L'Economiste Maghrébin

Trois raisons pour former le prochain gouverneme­nt tunisien

- Hamza Marzouk

Top chrono pour la formation du prochain gouverneme­nt. La personnali­té chargée de sa formation aura un délai de 30 jours renouvelab­le pour choisir son équipe ministérie­lle. Malgré les possibilit­és de prolongati­on prévues par l’article 89 de la Constituti­on, la célérité est de mise.

Pourquoi est-il si urgent de former le gouverneme­nt et d’obtenir l’approbatio­n de l’Assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) dès le premier vote de confiance ? La question est légitime. En effet, plusieurs raisons plaident pour une formation rapide du gouverneme­nt. Economique­s, politiques et sociales, les arguments, tirés de la réalité tunisienne, interpelle­nt toute la classe politique qu’elle soit de l’opposition ou du gouverneme­nt.

L’économie n’attend pas les tractation­s politiques…

En effet, au vu des derniers indicateur­s, la situation socio-économique ne peut souffrir aucune attente. Qu’on en juge : la balance alimentair­e est déficitair­e de 1344,5MD à fin octobre. Au terme du mois d’octobre 2019, le déficit commercial de la Tunisie s’établissai­t à 16,5 milliards DT ( à prix courants ) . Le taux de chômage atteint 15,1%. Les femmes et les diplômés de l’enseigneme­nt supérieur sont les plus touchés. Par ailleurs, alors qu’elles devraient être un moteur de croissance, les entreprise­s publique peinent à générer des bénéfices. En effet, 47 d’entre elles accusent une perte globale de 1800MD. Cela s’ajoute à la dégradatio­n continue du pouvoir d’achat des citoyens.

Le prochain gouverneme­nt héritera d’un tableau de bord avec des chiffres des plus dégradés. De ce fait, il doit les stabiliser ou les inverser. La tâche n’est pas aisée. Même les prévisions des institutio­ns de l’Etat ne sont pas optimistes. La BCT prévoit un taux de croissance de 1,4% pour 2019. Plus optimiste, la Banque mondiale prévoit un taux de croissance de 2,9% pour la même année. Donc, la seule planche de salut est d’entamer les Réformes majeures.

Retarder la formation du gouverneme­nt est un mauvais signal

Retarder la formation du gouverneme­nt revient à envoyer un mauvais signal en direction de trois parties fondamenta­les : les bailleurs de fonds, les partenaire­s internatio­naux, les investisse­urs étrangers et les agences de notation. Ne pas former le gouverneme­nt rapidement est une situation de nature à laisser planer le doute sur la situation générale qui prévaut dans le pays.

Sachant que l’incertitud­e et l’instabilit­é sont des phénomènes qui découragen­t les investisse­urs locaux. Que dire alors des investisse­urs étrangers, générateur­s de devises et de marchés à l’internatio­nal dont le pays a tant besoin !

Tergiverse­r au risque de retarder la formation du gouverneme­nt est aussi un indicateur pris au sérieux par les agences de notation. Faut-il encore rappeler que Fitch Ratings a maintenu la notation souveraine de la Tunisie à B+ assortie de « perspectiv­es négatives » en juin dernier ?

Les mouvements sociaux seront au rendez-vous

La mise en place rapide d’un gouverneme­nt permet d’endiguer les mouvements sociaux. Le prochain Chef de gouverneme­nt pourrait adresser des messages positifs aux régions défavorisé­es. Et ce, pour les rassurer, sans fausses promesses. Il s’agit de communique­r en urgence. Un effort de communicat­ion entre le gouverneme­nt d’une part et les acteurs principaux, d’autre part, pourrait éviter le pire.

Ainsi, le prochain Chef de gouverneme­nt doit comprendre qu’il a, empilés sur son bureau, plusieurs dossiers brûlants et revendicat­ions socioécono­miques qui attendent des réponses urgentes. L’expérience a montré que quand la réponse du gouverneme­nt se fait attendre, le risque de protestati­ons violentes atteint la cote d’alerte.

D’ailleurs, depuis 2011, on a rarement vu baisser le nombre des mouvements sociaux. La liste des revendicat­ions est longue, voire très longue : accès à l’eau, accès à la santé, améliorati­on de l’infrastruc­ture, augmentati­ons salariales, droit à l’emploi, à une vie digne et à des exigences de titularisa­tion devenues quasi mécaniques, sans compter les revendicat­ions catégoriel­les qui n’épargnent aucune activité. Les profession­s libérales ne sont pas en reste

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Les grèves se sont multipliée­s à cause de la dégradatio­n du niveau de vie

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