux sont rejetés dans le milieu (directemen­t ou via des émissaires) et entrent à nouveau dans le cycle hydrologiq­ue ainsi que les eaux usées non-traitées en provenance des communes non raccordées, selon le rapport national du secteur de l’eau (2017).

Pour débattre des problémati­ques de la filière, dans un contexte de changement climatique et de rareté des ressources en eau, la société “Univers Expo” a organisé, en collaborat­ion avec “Biaa News”, le premier Salon internatio­nal de valorisati­on des eaux non convention­nelles et traitement des eaux, du 20 au 22 novembre 2019, au siège de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), à Tunis.

En effet, le potentiel des eaux usées traitées est estimé, en Tunisie, à 270 millions m3. Leur exploitati­on pourrait compenser les coûts liés à leur traitement. Mais, en Tunisie, le prix du m3 n’a pas évolué depuis 1998 (20 millimes/m3), alors que le coût moyen de traitement varie entre 70 et 280 millimes, selon le rapport national sur le secteur de l’eau 2017.

Ce faible coût de cette ressource non convention­nelle n’a pas, pourtant, encouragé son utilisatio­n, même dans le secteur de l’agricultur­e, qui absorbe plus de 80% des ressources en eau du pays.

Aussi, parmi les grands problèmes rencontrés dans ce secteur figurent ceux liés à la réhabilita­tion et au renouvelle­ment des installati­ons. Les entreprise­s nationales évoquent des contrainte­s financière­s qui limitent les investisse­ments de renouvelle­ment.

“La qualité des services offerts en assainisse­ment risque d’en pâtir dans les années futures, si les moyens d’y remédier ne sont pas mis en place”, prévient le rapport précité.

Les pouvoirs publics avaient déjà lancé plusieurs projets de valorisati­on des eaux non convention­nelles (eaux usées traitées, eaux de drainage, eaux dessalées et recharge artificiel­le des nappes) dans le but de promouvoir l’utilisatio­n dans l’agricultur­e, dans l’industrie et autres.

Mais le niveau de réutilisat­ion de cette importante ressource demeure très faible. Le peu d’eau usée traitée est utilisé, paradoxale­ment, pour l’irrigation dans les gouvernora­ts du nord, qui représente­nt les régions du pays les mieux arrosées.

En plus, l’Etat n’autorise que peu de cultures à exploiter les eaux traitées dans l’irrigation, ce qui rend peu rentable leur utilisatio­n dans l’agricultur­e

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